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5/5 (sur 6 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Amandine GOUTTEFARDE-ROUSSEAU est poétesse, docteure en Études Grecques, chercheure en littérature antique et contemporaine.

Suite à un accident, une expérience de mort imminente la pousse à s'ouvrir à une vie plus intérieure, où la contemplation, la complicité renaissante avec une Nature sacrée et mystérieuse la conduisent à s'exprimer par la poésie. En parallèle, elle poursuit ses travaux de recherche sur l'exil et la marginalité dans l'Antiquité grecque et leur réception contemporaine.

Sa poésie explore la relation charnelle avec les éléments, les dieux et les bêtes lovées dans les sous-bois, les saisons faites de morts et de renaissances, de mues de serpents qui tombent et laissent voir une peau nouvelle, et, de temps en temps, le son des tambours dans l'oreille.
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Bibliographie de Amandine Gouttefarde-Rousseau   (6)Voir plus

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Tu lui avais envoyé un message
Pour lui parler de l’automne qui arrivait
Des nénuphars qui fleurissaient encore
Des grenouilles qui attendaient le soleil sur les feuilles plates
Tu ne savais pas comment lui dire que tu l’aimais déjà
Tu sais déjà au fond de toi que c’est lui
Qui ramènera de la lumière en toi
Dans cet appartement où tu as tant pleuré
On sonne à la porte
C’est lui
Tu as tellement peur
Il franchit le seuil
Pour toujours
Il ne le sait pas encore
Mais toi oui
Il boit un thé rouge avec toi
Et tu attends qu’il reste pour toujours
Il te dira plus tard qu’il savait déjà
Lui aussi
Qu’il sonnait chez toi pour la première fois
Pour toujours
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Le serpent
creuse un sillon
dans ma colonne vertébrale
Il veut remonter
jusqu’en haut
et s’envoler
par-dessus mon crâne
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"On ne compte plus les rivières disparues de leur lit, les sources taries ; dans de nombreux lacs, les cyanobactéries ont tout envahi, on ne s’y baigne plus, les chiens qui s’en approchent sont en danger. Une forme de sidération peut s’emparer de nous, qui nous laisse sur le rivage, bras ballants. Les discours écologiques ne suffisent pas pour dire tout ce qui meurt avec l’eau. Avec Nagas, le constat va plus loin : « quelques années après / la forêt avait été rasée / le cours d’eau avait disparu / tout était mort // l’esprit était parti ». Certes, on peut toujours « prendre des cours de sirènes / acheter une queue en plastique / sur internet », mais pour rencontrer les esprits de l’eau, il est préférable de plonger dans la lecture de Nagas.
Les nagas sont les esprits des eaux salées comme des eaux douces, des eaux extérieures comme des eaux intérieures. Par le poème, nous nous familiarisons avec leur existence, en douceur, suivant les pas de la poétesse qui, elle aussi, « avait perdu /ce contact délicat / des dizaines d’années sans voir / sans ressentir. » Écrire et lire de la poésie comme celle d’Amandine Gouttefarde-Rousseau est une façon d’aiguiser les « perceptions subtiles ». Ainsi les nagas peuvent-ils être apprivoisés, ne plus prendre les « formes effrayantes » nées de notre ignorance. Plus encore, Nagas nous invite à nous souvenir de la présence disparue des esprits de l’eau, à les saluer et à les honorer : « écrivez à Soucouna / ses louanges // juste pour être agréable au fleuve ».
Une façon de se relier, au plus éloigné dans l’espace et le temps – à travers la référence au mythe ou à la langue grecque avec « les petits potami » – comme à l’infiniment petit en soi. En effet, la troisième section du recueil propose de laisser travailler pour nous les « lutins intérieurs ». Une invitation à expérimenter également ce que l’on appelle la montée de kundalini, « le serpent de feu / lové dans le sacrum / depuis la naissance ».
Lire Nagas est traverser à la fois une expérience intime et une expérience politique. Les nagas ont dérangé l’Église, la femme serpent a été diabolisée, leur rendre honneur est aussi, pour la poétesse, retrouver sa place : « aller à la pêche /de tout ce qui avait été chassé de moi ». Pour ce faire, elle nous rappelle la force incantatoire du verbe :
« la source ne se tarit pas
tant que le nom de la Vouivre est prononcé
même avec crainte »
Ainsi, Nagas confère à la langue un pouvoir qui nous permet de sortir de la sidération. Le poème serait une façon de retrouver la langue de l’enfance : « Avant je disais toujours bonjour à l’eau /même quand je ne savais pas encore parler ». Retrouver aussi une forme de culte païen, puisque la poétesse déplore, à propos des dauphins et des baleines : « nous avons perdu leur culte / notre amitié s’est éteinte ». Retrouver notre ancienne complicité, par la langue : « Je cherche les noms anciens des fleuves /des rivières / pour être plus familière ». Le poème se fait poignée de main, comme dirait Celan, pour partager l’expérience intime et l’éveiller chez l’autre si elle est ensommeillée : « J’espère que les autres ressentent ça aussi ».
Puisse la lecture de Nagas éveiller nos sources intérieures. "
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Dans la pénombre des bois
la silhouette cornue
de Cernunnos
antique homme-cerf
antique ombre terrifiante et bienveillante
fait courir sur le corps des malades
les renards, les corbeaux et les biches
danser les feuilles dans les airs
pour panser les plaies
faire circuler la vie à nouveau
sous la peau anémiée

