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Citation de MegGomar


Je le regardai, il souriait, le sourire de Raquel se superposa au sien sans
effort, et il resta à flotter dans l’air tiède et bruyant de la brasserie pendant
que nous sortions dans la rue, mais il était là aussi, sur les panneaux
publicitaires, les vitrines des boutiques, les abribus et toutes les femmes que
je croisai, vieilles et jeunes, fillettes et adolescentes, plus ou moins mûres,
jolies, laides, vulgaires, voyantes… Elles étaient toutes Raquel, sur le point
de le devenir ou elles l’avaient déjà été et cela les définissait, les classait,
les exaltait ou les rendait indignes de vivre dans un monde qui n’était que
Raquel et n’avait d’autre pays que celui de mes yeux. Je marchais sur le
trottoir bigarré et curieux du samedi à midi et j’étais suspendu à l’heure, à
Fernando, à traverser sur les passages piétons, au meilleur itinéraire pour
arriver au restaurant où j’avais rendez-vous pour déjeuner avec ma femme
et avec celle d’un ami, et je souriais, je souriais seul ou ce n’étaient que mes
lèvres en retrouvant des détails, des gestes, des angles, des images qui
venaient d’elles-mêmes dans ma mémoire récente, qui était désormais la
seule à compter. Je connaissais enfin toutes les données du problème, mais
je me sentais incapable de le résoudre, incapable de formuler la relation
entre des hanches rondes, qui excédaient légèrement la théorie des
proportions, et l’étroitesse d’une taille qui proclamait avec véhémence sa
perfection. J’étais resté là, sur un point de cette équation impossible, et la
nostalgie de ce foyer tendre et solide, doux et généreux, relâchait mes
jambes et mon esprit à chaque pas.
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