Comme un vent froid
Comme un vent froid soudain va rebroussant
Les peupliers, quand le soleil descend
Sur la jonchée au fil de l'eau traînante,
Soudain m'assaut plus aigre et lancinante
Ma vieille angoisse, à chaque octobre renaissant.
J'ai, m'est avis, des ans plus de nonante,
Et crois ouïr ma fin déjà sonnante,
Abusion qui me glace le sang
Comme un vent froid.
Et tel un orbe à canne tâtonnante,
J'erre, on dirait, chape au vent frissonnante,
Dans un caveau nitreux et tabescent,
Où maint péril que mon âme pressent
Va me pressant, et mainte image revenante
Comme un vent froid.