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EAN : 9782330176235
320 pages
Actes Sud (01/03/2023)
3.71/5   361 notes
Résumé :
Claire enseigne à L’Embellie, établissement associatif où l’on tente de mettre sur les rails de la vie active des jeunes gens en grande difficulté. Elle s’épanouit au contact de ces élèves sans filtre, dont le cœur est l’organe dominant. Elle a cela en commun avec eux. Et c’est ainsi qu’à la rentrée 2018, avec l’arrivée dans sa classe du jeune Gabriel Noblet, Claire "tombe dans une histoire" aux conséquences irréparables.

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Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 361 notes
Claire Bodin n'imagine pas que ces parents brûlés, cette directrice vipérine, ces collègues lassés pourraient ensemble lui faire du mal. Comment l'imaginer quand on est sûr de ne pas le mériter ?”
L'Embellie, établissement médico-professionnel accueille des ados en difficulté, trisomiques, entre quatorze et vingt ans. Et c'est là qu'arrive le jeune Gabriel Noblet , un lundi 13 septembre dans la classe de Claire Bodin, enseignante en secrétariat et bureaucratique, qu'il rencontre pour la première fois….À l'Embellie les priorités sont accueillir, aider, ne pas juger, inclure, dans lesquelles s'y retrouve Claire. Pourtant ces priorités disparaissent dans le maelström de parents et enseignants qui sont loin de comprendre ces ados, ne vivant pas dans le même monde qu'eux. Alors que pour Claire ces ados élargissent la perspective sur la condition d'homme, pour les parents ils sont source de souffrance, une souffrance qu'ici va inévitablement engendrer la méchanceté, l'inimaginable ….

Ferney attaque ici un sujet compliqué et douloureux partant de faits réels. Claire est-elle responsable des faits ? Difficile de prendre parti tant les angles de vus sur le sujet peuvent être différents tout en ne se contredisant pas. En faites elle n'a pas de compétences pour enseigner à des enfants trisomiques à part une formation de six mois à l'initiative de l'établissement, ce qui est à mon avis insuffisant. Mais son bon sens, son intelligence et son grand coeur, la rend soucieuse de la liberté et du bonheur de ces enfants sous le joug de notre société standardisée et normative, bureaucratique et oppressante. Pourtant son approche si humain va la mettre dans le pétrin, justement à cause de son incompétence concernant les enfants handicapés, surtout qu'ici il s'agit d'un ado de dix-sept ans. Et franchement , je n'ai pas été vraiment surpris par l'accusation de la mère de l'ado, « on ne les touche ni physiquement, ni sentimentalement. », surtout que par la suite il s'avère qu'effectivement il aurait mieux valu qu'on ne le touche pas. Car l'affection , l'amour ces enfants devraient le recevoir dans la famille, l'école pourrait être éventuellement complémentaire mais dans un cadre plus compétent je suppose. D'un autre côté les réactions de la direction de l'établissement et ce qu'elle exigera de Claire sont aussi exagérés voir ridicules et insensés, comme la condamner à une expertise psychiatrique de quelques séances qui n'a aucune valeur juridique ,n'étant qu'un avis non une preuve.
Le portrait robotique de Claire que dresse Ferney complique encore plus l'approche du lecteur , lectrice à l'événement. Mère parfaite, épouse parfaite, enseignante parfaite, personnage civile parfait, “Elle a toujours eu un bon contact, en général les gens l'adorent,”, ….trouvez l'intrus 😁, puisque malgré cette perfection surestimant le pouvoir de son innocence elle ne tiendra pas la route pour finalement n'attirant ni empathie ni sympathie , du moins pour moi. Comme couple aussi ,Claire et son mari sont parfait , « La confiance est la base du fonctionnement de toute société, ils ne le formulent pas, mais sans y penser, le pratiquent : ils sont spontanément en confiance…… Puisqu'ils ne font rien de mal, ils se sentent absolument en sécurité. ». Ils semblent vivre dans une bulle, un idéalisme naïf vu que la confiance se perd vite en route dans l'état actuel de nos sociétés qui fait rage sur les réseaux sociaux. Car dans notre monde actuel, ni chercher la vérité , ni l'honnêteté ,ni la confiance n'ont d'importance , accuser , agresser, trouver un coupable et le lancer en pâture dans la horde est souvent le but.
Et il y a la Loi, qui souvent transgresse notre logique . Un bon avocat avec un bon plaidoyer et en absence de preuves tangibles peut sauver le pire des criminels, alors qu'un innocent peut être condamné faute de plaidoyer convaincant et de preuves tangibles, et hélas c'en est le cas ici ! Et Claire fera la difficile pour finalement s'en rendre compte….

