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Citation de dourvach


"UNE PETITE FILLE PAILLE QUI TROTTE DE SAMOS A BATTERSEA" ou "LE SOLEIL ET LES JOURS" : une critique du roman "Ma chère âme" [1961] par Jean-Louis BORY.

La belle histoire. Une de celles, nombreuses, qu'André Dhôtel, inlassablement, sait conter — et qu'il conte à sa manière : tant de douceur dans la voix, dans le sourire, et ce regard promené sur le monde, émerveillé, émerveillant. André Dhôtel est un de nos rares écrivains d'imagination à posséder ce don qu'on serait tenté d'appeler "le toucher de Midas". Qu'il parle, et son murmure crée la transparence de l'air, le silence plein d'échos, la beauté toujours un peu déchirante : les attitudes, les gestes toujours un peu insolites, délicieusement déconcertants, mystérieux. Derrière le conte ou le spectacle, si simples et puis qu'ils paraissent, il y a toujours à deviner quelque chose. [...] Le destin, cette fois-ci, prend la figure d'une fillette aux cheveux de paille, à la fois furtive et complaisante, insaisissable. On a envie de l'appeler "ma chère âme". Ce que fait Petros. Et la petite fille paille devient sa chère âme, au sens propre. Quoi d'étonnant que Petros la quête à chaque seconde de sa vie, même s'il peut la croire morte ? "L'espérance est la seule folie digne de l'homme", dit quelque part un de ses personnages... Et ailleurs : "Nous vivons pour cinq minutes d'espoir, rappelle-toi bien, c'est cela qui nous vaudra l'éternité." [...]
"Les choses ne sont pas ce que nous croyons, Petros, continue le vieux marchand de tomates, il suffit d'un insensible décalage pour que tout s'illumine." [...]
L'Amour et l'Aventure : thèmes éternels du romanesque pur. Amours impossibles, sans cesse traversées, appels sans réponse, promenades, confidences, azurs et brumes – quel talent faut-il aujourd'hui pour nous plier à ces séductions chevronnées. André Dhôtel fait plus que nous retenir : il envoûte. Il semble avoir retrouvé les secrets tours-de-main de la littérature courtoise. Un bouchon de paille sur la mer prophétise indéfiniment ; la petite fille "paille", qui meurt sans mourir, chère âme immortelle, trotte de Samos à Battersea ; le chevalier Petros croise des lances, traverse des villes comme autant de forêts enchantées, balance entre Hélène et Sophia comme Tristan entre Iseult la Blonde et Iseult le Brune, interroge les signes prodigués par "l'inimaginable beauté du monde".
Plaisir à Dhôtel. Pour le goûter pleinement, il ne faut pas se refaire une chère âme d'enfant – quelle erreur : rien n'est plus subtil que ce réalisme féerique. Il faut soigneusement appliquer une formule proposée par l'auteur lui-même : laisser venir sur soi le soleil et les jours. "

[Jean-Louis BORY, hebdomadaire "L'Express", 4 mai 1961, texte reproduit en intégralité dans le Bulletin n°5 de "LA ROUTE INCONNUE" — Association des Amis d'André Dhôtel" — , août 2003, pages 15-16]

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