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Citations de André Mary (20)


André Mary
LE BONHOMMEAU

Cinq arpents, voilà tout mon chétif héritage:
Toit de laves, pré, champ de bluets pipolé,
Petit bois en couronne et vigne qui s’étage
Au flanc d’un mamelon rocailleux et pelé.

Ici quelques rosiers et là quelque fruitage ;
Dévalant le courtil et le sentier sablé,
Un ruisselet nourrit les herbes du potage,
Mon ordinaire avec le pain d’orge et de blé.

Ce bosquet me fournit, quand décline septembre,
Bûche et cotret, de quoi remplir mainte charpagne,
Ce bassin d’eau me sert de cuve et de vivier.

Tel est ce petit monde où je puis, d’un janvier
A l’autre, contempler sans sortir de ma chambre
Lac, rivière, forêt, désert, plaine et montagne.


(Rimes et Bacchanales)
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J'ai grand déplaisir
au sujet de la belle
qui a un mari si sauvage :
un singe de marais
n'est pas si contrefait, à beaucoup près ;
on ne saurait trouver
le pareil.
Il est si féroce
avec son court museau,
laid et félon et plein de fureur,
causant douleur et martyre !
Aï ! Aï !
Elle a sûrement jeté
le double as,
celle qui l'a entre ses bras !

Nature est horriblement
cruelle et dure
qui laisse vivre en telle détresse
une si belle créature
comme cette dame que j'aime
et qui a si mauvais mari.
Il ne la laisse vivre.
Mais s'il plaît à Dieu
je crois que j'aurai encore
joie de mes amourettes
qui sont plaisantes et douces.
Lors je chanterai
Aï ! Aï !
et je trouverai
chansonnettes, hoquets et notes nouvelles,
et je danserai.

(Mout me desagree
De lai belle nee
Qui ait marit si savage :
Un cinge marage
N'est pais si contrefais d'asseis.
Ne ne puet estre troveis
Si fais com il est.
Il est si felz
Et s'i ait si cort muzel
Lait et felon est plain d'ire,
De dolor et de martire !
Ai ! ai !
Celle ait bien geteit
Ambesas
Qui l'ait en ses bras !

Mout par est nature
Felenesse et dure
Qui fait vivre a teil destresse
Si belle faiture
Com est ma dame cui j'aim ci,
Qui ait si mavais marit.
Dureir ne la lait.
Mais se Deu plait
Bien croi c'ancor avrai
Joie de mes amorettes
Ki sont plaisanz et doucettes.
Adonc chanterai,
Ai ! ai !
Et si troverai
Chansonnettes, hokès et notes novelles,
Et si dancerai.)

CHANSON A DANSER (Anonyme).
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Qui jamais ne connut ce que c'est que l'amour, n'a jamais pu savoir ce que c'est que la peine.
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Qui jamais ne connut ce que c'est que l'amour, n'a jamais pu savoir ce que c'est que la peine.
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Rondeau de l'égaré

J'ai perdu la bonne voie,
Je n'ai plus rire ni joie,
J'erre dans le fortunal,
Sans boussole ni fanal.

Je ne vois feu ni signal,
Je ne vois tour ni montjoie.
J'ai perdu la bonne voie.

Feuille, à la bise tournoie :
Là- bas, vers ta pâle aunoie
M'emporte sur ton cheval,
Tôt, le baron d'Orqueval !
J'a perdu la bonne voie
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Comme un vent froid

Comme un vent froid soudain va rebroussant
Les peupliers, quand le soleil descend
Sur la jonchée au fil de l'eau traînante,
Soudain m'assaut plus aigre et lancinante
Ma vieille angoisse, à chaque octobre renaissant.


J'ai, m'est avis, des ans plus de nonante,
Et crois ouïr ma fin déjà sonnante,
Abusion qui me glace le sang
Comme un vent froid.


Et tel un orbe à canne tâtonnante,
J'erre, on dirait, chape au vent frissonnante,
Dans un caveau nitreux et tabescent,
Où maint péril que mon âme pressent
Va me pressant, et mainte image revenante
Comme un vent froid.
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C'est pour nous conformer à l'usage que nous faisons figurer le mot Moyen Age en tête de ce recueil poétique qui embrase la période comprise entre le onzième siècle et la fin du quinzième. Nous savons pourtant combien est contestable, surtout appliqué à la littérature, ce terme d'un usage relativement récent. Pour Bossuet et pour Voltaire les Temps modernes succédaient sans transition à l'Antiquité à partir de Charlemagne. Il y a un peu plus de cent ans qu'on a pris l'habitude de distinguer de ce qui le précède et de ce qui le suit cet âge moyen qui va de la mort de Théodose (395) à la prise de Constantinople par les Turcs (1453). Division arbitraire, déjà discutable du point de vue de l'histoire politique, mais qui n'en a aucun du point de vue des lettres.