Le dernier Ferney est intéressant, elle dissèque chaque fait à chaque étape, le choix des mots ici d'une importance primordiale est scrupuleusement faites. Son point de vue concernant La Vérité qui se perd au détriment de ce qu'exigent et convient aux différents protagonistes concernés de l'histoire à part Claire est extrêmement bien développé, argumenté , donnant une idée peu glorieuse de nos sociétés occidentales soi disant civilisées, et basée sur l'Etat de Droit, “Mais que vaut sa vérité ? Dans cette affaire, tout le monde ment, …”.
Mon seul bémol est qu' ici encore l'auteure a utilisé le même style un brin didactique , froid, clinique que celui de son avant dernier livre “l'intimité” , où le sujet s'y prêtait bien. Or ici il est beaucoup plus délicat, la protagoniste est très émotionnelle et nécessite une sensibilité à fleur de peau, que le style tue, rendant les personnages peu attachants,le sujet moins émouvant et donnant à l'ensemble un brin de parfum de thriller américain sans âme, dommage. le style soft de facture classique de Grâce et Dénuement ou de la conversation amoureuse aurait été beaucoup plus adéquat pour nous raconter cette histoire douloureuse. Que mon avis bien sûr.

« Seul est le mot-clef de l'existence…..La vie offre une panoplie de situations, en voilà une, pas la plus marrante, pas la plus légère, mais peut-être la plus profonde pour mesurer son attachement à l'existence. »




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C'est un roman fort. L'héroïne Claire Bodin, enseignante auprès d'enfants handicapés mentaux tentent d'éveiller ces enfants à une future vie active. Elle a eu très peu de formation, six mois, pour s'occuper d'eux, mais Claire est quelqu'un de dynamique, aimant son rôle d'enseignante et va tout faire pour les épanouir dans la vie. Elle les aime ses élèves, donne beaucoup d'elle-même, trop sans doute et c'est ce qui va la perdre. Tout va bien, jusqu'à l'arrivée d'un nouvel élève, Gabriel Noblet. Il est mutique, ne parle pas et ne regarde que ses pieds. Peu à peu, il s'éveille auprès des autres élèves et surtout au regard bienveillant de Claire. Un matin, il ouvre ses bras, une demande d'affection auprès de son enseignante qui ne lui refuse pas et chaque matin, c'est le même rituel. Un jour, Gabriel demande son numéro de téléphone, Claire pense que ce sont ses parents qui lui demandent et lui transmet. de temps en temps Claire reçoit des sms, en lui demandant si elle l'aime, si elle pense à lui...
Claire est pourtant mariée et mère de famille d'un petit garçon de 7 ans, elle a une vie équilibrée et se partage entre ce travail à mi-temps et l'éducation de son fils. Elle semble heureuse et épanouie dans cette vie qu'elle s'est choisie. Mais au fil du roman, on sent, qu'une catastrophe va pointer le bout de son nez. La directrice de cette association, Mme Joyeux (qui porte très mal son nom) va la convoquer car les parents de Gabriel se plaignent du côté affectueux qu'elle prodigue régulièrement avec leur fils. Claire est surprise de cette convocation, mais tente d'apaiser les parents, leur rend compte que leur fils est de plus en plus épanoui dans la classe. Mais la mère, le père est complètement muet dans cet entretien, ne l'entend pas de cette oreille. La directrice, Mme Joyeux, ne se prononce pas, mais ne défend pas du tout son enseignante. Et commence l'engrenage de ce malentendu et de cette fatalité.
Je ne vous en dirai pas plus de cette histoire, même si j'ai très envie de vous la raconter...
Ce livre m'a bouleversé, je me suis vraiment mis à la place de cette enseignante, de cette femme qui travaille avec ses tripes, sa bienveillance auprès de ses jeunes élèves et qui prend vraiment son travail à coeur et pourtant qui va tomber dans une spirale de déconvenues. Face à ces deux femmes qui l'accusent d'être trop affectueuse, surtout la directrice, j'avais envie de leur dire leur quatre vérités.
Ceci est un roman mais j'ai beaucoup pensé à l'enseignante Gabrielle Russier qui avait été condamnée car les parents d'un jeune élève de 16 ans avaient porté plainte contre elle à la suite d'une liaison amoureuse. D'ailleurs, le jeune héros, s'appelle Gabriel, je pense que ce n'est pas une coïncidence, l'autrice a sans doute voulu lui rendre hommage et à même mis une citation en préface du roman, d'une des lettres de Gabrielle Russier. Si vous voulez en savoir plus sur cette histoire vraie, il y a le beau film "Mourir d'aimer" interpréter par la grande Annie Girardot.
Juste un petit bémol, la fin est ouverte, certes, mais pour moi, un peu frustrante, j'ai tellement voulu connaître la fin, happy end ou pas...

