Pour tous, le temps avait passé, mais la peur demeurait, aussi puissante,
aussi provocante, aussi infranchissable qu’une montagne aux sommets
enneigés que les villageois s’habituent à regarder de la plaine pendant des
années, sans oser imaginer que quelqu’un puisse l’escalader, arriver au
sommet, et contempler ce qu’il y a de l’autre côté. La peur avait représenté
pour eux un paysage, une patrie, une habitude, une condition invariable que
l’on ne remet pas en cause, la vie même. Et cela, pensa Raquel Fernández
Perea quelque temps plus tard, devait être la peur pour Angélica Otero
Fernández.