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Citation de ninosairosse


Il faut dire qu'en ces années-là les chancelleries européennes étaient préoccupées par un évènement exceptionnel : Méhémet-Ali pacha, vice-roi d'Egypte, avait entrepris de bâtir en Orient, sur les décombres de l'Empire ottoman, une nouvelle puissance qui devait s'étendre des Balkans jusqu'aux sources du Nil, et contrôler la route des Indes.
De celà, les Anglais ne voulaient à aucun prix, et ils étaient prêts à tout pour l'empêcher. Les Français, en revanche, voyaient en Méhémet-Ali l'homme providentiel qui allait sortir l'Orient de sa léthargie, et bâtir une Egypte nouvelle en prenant justement la France pour modèle. Il avait fait venir des médecins français, des ingénieurs français, et il avait même nommé à l'état-major de son armée un ancien officier de Napoléon. Des utopistes français étaient allés vivre en Egypte dans l'espoir d'y bâtir la première société socialiste, porteurs de projets inouïs - tel celui de percer un canal de la Méditerranée jusqu'à la mer Rouge. Décidement, ce pacha avait tout pour plaire aux Français. Et puis, s'il irritait à ce point les Anglais, il ne pouvait être foncièrement mauvais. Et il n'était pas question de laisser Londres se défaire de lui. [...]
Lord Ponsonby s'était penché sur la carte, puis il avait placé son doigt à un endroit précis : c'est ici que l'empire de Méhémet-Ali se fera ou se défera, c'est ici que sera livré la bataille !
Car cet empire en voie de constitution avait deux ailes : l'une au nord - les Balkans et l'Asie Mineure; l'autre au Sud -L'Egypte et ses dépendances. Entre les deux, une seule liaison, par la longue route côtière qui allait de Gaza à Alexandrette, en passant par Haïfa, Acre, Saïda, Beyrouth, Tripoli, Lattaquieh. Il s'agit d'une bande de terre enserrée entre la mer et la Montagne. Si cette dernière échappait au contrôle du vice-roi, la route deviendrait impraticable, l'armé egyptienne serait coupée de ses arrières, le nouvel empire serait brisé en deux. Mort-né.
Et du jour au lendemain, toutes les chancelleries n'eurent plus d'yeux que pour ce coin de montagne. On n'avait jamais vu autant de missionnaires , de négociants, de peintres, de poètes, de médecins, de dames excentriques et d'amateurs de vieilles pierres. Les Montagnards étaient flattés. Et lorsqu'ils comprirent , un peu plus tard, que les Anglais et les Français se faisaient la guerre chez eux pour ne pas avoir à se battre directement entre eux, ils n'en furent que plus flattés encore. Privilège dévastateur, mais privilège quand même.
L'objectif des Anglais était clair : inciter la Montagne à se rebeller contre les Egyptiens; ce que ces derniers, avec l'appui de la France, s'efforçaient bien entendu d'éviter.
p103-104-105
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