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Claire est professeur dans une association, l'Embellie, elle qui « sait presque naturellement accepter les êtres hors norme, les états de conscience à la marge, les malchanceux de toutes les loteries, qu'elles soient géographiques, sociales, génétiques. » Nous assistons aux questions qu'elle pose à ses huit élèves, les mettant en confiance, les félicitant lorsqu'ils arrivent, même en bégayant, en surmontant leurs difficultés, à s'exprimer.
Elle comprend le désespoir qu'ils ressentent d'être différents :

« Il souffre d'être comme il est, enfermé dans quelque chose qui résistera toujours, une forme inexorable de son être qu'il voudrait briser, piétiner par terre, pour renaître. Mais il sait qu'on ne renaît pas, c'est insupportable. »

Alice Ferney expose longuement toute les qualités empathiques de Claire, toute son implication, sa tendresse pour ces jeunes handicapés mentaux.
Trop longuement, d'ailleurs, répétant encore et encore les mêmes qualités.

Et nous prévient plusieurs fois, d'abord avec des considérations générales sur la suspicion qui fait que chacun peut être jugé coupable alors qu'il est innocent, ainsi que sur le drame futur que son héroïne ne soupçonne pas.
Innocente, Claire l'est, ne sachant pas se défendre, naïve, crédule, n'imaginant pas le mal ni des autres qui l'accusent, ni de ce que on lui reproche.
Elle en devient presque «  bécassotte », dit l'auteur.
Oui, par désir de bien faire, elle a accepté de prendre dans ses bras un jeune homme, et la mère la dénonce, lui reproche les « étreintes inappropriées. »
Ce livre est à la fois absolument touchant, en ce qu'il décrit comment Claire, très aimée des parents d'élèves, ne recevra pourtant aucune aide d'eux, comment la hiérarchie, la directrice en l'occurrence, ne l'appuie absolument pas et, au lieu de la conseiller, lui ordonne de consulter deux de ses amis psychiatres (pour ne pas faire de vagues, pour ne pas se voir elle-même confrontée à une plainte fort gênante, pour montrer sa complicité avec la mère, et plus que tout parce qu'elle ne partage pas avec Claire la volonté d'aimer ces pauvres petits). Une enseignante enseigne, point.
La mère, elle, crucifiée par la naissance d'un enfant qui ne sera jamais normal, n'accepte pas que l'enseignante perçoive le côté sentimental et en demande d'amour de son fils à elle. Il est à moi, se dit-elle.
Jusqu'au drame.
Et précipite les évènements que Claire subit en doutant profondément d'elle-même, honteuse et honteuse d'une honte qu'elle ressent alors qu'elle est innocente.
Livre touchant, donc, avec une analyse profonde des sentiments des uns et des autres, et pourtant il y manque, selon moi, un ressort, une flamme, une énergie : bien sûr j'ai lu en étant poussée comme dans un triller, sans trouver l'aiguillon que les thrillers me procurent.
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Il faut se méfier des noms, surtout dans les romans. L'Embellie dirigée par Mme Annick Joyeux n'annonce pas vraiment la tourmente à venir d'une de ses enseignantes, Claire Bodin, même si elle a tout pour être heureuse en ce début de roman. Il faut dire qu'elle se contente de peu, au grand dam de son entourage. Claire Bodin n'est pas vraiment le genre de personnage romanesque à la tonalité contemporaine d'une émancipation féminine ou d'une réinvention de modèle familial, au contraire, elle s'inscrit dans la plus pure tradition du siècle dernier en revendiquant son statut de femme peu impliquée dans la vie professionnelle, dépendante de son mari, heureuse d'avoir du temps à disposition pour la maison et son fils, épanouie par ses quelques heures à dispenser à l'Embellie pour aider les jeunes en grande difficulté. Elle aurait même la silhouette d'un anachronisme, avec ses accointances avec l'Église le dimanche, et sa pédagogie adepte de Pygmalion, à base de dynamisme et d'affection. Mais un anachronisme qui aurait du mal à passer dans les rouages de nos systèmes contemporains, à commencer par la direction de Mme Annick Joyeux, engoncée dans sa rigidité institutionnelle. Peut-être aussi les parents, notamment ceux de Gabriel Noblet, nouveau venu timide dans cet établissement. Peut-être même carrément pour la société en général, au cas où les choses venaient à déraper.

