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Citations de Anaïs Llobet (114)


Elle n'était coupable de rien.
Sauf de l'avoir condamné au silence.
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Ils ne savent pas que la guerre c'est la cave l'attente la faim les gens qui s'éteignent l'impuissance les mots qui ne servent à rien face aux soldats l'humiliation les souvenirs qu'on veut jeter et qui restent comme tatoués sur le blanc de l’œil: tu clignes des yeux et la guerre revient, tu regardes ailleurs, elle est toujours là, tu dors, elle t'attend tapie dans le noir.
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Le mot terrorisme est international. La terreur est universelle. Le mot latin, terror, a traversé les siècles pour devenir terreur en néerlandais, terror en russe. Au fil des guerres, il a fini par pénétrer la langue tchétchène. Pourtant, il ne remplacera jamais le kkheram, la peur dont est saisie l'âme lorsqu'une bombe siffle dans le ciel, un couteau s'approche dans la nuit, un regard devient fou près de soi, quand un acte irréparable s'apprête à être commis...
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INCIPIT
La Haye, 2017
Il n’est plus là, alors Adam peut bien en parler. Dans la cellule, l’ampoule grésille, menace de claquer. La réalité aussi clignote, bourdonne; dans quelques minutes, ses tympans vont éclater, ses pensées s’arrêter.
Il n’a pas vu les infos, mais comme tout le monde il s’est figé lorsqu’il a appris la nouvelle. La serveuse a fait tomber son plateau par terre et elle lui a demandé:
— Attends, mais c’est pas le lycée de ton frère ?
À ce moment-là, il avait déjà pris son téléphone pour appeler Kirem, entendu la sonnerie retentir dans le vide, laissé la peur s’infiltrer en lui. Ses doigts tremblaient. Combien de morts? Des notifications se sont affichées sur les portables. État d’urgence, seuil d’alerte maximal, ne restez pas dans les rues, réfugiez-vous dans le premier commerce à proximité. La serveuse a fait rentrer à l’intérieur les clients en terrasse et elle a fermé la porte à double verrou. Les nerfs en pelote, le patron a décidé d’offrir à tout le monde un café. Chacun y allait de sa rumeur, consultant avec frénésie les réseaux sociaux, assurant que la police avait trouvé plusieurs bombes dans les poubelles du Parlement, qu’on déminait à l’instant un tram entier. Ils parlaient pour ne pas entendre les rues silencieuses. Adam envoyait convulsivement des messages à Kirem, à sa mère, et même à Makhmoud. Il imaginait le pire. Il commençait à accepter le pire.
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L'exil se vit seul. (p172)
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Voilà, c’est ça, le fond de l’horreur. Cette petite flamme d’espoir qui vous lacère le cœur et n’en finit pas de vous ronger l’âme. Et quand on décide d l’éteindre, en la pinçant de nos deux doigts, c’est au prix d’une brûlure qui ne nous quittera jamais. La brûlure de l’oubli.
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Marloes dix sept ans ,devait obtenir le bac avec les félicitations. Kenza, quatorze ans ,avait sauté deux classes pour mourir à l'heure du déjeuner. Lisa,quinze ans ,serrait dans ses bras un chiot qui grandirait sans elle .Milan,dix sept ans ,espérant être pilote. Sarah, seize ans,avait des lunettes trop grandes pour son minois de petite souris.Joffri,seize ans,posait fièrement avec les drapeaux du Suriname et des Pays -Bas ; il avait reçu pour son anniversaire des billets pour voir fin août un match opposant ses deux équipes de football préférées.Son frère jumeau ,Randy, devait l'accompagner,mais ils avaient décidé de déjeuner ensemble comme tous les lundis.
Alex avait de plus en plus de mal à respirer.Les visages des lycéens se superposaient et se confondaient avec la photo d'Adam.
Comment avait-il pu ne pas remarquer cette cicatrice sur sa tempe gauche?
Adam avait parlé d'un examen important le lundi matin.Voulait - il parler de l'attentat?Mais quelle logique y avait-il à commettre un acte aussi hideux puis s'asseoir en terrasse pour profiter du soleil?
NON,Alex ne comprenait pas.À moins que......(Page 133).
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Anaïs Llobet
il n'y avait que l’écriture qui figeait les instants et prétendaient les enraciner dans la mémoire.
