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3.53/5 (sur 16 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Târgu Mureș , le 18/12/1960
Biographie :

Auteur dramatique, prosateur et metteur en scène, ses pièces sont traduites en de nombreuses langues, publiées et jouées en Roumanie et à l'étranger. Elle participe à de nombreux festivals et échanges culturels en Europe et en Amérique du Nord, bénéficie de résidences internationales et reçoit de nombreux prix. En 1997 elle crée Dramafest, festival de la nouvelle dramaturgie, à l'origine du théâtre underground Ariel.

Source : éditeur
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Je veux ouvrir les yeux
un beau matin,
après une pluie terrible,
sous un arc-en-ciel sauvage,
me promener pieds nus dans l'herbe,
étendre mes ailes
dans l'air lourd,
salé
comme l'eau de mer.

(p. 41)
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[…] qu'est-ce qu'il y a ? Rien, un peu mal au ventre, tout le monde sait que l'amour passe par le ventre et que l'âme se loge aussi dans ces coins-là, on ne sait pas à quel endroit précis, mais c'est sûrement ça, puisque ça fait si mal.
(p. 34)
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[…] elle a horreur du sol couvert de crasse gluante puant l’urine du couloir bondé de gens sales et affamés sans horizon et qui ne lisent ni Henri James ni Aldous Huxley. Ceux-là, au moins, ils vous aident vachement à survivre, ils vous téléportent à l'époque victorienne ou dans les petites villes américaines des livres de Carson McCullers, partout ailleurs, surtout pas ici, dans Les Lusiades de Camões, sur la mer, là où l'air est salé et les poissons frais vous sautent directement dans la poêle, pas la peine de faire quatre heures de queue pour se les procurer.
(p. 94)
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« Amalia respire profondément » (titre alternatif : « L'Internationale ») est un monologue en huit séquences pour une actrice, qui traverse plusieurs moments importants de la vie du personnage central et, à travers eux, quelques décennies de l'histoire récente de la Roumanie. Alina Nelega suit la vie de l'héroïne, de son enfance jusqu'à son dernier soupir. Les souvenirs de la collectivisation sont liés à la mémoire des premiers traumas : la rue d'une famille autrefois prospère, ensuite la mort de la mère. Le communisme est en train de s'installer, et avec lui, la peur et la pénurie : peu à peu, Amalia apprend à remplacer la prière à Dieu par les slogans de la propagande. Adolescente, elle est victime d'un viol collectif. Un peu plus tard, elle rencontre son premier amour dans une chorale folklorique, mais dans la séquence suivante, on la retrouve se remémorant son mariage malheureux sur la tombe de son fils, fusillé alors qu'il essayait de s'enfuir du pays. Après la chute du régime de Ceaușescu, Amalia travaille comme femme de ménage dans un aéroport et vit chaque jour l'illusion du retour de son frère, exilé des années auparavant. Dans la dernière séquence, la mort de cette femme seule, dans une maison de retraite, est décrite comme un délire libérateur.

(p. 58-59, extrait d'une note en fin d'ouvrage)
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... Et protège, mon Dieu, Vitea et Lulu, et papi et babouchka. Et prends soin, mon Dieu, de l'âme de maman et de papa et d'Archimède... où qu'il soit, parce que papi et babouchka y tenaient comme à la prunelle de leurs yeux, car il avait coûté très cher. Quand ils ont vendu toutes ces choses qui brillaient dans la boîte que nous avons sauvée de la vieille maison, quand maman nous a quittés. La bague à la pierre verte avec laquelle on a acheté la vache, la petite chaîne en or pour le fourrage, la montre de papi, celle avec un couvercle gravé, qui est partie pour deux sacs de farine de maïs, et la parure de perles qui s'est transformée en Archimède - même si, en réalité, il ne s'appelait pas comme ça, car il n'y avait que papi qui connaissait son vrai nom, et lorsqu'il le lui chuchotait à l'oreille, qu'est-ce qu'il était content, le cochon, comme un petit chien, il faisait même le beau. Quand ils l'ont tué, babouchka s'est fâchée si fort qu'elle en a encore pris une cuite. Elle pleurait et criait : Flambez Joseph Vissarionovitch, brûlez-le, que le feu de l'enfer le brûle ! Elle criait si fort qu'il a fallu que Sacha et papi la ramènent de force à la maison, pour qu'elle arrête de pleurer sur le sort du pauvre Archimède.

Et, mon Dieu, prends soin aussi de l'âme de papi, même si babouchka ne l'a pas aimé aussi fort qu'Archimède, parce qu'elle n'a presque pas pleuré lorsqu'il est parti. Même qu'elle n'a plus parlé avec personne pendant près de trois semaines, et qu'elle a cessé de nous disputer pour un rien. Et après elle est partie de la maison sans rien dire. Et pardonne-nous, mon Dieu, de nous être tellement réjouis quand elle nous a laissés avec Sacha. Mais jusqu'à la fin elle nous a manqué, parce que Sacha ne nous donnait pas tellement à manger et nous laissait seuls la nuit, et le jour il dormait et ne jouait plus avec nous, comme il le faisait dans l'autre maison.