Attention, ce livre n'est qu'un roman. Un très bon roman. C'est à dire qu'il procure par ses éléments une illusion de réalité parfaite, il n'y aurait pour s'en convaincre qu'à imaginer ce que pourrait donner une affaire Gabrielle Russier aujourd'hui dans un monde exacerbé par les affaires de harcèlement et d'agressions sexuelles, ou se tourner vers ses histoires contemporaines de famille d'accueil déboutées par excès d'amour. Un très bon roman parce qu'il dépose aussi sa litanie de questions dans la tête du lecteur, en le poussant à la réflexion sur ce qui a bien pu faillir dans cette histoire, entre personnalités, système et époque. Quelle posture pour les éducateurs, quand la bienveillance souhaitée peut se teinter de sentiments, avec un éventuel boomerang ? Comment faire entendre et préserver le lien de co-éducation souhaité, entre familles et éducateurs ? Les familles peuvent-elles se sentir dépossédées ? Comment démêler l'innocence dans l'écheveau d'un emballement de soupçon toxique ? Quand il y a des innocents en présence, le coupable peut-il être ailleurs, dans les failles et les dérives d'un système par exemple ? Comment la chasse aux sorcières du harcèlement et des agressions sexuelles dans notre société génère-t-elle des erreurs ? Quelle place pour le coeur ?

Alice Ferney s'en est posée bien plus encore de questions, elle y a planté les piliers de sa fiction plus vraie que nature. Au long des trois cents pages de son roman, elle dissèque, scanne, explore et avance d'une plume déterminée les tenants et les aboutissants de son histoire glaçante. Elle en décortique les travers glissants par les faits et les personnalités - engluées pour certaines dans la posture rigide d'un système déviant, et enferme au compte-goutte le lecteur dans le tourbillon infernal de ses innocences piégées. Son écriture serrée, précise, se grave dans des couches sédimentées d'émotions et de sentiments, au gré des errements de son personnage principal, son innocence principalement mais aussi ses erreurs, ses petits arrangements avec la vérité ou ses négligences, tout en le tenant à distance du pathos telle une marionnettiste, et en l'enfermant peu à peu dans l'étau du piège qui se profile. Mais elle tient surtout son lecteur de bout en bout dans cette lente descente aux enfers, dans les filets d'une narration chronologique pour l'essentiel, sans fioriture ni mystère, fluide et implacable.

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« Accueillir, aider, ne pas juger, inclure, elle s'y retrouve. Les difficultés, les retards, les handicaps n'enlèvent rien au droit de mener sa vie de la façon la plus autonome possible »

« L'expérience lui a prouvé que la cordialité et la gaieté font des miracles. Les plus timides se détendent. Il faut laisser voir sa joie d'être là, comme une perche la tendre aux plus désemparés. Bien sûr l'équanimité est requise, tout mouvement d'humeur, toute colère ou emportement brise le fil de la confiance. »

