La différence entre un surréaliste et moi, c’est que je suis surréaliste.
Aucun artiste plus que Klimt n'a vu ses œuvres reproduites dans le monde sur autant de supports différents, notamment en matière de publicité. La qualité décorative de son art et son recours incessant au thème du nu féminin – valeurs sûres en matière de ventes – explique l'attrait qu'il suscite aujourd'hui auprès du néophyte, et ses messages artistiques, énonçant les drames de l'existence, rallient les connaisseurs. Sauf dans la première partie de son œuvre, dédiée à l'historicisme, Klimt de son vivant n'a jamais cherché cette popularité. Au contraire, il a toujours privilégié l'expression d'un art répondant à une problématique personnelle.
« Klimt raconté », p.7
Ce tableau, qui met en scène le cycle de la vie et le passage de la vie à la mort, rappelle l'incapacité de la science à agir sur la maladie. Loin d'avoir répondu à l'attente du corps médical qui aurait souhaité une représentation de la fonction préventive et thérapeutique de la médecine, Klimt s'attira les foudres de la Medezinische Wochenschrift. Rapidement, la presse conservatrice, dont le critique Karl Kraus, se rallia à cette protestation et s'indigna devant les nombreux nus, surtout celui de la femme offrant son pubis et celui de la femme enceinte.
Article "La Médecine"
"Il n'existe pas d'autoportrait de moi. Je ne m'intéresse pas à ma propre personne en tant que "sujet de tableau" mais plutôt aux autres, surtout aux femmes, et encore plus à d'autres motifs. J'ai ma conviction de n'être pas particulièrement intéressant en tant que personne et de ne présenter aucun trait remarquable. Je suis un peintre qui, jour après jour, peint du matin au soir. Des personnages te des paysages, plus rarement des portraits."
Klimt raconté, p.25
L'humanité souffrante et sans appui - des enfants, des hommes et des femmes nus - tente en vain de s'entraider en constituant une longue chaîne. Impuissants face à leur destin conduit par une puissance ou "énigme du monde" qui les propulsera bientôt dans le cosmos, les adultes (le couple enlacé, la femme atteignant l'orgasme) se réfugient dans la sexualité ou dans la dépression (le vieillard en bas à l'extrême gauche). Seule la femme fatale, figure de la connaissance, drapée dans sa fierté (capeline), semble avoir les pieds sur terre et affronter cette tragédie la tête haute. Quand il découvrit l’œuvre, le corps professoral, qui attendait une fresque figurant les portraits des grands théoriciens du passé, fut atterré.
Entrée "La Philosophie"
La version définitive (1907) est scindée en deux espaces distincts, reléguant au fond la justice humaine symbolisée par trois figures idéales (la Vérité, la Justice, la Légalité) et des juges fortement âgés. Bloqués dans les panneaux extrêmement décorés, ils assistent, impuissants, à la sentence barbare infligée au détenu, un vieillard qui ressemble à une victime plutôt qu'à un criminel. La véritable justice, ordonnée par trois puissances vengeresses mi-Gorgones mi-Furies, ou Érinyes, est décrite au premier plan. Sans aucune pitié, elles dorment tranquillement ou se félicitent de la sentence appliquée au coupable : être dévoré par un poulpe.
Entrée "La Jurisprudence"
Nombre d'historiens s'accordent à dire que la femme fatale fut l'unique sujet qui inspira les écrivains et artistes de la fin du XIXème et du début du XXème siècles, ce à quoi Klimt ne fit pas exception. Mireille Dottin-Orsini a montré en quoi cette période illustre une conception phallocentrique de la femme. Fantasme misogyne, elle est à la fois gigantesque, sublime, souvent rousse, avide d'argent, croqueuse d'hommes et personnifiée dans les figures historiques et mythologiques qui foisonnent alors : Judith, Salomé, Danaé, Circé, Sapho...
Entrée "Femmes fatales"
Dali serait-il devenu Dali sans Gala ou Gala l'a-t-elle dévoré?
...Vuillard rencontre les frères Natanson en 1891, peu après qu'ils eurent fondé "La Revue blanche". Sensibles à l'art, ils contribuent à promouvoir les talents graphiques des peintres en leur faisant illustrer des essais sur l'art signés par Tristan Bernard, Romain Coolus, Jules Renard, Stéphane Mallarmé et parfois Marcel Proust et Guillaume Apollinaire. Séduit par les nabis, précisément par Vallotton , Bonnard et Vuillard, le responsable des critiques d'art, Thadée Natanson, publie une première lithographie de ce dernier en 1893 : "Intérieur".
L’Adresse aux vivants rappelle, dans un style décapant, que le bonheur est une idée neuve et qu’il faut en finir avec le renoncement de soi dans lequel l’économie et le travail (l’horreur économique…) nous ont plongés. L’homme a mieux à faire : affiner sans cesse sa propre humanité, œuvrer à l’harmonie de son désir de vie, sans laquelle il ne peut y avoir d’harmonie universelle.