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Critiques de André Castelli (4)
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Camille, l'abandonnée

Un livre émouvant, écrit avec le cœur et l'esprit, joliment mis en page, illustré avec talent qui rend un hommage pathétique à celle qui mourut, il y a tout juste 80 ans, le 19 octobre 1943 , Camille Claudel, sculptrice géniale, internée et abandonnée pendant 18 mois dans l'asile de Ville-Evrard puis 29 ans dans l'asile de Montdevergues devenu le Centre Hospitalier de Montfavet. dans le Vaucluse.



André Castelli , qui fut infirmier au centre hospitalier de Montfavet,  évoque, l'enfermement d'une artiste de génie par la volonté de sa famille : mère soeur, frère, son abandon, son infinie souffrance.
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L'abandon à la mort... de 76000 fous par le r..

L'abandon à la mort … de 76 000 fous par le régime de Vichy est un essai, pamphlétaire, d'Armand Ajzenberg en réaction à L'Hécatombe des fous d'Isabelle von Buelzingsloewen paru en 2007. Si nul ne conteste plus aujourd'hui la surmortalité sans précédents due à la famine dans les hôpitaux psychiatriques français durant la seconde guerre mondiale, la responsabilité du régime vichyste n'est pas reconnue par tous, notamment par certains historiens, qui considèrent ce drame comme un concours de circonstances malheureuses. L'Hécatombe des fous a reçu les louanges de toute la presse, y compris celles de Rivarol, heureux de voir « Vichy enfin innocenté ». 76 000 malades mentaux sont décédés durant la période d'occupation. S'ils ne sont certes pas tous morts de faim, le chiffre officiel se situant entre 40 000 et 45 000 morts de faim, n'est qu'une estimation se basant sur des statistiques écartant les personnes âgées. Rien ne nous permet pourtant d'assurer avec certitude que ces derniers sont morts de vieillesse et non de faim. Armand Ajzenberg préfère, lui, parler de plusieurs dizaines de milliers, aucun chiffre fiable n'étant établi. Les malades mentaux français n'ont pas subi le même sort que les malades mentaux allemands, gazés massivement après un décret secret d'Hitler, Aktion 4. Nos malades, eux, ont « simplement été oubliés », la faute à pas de chance, la faute à la dureté de la guerre. Peut-être aussi un peu la faute d'une idéologie qui, sans être une idéologie d'Etat gravée dans le marbre, était une idéologie ambiante, marquée notamment par Alexis Carrel et son texte à succès mondial L'Homme, cet inconnu. La période est difficile pour tout le monde, on doit se contenter de tickets de rationnement dont les quantités sont nettement inférieures au minimum vital. Alors les Français « bricolent » et achètent au marché noir, il faut bien se nourrir si on veut survivre. On accorde des tickets supplémentaires aux hôpitaux généraux, restaurants d'entreprises mais rien pour les aliénés, grands laissés pour compte. Les directeurs d'établissements psychiatriques alertent, réclament des suppléments pour leurs malades qu'ils ne veulent plus regarder mourir, impuissants, mais Vichy fait la sourde oreille. « Il y a des malades plus intéressants que les vôtres » se voit répondre l'un d'entre eux. En mars 1942, une circulaire de la Direction de la Santé leur indique que si on leur accordait des suppléments, ce ne pourrait être qu'au détriment des enfants et des travailleurs. Et puis, en décembre 1942, la circulaire « Bonnafous » tombe du ciel. Elle accorde enfin les suppléments (en quantité insuffisante) réclamés depuis si longtemps. Pourquoi un tel revirement ? Selon Isabelle von Buelzingsloewen, Bonnafous, sensibilisé par son épouse, fille d'un célèbre aliéniste, en est à l'origine. Pour Armand Ajzenberg, la réalité est un peu moins idyllique, Bonnafous ne passe que très peu de temps avec sa femme qu'il délaisse pour sa maîtresse (peu de chances donc qu'elle l'ait influencé) mais il émet surtout l'hypothèse que ce revirement soudain pourrait tenir au Conseil technique de l'enfance déficiente et en danger moral porté par le gouvernement. Pour mener à bien ce projet, des psychiatres, dont certains font partie des directeurs d'hôpitaux psychiatriques qui tirent la sonnette d'alarme depuis longtemps déjà, sont appelés par Vichy qui a alors tout intérêt à leur accorder ce qu'ils demandent. Ce n'est certes là qu'une supposition mais qui tient la route. Quoi qu'il en soit, même si Vichy a fini par céder aux revendications, du moins partiellement, le temps perdu aura été fatal à beaucoup de malades et pour ceux qui avaient pu encore résister jusque-là, la carence était souvent telle qu'elle était souvent devenue irréversible, la mort était déjà là. Si on ne peut pas parler de génocide, on peut parler d'abandon, de « laissez les mourir » selon l'expression de l'auteur. A ce titre, Vichy est responsable de non-assistance à personnes en danger, notion qu'elle a créée. L'a-t-elle fait sciemment, guidée par un eugénisme délibéré (jamais écrit noir sur blanc) ou par un désintérêt involontaire ? Si ces questions restent sans réponse, on ne peut cependant s'empêcher de penser que cette surmortalité d'inutiles et d'asociaux a pu en arranger certains.