L'enfer est pavé de bonnes intentions….
C'est ce que découvre Claire, professeure naïve et affectueuse, entraînée dans la spirale infernale de la suspicion et de la justice, après une série de décisions malencontreuses, prises dans l'institut pour handicapés où elle travaille.
le texte très didactique, très factuel, interroge avec beaucoup de lucidité la formation et la posture des enseignants avec des enfants différents, ainsi que la place des familles. Il analyse également clairement la psychologie et le comportement des différents protagonistes. Alice Ferney demeure plutôt neutre dans son écriture, donnant peu d'affect dans une affaire où il est (beaucoup) question d'affect. Il est donc difficile de s'attacher totalement aux différents personnages.
Mais l'histoire, basée sur des faits réels, est très intéressante. Et le récit, mené sans temps mort, se dévore.
J'ai particulièrement aimé la fin.
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critiques presse (7)
LActualite
16 mai 2023
Un roman-choc qui aborde les notions d’innocence et d’attachement avec humanité.
Lire la critique sur le site : LActualite
Dans son 13e roman, la Française Alice Ferney raconte l’histoire de deux êtres qui n’ont vraiment pas eu de chance.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeDevoir
24 avril 2023
En dépit de son biais de départ, Alice Ferney a tenté d’effacer ses présomptions du processus d’écriture afin d’envisager le point de vue et les motivations de chacun des personnages — enseignante, parents, directrice de l’école — et de mettre sur un pied d’égalité leurs possibles innocence et culpabilité.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaCroix
14 avril 2023
Inspiré de faits réels, le roman d’Alice Ferney expose une enseignante à la machine judiciaire. La suspicion et le doute ont vite fait de clouer au pilori des innocents.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Bibliobs
06 avril 2023
Après un incident avec un élève, une enseignante entre dans une spirale affolante. Dans ce roman vertigineux, l’auteure de « la Conversation amoureuse » instruit un dossier complexe avec subtilité.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
OuestFrance
30 mars 2023
Son nouveau roman, « Deux innocents », met en scène une enseignante qui se trouve injustement accusée de « gestes inappropriés » envers un élève. Une descente aux enfers qui questionne avec acuité notre époque.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LeFigaro
02 mars 2023
Un roman magnifique sur une affaire judiciaire qui met en cause une enseignante.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (109) Voir plus Ajouter une citation
L’institution ne partage pas les responsabilités, il semble exclu d’y débattre des différences de points de vue, pour les tester par exemple. Les parents sont tout-puissants. Quels que soient leurs erreurs ou leurs excès, que leurs récriminations soient légitimes ou non, la direction les entend. Ils élèvent leurs enfants comme ils le décident, L’Embellie n’a pas de leçon à leur donner, l’école ne fait que sa part du travail.
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Ces adolescents relégués à part ne devraient pas laisser notre curiosité en repos, les questions sont ce qu'ils apportent de plus précieux à notre intelligence. Peut-être ne comprenons- nous pas ce qu'ils assimilent et de quelle manière ils raisonnent, se dit-elle souvent. Sous prétexte qu'ils se montrent moins rapides, plus hésitants, peureux, leurs compétences sont déniées et leur sensibilité négligée. Cet état de fait ne dit rien d'eux mais tout de notre société : standardisée et normative, bureaucratique et oppressante (...)
( p.61)
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Dans la cour, l’enseignante s’assoit sur un muret et observe le groupe d’élèves. S’ils partagent tous un caractère identifié qui les a réunis à L’Embellie comme des compagnons d’infortune, la diversité de leurs tempéraments et de leurs aptitudes troublerait ceux qui veulent établir des généralités. Il n’y a pas de généralité, aucune personne n’est déterminée par son code génétique, quel qu’il soit, son histoire s’écrit et continue de la créer. Grégoire est silencieux et indépendant. Il n’a en tête qu’une seule idée : trouver un travail et vivre chez lui, peut-être en colocation, pourquoi pas, il faudrait inventer quelque chose. Il parle peu et écoute beaucoup. Au-delà de ses difficultés, on perçoit au fond de son œil l’éclat d’une perspicacité. Derrière ce visage stigmatisé vibre une personnalité que le handicap ne dépouille pas de sa luxuriance. Certainement il est observateur. Il est doux aussi. Sa réserve se révèle être une délicatesse, il possède la politesse du cœur. Arthur, au contraire, a besoin à la fois de parler et d’être entouré, parce qu’il est fier et meurtri, fragilisé par ses aspirations. Il souffre d’être comme il est, enfermé dans quelque chose qui résistera toujours, une forme inexorable de son être qu’il voudrait briser, piétiner par terre, pour renaître. Mais il sait qu’on ne