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Citation de Emma622612


Se dirigeant vers la longue table installée contre le mur du fond, lord Carlston y prit deux cannes.
- Nous allons d'abord travailler vos techniques de défense, après quoi nous aborderons un peu la canne chausson. Je veux que vous surmontiez votre répugnance à me frapper. Il faut vous habituer à entrer en contact avec votre adversaire et à soutenir ses attaques.
- J'essaie.
- Je sais.
Il désigna d'un geste son costume.
- Cette technique est fondée sur les coups de pied, donc gardez vos bottes mais enlevez votre veste pour être plus libre de vos mouvements.
En remuant ses épaules moulées dans un drap fin, Helen s'aperçut d'un problème gênant.
- Je ne peux pas enlever ma veste sans aide.
- Ah, oui, tous les hommes élégants connaissent ça, dit-il en tentant de plaisanter. Apparemment, j'ai renvoyé votre femme de chambre trop tôt.
Après un instant d'hésitation, il ajouta :
- Je vais vous aider, si vous le permettez.
Elle s'humecta les lèvres. Être déshabillée par lui, même s'il n'était question que d'une veste, était pour le moins fâcheux. Au nom de la décence, elle aurait dû insister pour faire revenir Darby, surtout maintenant qu'elle avait vu ce qui se cachait derrière la volonté inflexible de Sa Seigneurie. Sans compter la conversation scandaleuse qu'ils venaient d'avoir sur les amants et leurs besoins intimes. Mais la vraie raison, la honteuse raison, était en fait qu'elle sentait son corps s'enflammer dès qu'ils se touchaient. Pour se protéger -pour les protéger tous les deux-, elle aurait dû refuser. Pourtant...elle hocha la tête.
- Oui, approuva-t-il sans nécessité.
Cherchait-t-il lui aussi l'occasion de la toucher ? Peut-être avaient-ils envie l'un comme l'autre de jouer avec le feu.
En quelques pas, il fut près de la chaise. Il y appuya les cannes et resta un instant les yeux fixés sur Helen. Elle se rendit compte qu'il voulait voir si elle avait la moindre hésitation.
Il était encore temps pour elle de changer d'avis. De refuser et d'envoyer chercher Darby.
Elle lui tourna le dos. Tous ses sens étaient en émoi à l'approche de comte. Un pas, deux pas, et il fut derrière elle. Quelques centimètres à peine séparaient maintenant leurs corps. Elle contempla fixement le mur d'en face en attendant qu'il la touche. Elle était enivrée par l'odeur de santal de son savon à barbe, par la rumeur de ses respirations, la chaleur de son souffle sur la nuque qu'elle lui offrait.
Que faisaient-ils ? Ne venait-elle pas de se répandre en invectives contre lui et son exigence ? Ne venait-il pas de lui dire que ce genre d'attirance était interdite ? C'était comme s'il était le soleil et elle Icare, insouciant du danger brûlant et lumineux qui le menaçait.
- Puis-je commencer ?
Il parlait de son ton le plus cérémonieux.
- Oui.
Elle se raidit. Voilà, il avait posé ses mains sur ses épaules, ses doigts se frayaient un chemin sous le col de sa veste. Elle les sentit effleurer le lobe de son oreille. Elle replia ses propres doigts en sentant ce contact, une énergie brûlante se déchaîna dans ses veines. L'espace d'un instant, il eut le souffle coupé. Avait-il eu la même sensation qu'elle ?
Se penchant vers elle, il tira fermement en arrière les épaules de la veste. L'étoffe était si serrée qu'elle fut contrainte de reculer ses bras. On aurait cru qu'il la tenait prisonnière. Elle tourna la tête et sentit une joue lisse, bien rasée, si près de ses lèvres. Il suffirait qu'elle se tourne encore un peu plus...
Mais elle ne bougea pas. Lui non plus. Seule leur respiration changea, s'accélèra, en mêlant leurs deux souffles au même rythme.
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