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Certes, grâce à Giorgos, Ariana et peut-être aussi Andreas, j'étais parvenue à m'approcher au plus près de Varosha. Mais la contrepartie m'apparaissait de plus en plus insurmontable : cette obligation d'ériger mon roman en linceul pour le 14, rue Illios, d'être fidèle à ses murs et son jardin même si mes personnages s'y sentaient à l'étroit. (p177)
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Deux frères, c'est comme deux mains, leur disait Taïssa. Elles vivent leurs vies, mais elles restent inséparables. Depuis que les bombes ont explosé, Oumar à l'impression d'être devenu manchot. [p. 84]
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... on lui aurait expliqué que commencer une nouvelle vie ne signifie pas renoncer à son passé. [...] Elle savait ce que cachaient ces phrases toutes faites, mastiquées par des gens à la vie lisse. On ne peut pas entrer dans une nouvelle maison tout en gardant un pied dans l'autre. Les portes laissées ouvertes suscitent des courants d'air. Et personne n'aime les courants d'air.
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Elle se haïssait de penser ainsi, moins parce qu'elle percevait l'horreur de son intolérance que les limites de son intégration?
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- Plus le choix maintenant, avait-il dit. On va fermer le café et je vais utiliser l'argent de la vente du 14, rue Ilios pour financer quelques travaux. On va tout moderniser, ça plaira aux touristes.
Si Giorgos et ses amis ne revenaient pas, avait compris Ariana, c'en était fini du Tis Khamenis Polis avec ses chaises dépareillées, ses broderies d'Eleni, ses cactus dans des petits pots en terre cuite, sa bibliothèque aux livres poussiéreux. L'entreprise de travaux choisie par Andreas cacherait les sacs de ciment avec un mur aux couleurs pastel, elle repeindrait les murs en blanc crème et y punaiserait des affiches aux mantras horripilants, Love doesn’t have to be perfect - it just has to be true. À la carte des cafés, ils ajouteraient des pumpkin latte et des boissons à la cannelle, des gâteaux sirupeux. Rien que d'y penser, Ariana en avait la nausée.
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Elle s'en sentait tout à fait incapable. Sa mère n'avait jamais pleuré devant son mari. Elle s'enfermait de longues heures dans la cuisine et n'en sortait qu'avec des yeux rouges et gonflés. "J'ai épluché cent oignons", disait-elle avec un petit rire. Alissa n'aurait su dire si cette incapacité à exprimer ses émotions relevait d'un trait de famille ou d'une particularité tchétchène. Mais il lui semblait que présenter un visage neutre et inaltérable était la seule façon de faire face aux évènements de la veille.
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Les lignes et les imites, finalement, n'étaient infranchissables que pour ceux qui les avaient tracées.
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Chypre ressassait sa douleur, refusait de panser ses plaies. Les check-points auraient dû faire office de points de suture mais ils ne suffisaient pas. Les deux faces de l’île continuaient à vivre comme si l'autre n'existait pas.
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"Deux frère, c'est comme deux mains, leur disait Taïssa. Elles vivent leurs vies, mais elles restent inséparables. Depuis que les bombes ont explosé, Oumar a l'impression d'être devenu manchot". (p.84)
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Anaïs Llobet
— Apparemment, une bombe a explosé dans la cantine de ton lycée.
— Dans la…
Sur la vidéo, le réfectoire était envahi de fumée, des élèves couraient en hurlant, tandis que des corps gisaient à terre.
— La police dit qu’il y a des dizaines de morts.
C’était peut-être le shampoing qui gouttait sur son front, s’approchant dangereusement de ses paupières, mais rien, dans ce que disait Hendrik, ne faisait sens pour Alissa.
— Ce n’est pas possible, dit-elle en se levant.
Hendrik lui tendit une autre serviette de bain, plus petite, où elle enroula ses longs cheveux encore couverts par endroits de mousse blanche.
— Non, ce n’est pas possible, répéta-t-elle à voix basse.
Des images, qu’elle croyait vouées à s’effacer comme les marques sur son corps, lui revenaient par vagues et elle manqua de glisser sur le sol soudain instable.
Hendrik la fit de nouveau s’asseoir sur le rebord de la baignoire.
— Ça va aller ?
Non, ça n’allait pas, mais par réflexe elle hocha la tête.
— Peut-être que c’est une fausse alerte, commença-t-il, et elle sentit sa voix légèrement trembler. Peut-être que ce n’est pas vrai, que c’était juste un pétard, une blague d’étudiants.
Il la regarda, comme s’il attendait une réponse, alors une fois encore, elle fit oui de la tête.
Après un court silence, il dit :
— Des enfants. Putain, mais qui fait ça à des enfants ?
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Peut-être devait-il courir au commissariat le plus proche pour le dire au policier. Il était l'alibi d'Adam, sa porte de sortie devant ce cauchemar. Mais une peur diffuse, irraisonnable, le maintenait pétrifié dans son lit. Et si Adam était coupable? Et s'il avait réellement tué ces lycéens?
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au début je pense que la nuit est pleine d'étoiles filantes
mais je sens Oumar trembler et gémir je suis trop petit pour avoir peur mais je comprends que là-bas dans le quartier où nous vivions avant, les étoiles tuent lorsqu'elles tombent et je me mets à pleurer parce que le bruit se rapproche.
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