Aucun changement révolutionnaire significatif ne s'est jamais produit sans violence.
Ce livre offre un récit mesuré et nuancé de l’évolution du mouvement naxalite. Il analyse les motivations complexes et contradictoires – très humaines – de celles et ceux qui s’y rallient, les fragilités de leurs existences, l’amour et la trahison qui peuvent se loger dans leur coeur
Le père Stan savait qu'il risquait la prison. Mais il a été traité de façon particulièrement cruelle. Ses avocats ont dû engager des poursuites uniquement pour lui permettre d'obtenir une tasse avec un bec verseur de façon à boire sans être aidé, car les tremblements causés par la maladie de Parkinson l'empêchaient de porter un verre à ses lèvres. Son état s'est très vite dégradé en prison.Il a perdu l'audition, puis la capacité de marcher et de s'alimenter seul. Toutes les demandes de libération sous caution ont été rejetées, même après qu'il a contacté le Covid-19. Il est mort au moment où le tribunal de Bombay jugeait un appel contre le rejet de sa demande de libération sous caution.
Je sais que les leaders maoîstes sont préoccupés par la propagande que les médias diffusent contre eux : ils sont accusés d'exploiter sexuellement les femmes cadres des basses castes. Ils se soucient donc de garantir au mouvement une image de "puret" et ne tolèrent pas les aventures sexuelles. Toute relation amoureuse fait l'objet d'une intervention des maoîstes qui envoient les amants dans des escadrons différents, suspendent l'un d'eux ou, le plus souvent , les encouragent à se marier pour "légitimer leur union".
Si les parcours de toutes ces personnes étaient impressionnants, d'autres aspects moins enthousiasmants s'affirmèrent de plus en plus fort : culte de Mao, peu d'autocritique transformatrice, sectarisme, surreprésentation des hautes castes chez les leaders. Je rencontrai aussi une ex-maoiste, expulsée et bannie de son cercle d'amis-es pour avoir osé dénoncer les violences sexuelles d'un cadre de l'organisation.
Dans un pays dont la société est souvent perçue comme la quintessence de l'ordre hiérarchique, ces communautés de la forêt se distinguent par leurs valeurs relativement égalitaires et la dignité et la fierté avec lesquelles elles les portent, en contraste avec la société de castes hiérarchisées des plaines de l’Inde.
Après des années de cercles de lecture, de discussion féministes et d'activités mobilisant des femmes, et malgré tous les Gyanji du mouvement, les leaders naxalites reproduisent souvent les normes culturelles des structures qu'ils cherchent à combattre.
La société indienne est connue pour abriter une combinaison toxique des inégalités de caste et de classe, qui s'avère particulièrement nocive pour la condition des femmes.