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Citation de michelekastner


Neel, en fils toujours obéissant, avait laissé s'effacer dans sa tête ce langage qui pourtant, sans qu'il le sache, était resté vivant - et à présent, en entendant Deeti chanter, il reconnut que sa musique l'avait secrètement nourri : il avait toujours adoré les dadras, chaitis, barahmasas, horis, kajris - des chansons pareilles à celles que Deeti chantait. En l'écoutant, il comprenait pourquoi le bhojpuri était la langue de cette musique : de tous les parlers entre le Gange et l'Indus, aucun ne l'égalait dans sa capacité à exprimer les nuances de l'amour, du désir et de la séparation, la souffrance de ceux qui partent et de ceux qui restent.
Comment se faisait-il que, en choisissant les hommes et les femmes destinés à être arrachés à cette plaine asservie, la main du destin se fût posée si loin à l'intérieur, très à l'écart des côtes peuplées, sur des gens parmi les plus obstinément enracinés dans le limon du Gange, un sol qui devait être semé de douleur pour produire sa récolte d'histoires et de chants ? Comme si le sort avait enfoncé son poing dans la chair vive du pays pour en arracher un morceau de son coeur souffrant.
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