Les amis de Pouchkine, lisant ce poème en 1829, s'indignèrent de ce qu'ils virent comme un hymne à l'autocratie. Et c'est, de fait, un hymne - on pourrait croire manichéen - à Pierre le Grand et à la puissance de la Russie. Mais pourquoi "fracassant le verre" ? Le marteau a-t-il besoin de casser le verre pour forger l'acier ? C'est que le verre, dans la poésie russe, c'est une référence, là encore évidente, pour quiconque a un peu lu, à L'Epître sur le verre du premier grand poète russe, Mikhaïl Lomonossov (1711-1765) - qui expliquait que le verre est ce qu'il y a de plus précieux, parce qu'il est fragile, il montre la vérité, il permet de voir plus loin, et il n'existe pas dans la nature : il est une pure création humaine. Le verre, explique Lomonossov, résume toute la grandeur de l'homme. Et c'est donc cette humanité que détruit le "marteau pesant" qui forge l'Empire russe.