AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.61/5 (sur 18 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Red Deer, Alberta , le 12/06/1981
Biographie :

En 2008, Amanda Lindhout, ancienne serveuse et journaliste indépendante, a été kidnappée par des miliciens islamistes en Somalie, alors qu'elle voyageait avec Nigel Brennan, photographe. Elle a été séquestrée pendant 460 jours.

Après plusieurs années passées à se reconstruire, elle a relaté son expérience dans un ouvrage devenu best-seller, "Une Maison dans le ciel" (A House in the Sky, 2013), co-écrit avec la journaliste Sara Corbett.

son site : http://amandalindhout.com/
Twitter : https://twitter.com/amandalindhout
page Facebook : https://www.facebook.com/AmandaLindhoutPage

Ajouter des informations
Bibliographie de Amanda Lindhout   (1)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Amanda Lindhout raconte ses 460 jours otage en Somalie dans un livre tout juste sorti en français.


Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La route faisait un grand virage à partir du check-point. Sur le siège avant, Abdi était absorbé par une conversation sur son téléphone mobile. J’étais pour ma part en train de visionner de nouvelles images sur mon appareil – une série de photos de Nigel jouant au ballon avec quelques enfants dans la vieille ville – lorsque je sentis le véhicule ralentir. Pensant que nous allions bientôt rencontrer notre nouvelle escorte armée, je ne pris pas la peine de lever les yeux. À côté de moi, Nigel était affairé avec son propre appareil photo. Mais l’atmosphère dans la voiture changea : l’air sembla soudain chargé d’électricité. Les trois hommes assis à l’avant murmurèrent entre eux en somali. Je redressai la tête et vis un break Suzuki de couleur bleu nuit garé de l’autre côté de la route. Je repérai ensuite une silhouette debout devant notre capot, un homme avec une arme, le visage, le nez et la bouche
dissimulés derrière un chèche rouge et blanc – le modèle le plus populaire chez les moudjahidins du monde entier.
Ses yeux sombres étaient exorbités. Son arme pointait directement sur notre pare-brise.
Abdi passa à l’anglais. « Nous avons peut-être un problème », dit-il.
D’autres hommes surgirent de derrière le break Suzuki pour encercler notre véhicule, leurs armes braquées sur nous – une douzaine d’hommes.
J’espérai aussitôt avoir affaire à un vol à main armée. Quelque chose de rapide, qui les ferait nous dépouiller avant de disparaître.
L’un d’eux ouvrit la portière arrière, faisant pénétrer à l’intérieur de l’habitacle climatisé la chaleur étouffante qui régnait à l’extérieur. Des voix masculines crièrent des ordres en somali. Abdi et les deux autres hommes assis à l’avant furent arrachés à leurs sièges et aussitôt jetés dans un fossé sur le bas-côté de la route. Je regardai Nigel s’extraire de la voiture. Un homme dissimulé derrière son chèche m’aboya quelque chose au visage. Des gouttes de sueur perlaient de son front et roulaient sur son nez. Il semblait jeune. Je levai les mains en l’air – comme je l’avais vu faire des centaines de fois dans les films – et glissai sur la banquette vers la lumière incandescente du soleil.
Était-ce bien réel ? Comment cela pourrait-il être réel ?
Commenter  J’apprécie          00
Le jour de sa remise en liberté – le 9 juin 2005 –, je ne m’intéressai pas vraiment à son sort. À dire vrai, je n’avais d’ailleurs guère songé à cette Italienne kidnappée depuis que j’étais arrivée en ville. Désireuse d’explorer Kaboul par moi-même, j’avais pris ce jour-là un taxi qui m’avait conduite sur un marché en centre-ville, un marché tentaculaire qui s’étendait dans toutes les directions, couvrait les berges du fleuve et se répandait dans un labyrinthe de ruelles tortueuses. J’y achetai une coupelle plastique remplie de grains de raisin et d’abricots baignant dans un nectar de miel et de pistaches, que je dégustai avec une cuillère. Je déambulai entre les petites échoppes. Dans l’une d’elles, je vis une étagère remplie de savons dont les emballages, qui affichaient l’image d’un visage féminin souriant,
avaient été barbouillés au marqueur noir. C’était là l’expression du fondamentalisme islamiste, quelque chose que les talibans avaient autrefois appliqué avec sévérité : toute créature engendrée par Allah ne devait pas voir son image reproduite par la main de l’homme, car cela pouvait être interprété comme une aspiration à vouloir jouer le rôle de Dieu. Amanuddin m’avait indiqué qu’il était possible de peindre ou de photographier une voiture ou un bâtiment, mais qu’il était interdit de reproduire la silhouette ou le visage d’une personne ou d’un animal. L’idolâtrie était une faute. C’était pour cette raison que les talibans avaient dynamité quelques années plus tôt les deux statues géantes de Bouddha dans la ville de Bamiyan, ce qui avait entraîné une réprobation internationale.