Et je te remercie, mon Dieu, de nous avoir ramené babouchka, même si maigre et avec des taches violettes et vertes sur le visage. Parce que nous l'aimions, même chauve, même si elle était moche et ressemblait à Baba Yaga.

Mais mon Dieu, tu peux oublier Lulu, qui m'a mordu fort quand je lui ai dit que maman était un ange, et qui s'est roulé par terre en hurlant. Il me poursuivait partout et il a balancé des pierres sur mon saule, celui où Vitea et moi avions fait une chaumière de petites branches, pour que je puisse m'exercer chaque jour, comme j'ai promis à maman, là, dans la vieille maison, sur la terrasse, quand nous regardions le soir ce long chemin noir et plein de pierres, sur lequel passaient sans cesse des hommes et des bêtes. Les pauvres, ils marchaient très lentement, et certains s'arrêtaient devant notre porte, et babouchka leur donnait à manger - mais pas à tous. Après, elle les chassait et papi tirait un coup de fusil en l'air, mais ils revenaient, ils revenaient et ça ne s'arrêtait pas...
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Ah, qu'elle vieillisse enfin ! Alors personne ne cherchera plus à la toucher, ni à s'empresser de lui ouvrir les portes, à lui allumer sa cigarette, à lui baiser la main – et si elle refuse on ne dira plus qu'elle est agressive – on ne la taxera plus de féministe, mot injurieux, on sait bien que ces filles-là veulent être des hommes, pas des femmes. Alors elle cessera de se tenir coite et de ne rien oser faire, de se croire obligée de sourire poliment à toute allusion cochonne. Que vienne le temps des varices et des poils sur le visage pour que personne ne s'excite plus en voyant ses seins tombants – là elle sera enfin libre et moche.
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Il leur vint ensuite une petite frayeur en découvrant à quoi ressemblait l'intimité des filles, exposée tout ouverte, elles ne s'étaient jamais regardées, bah, dis donc, ça se présente comme ça, se demandait Nana à voix haute, c'est truqué ou quoi, c'est affreux, moi je me suicide si je ressemble à ça, je vais avoir des cauchemars, c'est pas chouette-chouette.
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Pour la énième fois elle se demande pourquoi ça retombe chaque fois sur elle, sur mille élèves en uniforme c’est toujours elle que l’on choisit d’éduquer, de redresser. À cause de son regard peut-être, il y a un truc qui cloche du côté de son regard, trop concret – elle avait cette mauvaise habitude de regarder pour voir – à moins que ce soit, allez savoir, cet air dont elle ne peut se défaire, de gamin de quartier qui sort prendre l’air et se met à taper la balle contre un mur, les genoux écorchés par les chutes à vélo, ce vélo dont la chaîne saute tout le temps. Encore heureux que le prof principal ait sorti le truc du directeur, c’est un leurre, il n’a jamais emmené un élève chez le directeur, de toute façon il était au courant, comme tout le monde, que le directeur n’était pas dans l’école l’après-midi, et les secrétaires ne restent pas une minute de plus après quinze heures. Nana la pousse du doigt à s’asseoir, à en finir une bonne fois pour toutes avec leur jeu, elle n’aime pas la chatouille, elle se défend et frappe involontairement le pupitre du genou, elle attrape de justesse, au vol, son cahier et le volume de poèmes, l’atlas par contre s’envole jusqu’au centre de la classe et la trahit en laissant glisser la revue de Bizonnou.
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Elle n’était pas complètement innocente, elle avait des connaissances d’anatomie, d’excellentes notes, 10 sur 10, c’était clair qu’il y avait le sexe, la pénétration – mais toutes ces photos sur papier glacé étaient si différentes des schémas de leur manuel, elle ne se l’était jamais imaginé, ces femmes sans visage, ces hommes sans visage, des jambes, des jambes et des entrejambes. Mais comment allait-elle regarder dorénavant ses camarades sans s’imaginer leur entrejambe, leur organe écrasé sous le tissu de leur slip blanc ou coloré, regarder ses profs ou ses parents, les gens dans la rue et s’empêcher de se les représenter dans des postures ridicules, s’efforçant d’avoir un orgasme ?
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Trop de consonnes, peu de couleurs, c’est ce que chante le poète, Macedonski, mais elle ne voit pas de rossignol ni de lilas fleuri, à quoi peut bien ressembler un rossignol, et le lilas, au fond, il est blanc ou violet, ou rose ou quoi ?
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