A la suite de son essai, Armand Ajzenberg publie le texte d'André Castelli, ancien infirmier de l'hôpital psychiatrique de Montdevergues (Vaucluse). Il a recueilli des témoignages, douloureux, d'anciens personnels de l'hôpital, le reste lui sera livré par les archives sauvées de la destruction. On découvre l'indicible ; des estomacs qui se creusent au fil des jours, des êtres humains qui n'ont plus d'humains que le nom, qui seraient prêts à avaler n'importe quoi, à l'affût de la moindre miette de pain. Ils ne sont plus que squelettes, affamés à un point qu'on ne saurait imaginer. le peu d'images du drame laissent apparaître des hommes et des femmes qu'on croirait sortis d'Auschwitz. Les attributions de charbon, elles aussi, sont insuffisantes. A Montdevergues, comme partout ailleurs dans les hôpitaux psychiatriques français, on a froid, on a faim, on meurt de maladies qui en découlent. Le personnel assiste, impuissant, à leur agonie massive et insupportable. Certains arrivent à s'évader, parfois avec la complicité du personnel qui essaie, tant bien que mal, de faire quelque chose. Montdevergues-Montfavet fut la dernière demeure de Camille Claudel où, tiraillée par la faim, elle a rendu son dernier soupir à l'âge de 78 ans.

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Camille, l'abandonnée

Camille l’abandonnée d’André Castelli aux Éditions NÜ,



Camille Claudel est une artiste reconnue, aimée, adulée par beaucoup tant son art du mouvement, figé dans le bronze ou le marbre est magistral mais son histoire à partir de 1913 et son enfermement qui a duré jusqu’à sa mort, est certes connu mais comporte beaucoup de zones d’ombre… André Castelli, en plus de la qualité de sa plume qui est remarquable, a fait un travail d’historien. Il est allé exhumer les archives de l’hôpital de Montdevergues-les-roses qui a accueilli Camille à partir de 1915. Il met en parallèle des extraits des comptes-rendus de l’administration qui concernent Camille Claudel et la vie au quotidien de l’immense artiste. Le roman-récit est enrichi par des aquarelles éblouissantes qui viennent souligner un texte qui vous arrache des larmes d'impuissance… Une rare beauté.
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L'abandon à la mort... de 76000 fous par le r..

Comme l’indique Michaël Guyader au début de sa préface : « L’étude de la question de l’extravagante surmortalité à l’hôpital psychiatrique pendant la guerre ne saurait se comprendre autrement qu’à l’enseigne d’une étude attentive des conditions de l’oubli organisé des malades les plus fragiles par le régime de Vichy. Il ne peut raisonnablement se concevoir que cet oubli s’inscrive autrement que dans le programme de mise en ordre de la société dont témoignent le statut des juifs, la part prise par le gouvernement de Vichy dans l’extermination des juifs, la mise à l’écart des minorités, politiquement validée par l’engagement d’écrivains de renom dans l’élaboration du programme politique de Vichy et dont évidemment l’hécatombe des malades mentaux ne saurait être absente… »



Le préfacier ajoute aussi « Quel que soit le nom donné à cet épisode tragique de l’histoire de la folie elle est paradigmatique de la tendance des puissances dominantes et excluantes à désigner l’autre comme radicalement autre, étranger, porteur le plus généralement avili des fantasmes les plus éculés qu’il convient de convier dans le meilleur des cas à l’oubli et dans le pire à l’élimination organisée ».



Il conclut sur les politiques de bouc-émissaires et le refus du « traitement discriminatoire de certaines catégories de citoyens réduits aux actes commis par une infime minorité d’entre eux ».



Dans ce livre, Armand Ajzenberg revient sur les politiques de Vichy envers les malades mentaux. Ces politiques ne sauraient être comprises hors de l’emprise de l’idéologie eugéniste prégnante (et du rôle d’Alexis Carrel). L’auteur analyse non seulement les faits. Il recherche les responsabilités de ce « génocide doux ».



Et sur ce point, il se heurte à la corporation des historien-ne-s qui dédouanent, sous prétexte des difficultés de la guerre ou d’intentions non-proclamées, le gouvernement de la France de ses responsabilités.



De longs passages sont consacrés à remettre en cause les « histoires » ainsi écrites, les présentations mensongères des positions de l’auteur ou des auteur-e-s de la pétition Pour que douleur s’achève (2001), reproduit en annexe, les versions lisses de celles et ceux qui veulent refermer ce temps, ouvert bien tard… par des historiens étrangers (Robert O. Paxton).



L’auteur revient aussi sur Alexis Carrel, les batailles pour « débaptiser » les rues portant le nom de cet ignoble individu. (A quand une gigantesque plaque devant le « sacré-cœur de Montmartre » pour rappeler l’ignominie de l’église, de l’armée, de la république et enfin rendre hommage aux milliers de fusillé-e-s de la Commune).



Faut-il rappeler ici que « personne n’a été jugé pour non-assistance à personnes en danger ou extermination douce des fous. Pour ces dizaines de milliers de morts là, Justice reste à faire. Pas sous forme judiciaire, il est trop tard. Par reconnaissance des torts qui leur ont été faits, par l’inscription de ces faits dans l’histoire ».



Le débat ne saurait être cantonné à une imaginaire Histoire, à une fantasmée Science, il est bien politique.



Nous n’en avons pas fini ni avec la république colonisatrice, ni avec le « régime de Vichy », ni avec la guerre d’Indochine, ni avec celle d’Algérie, pour ne citer que quelques faits glorieux de la république française et de ses gouvernements successifs. Nous n’en avons pas fini avec les universitaires, historien-ne-s ou non, qui au nom d’une certaine scientificité, d’une certaine impartialité, voilent les vérités, couvrent les crimes, et construisent des analyses ne prenant pas en compte les rapports sociaux et les rapports de pouvoir.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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