renaît pas, c’est insupportable. Il se met facilement en colère contre ceux qui ne voient que sa forme et oublient son élan. Il entend établir le contact sur un pied d’égalité. Claire éprouve pour lui une grande estime en même temps que de la compassion, c’est une conjonction inhabituelle de sentiments. Ils me font vivre des émotions rares, raconte-t-elle à son mari, et c’est à Arthur en particulier qu’elle pense. Martin est en grande difficulté, certains jours il est presque prostré. Alicia est timorée alors même qu’elle est, de tous, la plus adaptée à une scolarité classique. Dommage que ses parents ne se soient pas plus engagés pour la maintenir en milieu ordinaire, ici elle ne progresse pas plus que ceux qui sont empêchés, regrette Claire. Louise et Lucie sont joyeuses et pimpantes, expansives, mais l’une est combative quand l’autre est soumise. Il faut se bagarrer, répète Louise, et cela fait rire son amie qui a simplement envie de se sentir bien où elle est. Pour se sentir bien, il faut justement batailler, explique Louise. Plus tard elle veut faire de la politique
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La domination et la prédation existent, mais dans un jeu qui n'est pas sans symétrie : les hommes sont attirés par la beauté, les femmes par le pouvoir et l'argent, les uns cherchent à être puissants et les autres à être belles. C'est le jeu entier qu'il faut détruire ! Et bien sûr les modes, les normes, les canons.
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C’est faire payer aux innocents d’aujourd’hui les indulgences inadmissibles qu’on a eus envers les coupables d’autrefois. Et puis la confusion l’emporte, tout est mis sur le même plan, une « attitude inappropriée » n’est pas une « agression sexuelle », un geste affectueux n’est pas un geste prédateur.
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Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/alice-ferney-deux-innocents-53711.html Depuis son premier roman en 1993, « le ventre des fées », Alice Ferney s'est discrètement mais résolument installé dans l'univers littéraire français. Depuis, chacun de ses titres est attendu par un lectorat fidèle qui apprécie à la fois les sujets qu'elle traite mais aussi la qualité de son écriture, classique, allant à l'essentiel, sans artifice et néanmoins sensible et pudique, chargée d'émotion.
La maternité, la place de la femme, la famille, l'engagement, le sentiment amoureux et ses déchirements font partie des thème de prédilection de l'auteur qui signe aussi quelques chroniques dans Le Figaro littéraire.
Avec ce 13ème titre, « Deux innocents », publié chez Actes Sud, maison à laquelle Alice Ferney est fidèle, l'auteure nous emmène en septembre 2018. C'est jour de rentrée des classes, à l'Embellie, un établissement scolaire spécialisé qui accueille des enfants en difficulté, notamment des jeunes atteint d'un handicap mental mais dont on sait aussi que le coeur est deux fois plus gros et la sensibilité est exacerbée.
Et voici Gabriel Noblet, il a 16 ans. Il est nouveau dans l'établissement. Il va intégrer la classe de Claire Bodin, qui donne des cours de bureautique à ses jeunes à qui il faut bien dessiner un avenir.
Claire Bodin est la bonté même. Mère et épouse accomplie, le sourire aux lèvres, elle cherche à faire le bien. C'est ce qu'on lui recommande chaque dimanche, à l'église où elle est assidue. Claire ne cherche pas la lumière mais si elle peut apporter du réconfort, elle est heureuse. Et face au jeune Gabriel, en manque d'attention et de repère dans cette nouvelle école, Claire va faire ce qu'elle croit être utile. Lui donner de l'affection, de la tendresse. Oui, elle va le prendre dans ses bras, oui elle va lui donner son numéro de téléphone et répondre à ses messages. Quel mal y a-t-il ? Ces enfants ont tellement besoin d'affection… Oui mais voilà, jusqu'où est-elle allée ? Et l'ensaignante qu'elle est n'a-t-elle pas été trop loin ? Bien vite, la mère du jeune Gabriel s'invente une histoire, l'histoire se transforme en rumeur, la rumeur en vague, la vague en procès. La fatalité, l'inconséquence, le malentendu deviennent un crime. Claire est alors face à la justice. Sa vie s'écroule, les failles s'entrouvrent.
Choisissant une écriture résolument clinique, froide, insistant sur les dates, les lieux, les moindres détails, Alice Ferney nous raconte cette histoire, inspiré d'un fait authentique, comme une enquête, sans pathos, de façon très factuelle. Ainsi, chaque lecteur vit l'intrigue avec son propre regard, analyse lui-même les personnages, se forge sa propre opinion, tel un juré d'assise. Et c'est glaçant.
Par les sujets qu'il traite, par la fragilité des protagonistes, embarqués dans une histoire qui les dépasse, ce roman touche au coeur, interpelle, émeut et nous redit une fois encore combien Alice Ferney est une grande romancière, combien elle sait manier les mots pour aller au coeur de son histoire.
Ce livre est un coup de coeur
« Les innocents » d'Alice Ferney est publié chez Actes Sud.
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