J’envisageai pendant quelques instants d’acheter un de ces savons en guise de souvenir, mais le simple fait de voir le visage rayé du mannequin arabe sur l’emballage suffisait à me faire peur.
Commenter  J’apprécie          00
Le livre que je lisais dans ce bus s’intitulait Le Pouvoir du moment présent , d’Eckhart Tolle. Je l’avais emmené avec moi en Inde et au Pakistan, mais je ne l’avais pas ouvert alors, lui préférant à chaque fois un autre livre. À Calgary, ce livre avait été lu par certaines de mes amies qui devaient prendre d’importantes décisions dans leur vie, comme épouser ou non quelqu’un, acheter ou non une maison ou accepter un nouveau travail. L’argument de Tolle semblait se résumer à l’idée selon laquelle le moment présent comptait plus que tout. Si vous arriviez vraiment à vous concentrer sur le présent, des émotions telles que la souffrance, la culpabilité ou l’inquiétude s’effaçaient de votre esprit et vous pouviez alors vous concentrer sur votre « moi profond ». Et votre moi profond savait ce qu’il avait à faire.
Le temps que mon bus se fraye un chemin jusqu’à la ville indienne de Jammu, où il arriva le lendemain dans l’après-midi, j’avais achevé de lire la dernière page. Mon moi profond avait désormais repris le contrôle des choses avec exubérance et il s’en prenait maintenant de toutes ses forces à mon moi superficiel qui m’avait fait fuir l’Afghanistan avec la peur au ventre.
Commenter  J’apprécie          00
Je me réveillai le matin du onzième jour de captivité en sachant que le moment était venu. Rien n'avait changé. J'avais le sentiment qu'il nous fallait faire quelque chose, faire en sorte que quelque chose se produise. Nigel semblait avoir le moral dangereusement bas. Il restait assis sur son matelas à lire le Coran d'un air morose.
Commenter  J’apprécie          10
La plupart du temps, j’étais une enfant peureuse. J’avais peur du noir et j’avais peur des inconnus et j’avais peur de me briser les os ainsi que d’aller chez le médecin. J’avais peur des policiers qui venaient parfois chez nous, quand les amis de Russell se faisaient un peu trop bruyants dans notre salon. J’avais peur du vide. J’avais peur de prendre des décisions. J’avais peur des chiens et j’avais peur que l’on se moque de moi. À ce moment précis, je sus avec certitude ce qui allait se passer : craignant que Carrie ne se moque de moi, j’escaladerais le mur, j’aurais le vertige, je tomberais, je me briserais les os. La police viendrait alors – des inconnus, accompagnés de chiens. Bien sûr, tout cela se produirait dans l’obscurité et il faudrait ensuite que j’aille chez le médecin.
Commenter  J’apprécie          00
Le monde ne me semblait ni laid ni dangereux, mais plutôt étrange, mystérieux, et si beau que vous aviez envie de l’encadrer. Je l’avais découvert à travers les photographies et les couvertures glacées d’une pile de magazines, des vieux numéros du National Geographic que j’avais achetés vingt-cinq cents l’exemplaire dans une bouquinerie en bas de ma rue. Je les rangeais sur ma table de nuit, à côté de mon lit. Je m’y plongeais en cas de besoin, quand l’appartement dans lequel nous vivions devenait trop bruyant. Le monde m’y arrivait alors sous la forme d’une vague argentée venant se briser sur une promenade de La Havane ou celle de sommets immaculés dans l’Annapurna.
Commenter  J’apprécie          00
Après m'être levée, j'étais censée prier. J'étais désormais heureuse de prier puisqu'il s'agissait de ma seule chance de bouger, de l'unique moment - en dehors de mes trajets aux toilettes - où je pouvais me tenir debout.
Commenter  J’apprécie          10
Voyager me permettait d’avoir des sujets à aborder, d’être quelqu’un… Ce qui importait le plus, c’était le prochain endroit où vous comptiez vous rendre.
Commenter  J’apprécie          10
Emmener Maman en voyage. Faire quelque chose de bien pour les autres. Me faire pardonner. Trouver l’amour.
Nous étions cachés aux yeux du monde, à la fois proches et hors d’atteinte. C’est pourquoi je finis par me dire que cette histoire pourrait ne jamais être racontée, qu’elle finirait par s’arrêter brusquement, comme un torrent subitement tari.
Commenter  J’apprécie          00
Quand les garçons se bagarraient, ma grand-mère soupirait et leur criait d’aller régler cela dehors. Elle leur pardonnait quand ils lui chipaient de l’argent. Elle leur pardonnait encore quand ils la traitaient de tous les noms. Les garçons devinrent des adolescents, puis de jeunes hommes.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Amanda Lindhout (31)Voir plus

¤¤

{* *} .._..