Cernunnos tant de fois croisé
et jamais reconnu
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Feu dans les pores de ma peau
des cendres volètent autour de moi
une mue qui s’arrache
dans des cris de loup

Loup qui s’insinue dans mon corps
pour me décharger
de la souffrance
hurler

que j’ai survécu
que je suis revenue

La foudre accompagne le chant
d’agonie de ma peau morte
tombant comme un velours
qui rejoint l’infini
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J’avais appris le nom des plantes
sur le mont Pilio
les sources le long de routes
et la petite feuille de figuier
maintenue par une pierre
qui guidait l’eau jusqu’à nos mains

C’était toi, dieu cheval, qui me montrait
tes rochers, ta mer, ta lumière dorée
et le secret de tes fleurs
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L’âme nigredo
c’est l’âme qui se transmue
qui mute
qui souffre
qui invoque l’or et Hermès
pour accompagner sa métamorphose

Plongée dans un creuset
de vase
noire et
un peu dépotoir
on mélange on touille
quelle gadou
cristaux métaux minéraux
au fond du trou quoi
secouez et patientez
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"Il est des rencontres nécessaires. Le chemin d’Amandine Gouttefarde-Rousseau a croisé le mien dans les méandres du Web. Pas le World Wide Web, non, l’autre. Ce réseau, virtuel peut-être, mais néanmoins sauvage et symbiotique où les cheveux des femmes se mêlent aux algues et sèchent au vent. C’est la toile tissée de soie où se retrouvent les âmes vouées à se connaître, l’écosystème d’où peut jaillir une inattendue et précieuse sororité. Nos mots s’y sont effleurés.
C’est pour moi un honneur que de préfacer ce très beau recueil.

Quelque chose, dans l’écriture d’Amandine Gouttefarde-Rousseau, provoque un tressaillement qui nous met face à notre humaine condition et fait sourdre notre besoin de merveilleux. Sa poésie n’est pas réponse, elle est question. Elle est ouverture, aventure, exploration. L’autrice cherche des contrées respirables, des îlots émeraude où se poser et nous fait profiter du voyage. Il n’est pas besoin d’aller très loin pour en trouver, des merveilles.

Dans ce recueil, ce sont les profondeurs qui sont sondées, les reflets qui sont scrutés, la lumière changeante à la surface de l’eau et sur notre peau. Tout nous y rappelle notre parenté avec cet univers végétal et aquatique. La beauté éclot au sein même de la fange qui borde les mares et les étangs, là où l’on n’aurait jamais imaginé la voir naître.

Car de lotus, il est question. Feux blancs et roses au cœur sacré-ardent, ancrés et fragiles, imperceptiblement mouvants. À la vue de ces fleurs, quelque chose nous aimante, nous ramène à nos cœurs battants. À ces moments où l’on ose, du bout du doigt caresser ce que l’on pensait perdu.

Mots liquides, mots gorgés d’eau, sève de ces conques gardiennes de nos secrets impalpables, temples éphémères où l’on peut se cacher le temps de cicatriser. La forme brève des poèmes dévoile sans révéler. Amandine Gouttefarde-Rousseau nous laisse de l’espace, des brèches que l’on peut combler au regard de notre propre histoire ou, au contraire, écarter avec deux doigts pour mieux voir. Habiter les lotus est un art que la poétesse maîtrise à la perfection. " ( préface de Xénia Maszowez, sorcière en poésie)
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Je ne peux pas oublier les yeux lagons
ou plutôt vert glauques
c’est-à-dire glauques comme la mer
d’Alkinoos
et le visage mangé par un chant

Καίγομαι καίγομαι
Ρίξε κι άλλο λάδι στη φωτιά
Πνίγομαι πνίγομαι
πέτα με σε θάλασσα βαθιά

Je brûle je brûle
Lance encore de l’huile dans le feu
Je me noie je me noie
Jette-moi dans la mer profonde
Thalassa dans la voix d’Alkinoos
c’est la mer grecque
et éternellement couleur de mer

c’est un soir en bas de Delphes
sur un petit bout de plage

J’imagine toujours qu’on me jette
dans ce bout de mer-là
quand il chante cela
celui-là précisément
et aussi
quand il chante

comme un éclair dans le ciel

astrapi ston ourano
astrapi dessine l’éclair
derrière la colline face à Delphes
ouranos ciel éternel
de mes Grecs
glauques

la mer ne reflète jamais que les couleurs
du ciel
est une échappée vineuse
de ce ciel changeant
où volent toutes ces divinités
qu’on n’attrape jamais
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Pourquoi ça ne me parle plus
Les programmes de l’Éducation Nationale
Les échelons
Les réunions
Les rentrées
La reconversion
Pourquoi je ne veux plus penser à la carrière
À mon compte en banque
Au rectorat
Je pense juste que j’étais presque morte
Sur mon canapé
Usée jusqu’au fond du cœur

Et que la mer me manque
Les prés
Monter dans un arbre
Passer un pont de pierre
Regarder les poissons
Voilà ce que j’attends de la vie maintenant
Je n’ai pas encore retrouvé toute ma vue
Je tremble encore et je sursaute
J’attends que le calme revienne en moi
Et je veux juste
Monter dans un arbre
Passer un pont de pierre
Regarder les poissons
Quand la santé sera revenue

Comment je vais faire
Pour vivre ma vie
Dans ce monde de cons
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