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Citation de jbicrel


Dans la cour, l’enseignante s’assoit sur un muret et observe le groupe d’élèves. S’ils partagent tous un caractère identifié qui les a réunis à L’Embellie comme des compagnons d’infortune, la diversité de leurs tempéraments et de leurs aptitudes troublerait ceux qui veulent établir des généralités. Il n’y a pas de généralité, aucune personne n’est déterminée par son code génétique, quel qu’il soit, son histoire s’écrit et continue de la créer. Grégoire est silencieux et indépendant. Il n’a en tête qu’une seule idée : trouver un travail et vivre chez lui, peut-être en colocation, pourquoi pas, il faudrait inventer quelque chose. Il parle peu et écoute beaucoup. Au-delà de ses difficultés, on perçoit au fond de son œil l’éclat d’une perspicacité. Derrière ce visage stigmatisé vibre une personnalité que le handicap ne dépouille pas de sa luxuriance. Certainement il est observateur. Il est doux aussi. Sa réserve se révèle être une délicatesse, il possède la politesse du cœur. Arthur, au contraire, a besoin à la fois de parler et d’être entouré, parce qu’il est fier et meurtri, fragilisé par ses aspirations. Il souffre d’être comme il est, enfermé dans quelque chose qui résistera toujours, une forme inexorable de son être qu’il voudrait briser, piétiner par terre, pour renaître. Mais il sait qu’on ne renaît pas, c’est insupportable. Il se met facilement en colère contre ceux qui ne voient que sa forme et oublient son élan. Il entend établir le contact sur un pied d’égalité. Claire éprouve pour lui une grande estime en même temps que de la compassion, c’est une conjonction inhabituelle de sentiments. Ils me font vivre des émotions rares, raconte-t-elle à son mari, et c’est à Arthur en particulier qu’elle pense. Martin est en grande difficulté, certains jours il est presque prostré. Alicia est timorée alors même qu’elle est, de tous, la plus adaptée à une scolarité classique. Dommage que ses parents ne se soient pas plus engagés pour la maintenir en milieu ordinaire, ici elle ne progresse pas plus que ceux qui sont empêchés, regrette Claire. Louise et Lucie sont joyeuses et pimpantes, expansives, mais l’une est combative quand l’autre est soumise. Il faut se bagarrer, répète Louise, et cela fait rire son amie qui a simplement envie de se sentir bien où elle est. Pour se sentir bien, il faut justement batailler, explique Louise. Plus tard elle veut faire de la politique
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