1211 - [G-F n° 153, p. 7, préface]
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André Mary
LE GRAPILLOT

C'est le raidillon creux criblé de gringuenaudes
Escaladant la friche abrupte où les corbeaux
Rasent l'herbe malingre et les sapins nabots:
C'est là qu'on va cueillir les merises noiraudes.

Les chardons à foulon poussent en billebaude
Dans les buissons pierreux,et le bruit d'un sabot
Y fait enfuir,furtifs,la mante ou l'escarbot,
L'orvet noir et luisant,le lézard en maraude.

Les moutons gris à l'aube y vont s'y bousculant
A l'appel roucouleur du vieux berger très lent,
Et c'est aussi le soir,la petite gardeuse

De vaches,jupe en trous et visage terreux,
Cinglant d'un coup de trique au fond du chemin creux
Une bête meuglante à la croupe anguleuse.
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Ribaut, or estes vos a point:
Li aubre despoillent lor branches
Et vos n'aveiz de robe point,
Si en aureiz froit a voz hanches.
Queil vos fussent or li porpoint
Et li seurquot forrei a manches!
Vos aleiz en été si joint,
Et en yver aleiz si cranche!
Vostre soleir n'ont mestier d'oint:
Vos faites de vos talons planches.
Les noires mouches vos ont point,
Or vos repoinderont les blanches.

Ribauds, vous êtes bien à l'aise!
Les arbres dépouillent leurs branches
et vous n'avez point de vêtements;
vous en aurez froid à vos hanches.
De quelle utilité vous seraient les pourpoints,
et les surcots fourrés avec à manches!
Vous allez l'été si alertes
et en hiver si engourdis !
Vous souliers n'ont besoin de graisse,
vous faites de vos talons semelles.
Les mouches noires vous ont piqués,
maintenant vous piquerons les blanches

1212 - [G-F n° 153, p. 409]
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Tristan gémit : " Bel oncle, on dit : Nul n'est vilain s'il ne fait vilenie. " Mais en quel coeur a pu naître un tel soupçon ?"
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LA TOUSETTE



PASTOURELLE

VIII

« Sire, or pais, je vos en pri
N'ai pas le cuer si failli
Que j'aim mieuz povre desserte
Soz la fueille o mon ami
Que dame en chambre coverte,
Si n'ait ou cure de mi. »
Aé !


— Paix, seigneur, je vous en prie ;
je n'ai pas le cœur si bas ;
j'aime mieux petit contentement
sous la feuillée avec mon ami
qu'être dame en chambre peinte,
et qu'on ne soucie pas de moi.
  Aé !


//Jean de BRAINE [trouvère (1198 – 1239)]
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A cet instant, Brangien entra et les vit qui se regardaient en silence, comme égarés et comme ravis. Elle vit devant eux le vase presque vide et le hanap. Elle prit le vase, courut à la poupe, le lança dans les vagues et gémit : "Malheureuse ! maudit soit le jour où je suis née et maudit le jour où je suis montée sur cette nef ! Iseut, amie, et vous, Tristan, c'est votre mort que vous avez bue !"
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LA TOUSETTE



PASTOURELLE

VII

« Pastorele, en moie foi
Por ce que bele te voi,
Cointe dame, noble et fiere
Se tu vueus, ferai de toi.
Laisse l'amor garçoniere,
Si te tien del tot a moi. »
Aé!



— Pastourelle, sur ma foi,
parce que je te trouve belle,
si tu veux je ferai de toi
dame élégante, noble et fière,
Laisse l'amour des rustauds,
pour t'attacher entièrement à moi.
  Aé !


//Jean de BRAINE [trouvère (1198 – 1239)]
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LA TOUSETTE



PASTOURELLE

VI

« Sire, ci a grant covent
Mais mout est fole qui prent
D'ome estrange en tel manière
Mantel vair ne garniment,
Se ne li fait sa proiere
Et ses bons ne li consent. »
Aé !


— Sire, voilà une belle promesse ;
mais bien folle est celle qui prend
d'un homme étranger de telle manière
manteau de vair ou parure,
si elle ne se rend à sa prière
et ne consent à son caprice.
  Aé !


//Jean de BRAINE [trouvère (1198 – 1239)]
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LA TOUSETTE



PASTOURELLE

V

« Pastorele, s'il t'est bel,
Dame seras d'un chastel.
Desfuble chape grisete,
S'afuble cest vair mantel.
Si sembleras la rosete
Qui s'espanist de novel. »
Aé !


— Pastourelle, s'il te plaît,
tu seras dame d'un château.
Enlève cette chape grise
et revêts ce manteau de vair ;
tu ressembleras à la rose
nouvellement épanouie.
  Aé !


//Jean de BRAINE [trouvère (1198 – 1239)]
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LA TOUSETTE



PASTOURELLE

IV

« Sire, traiez vos en la,
Car tel plait oï je ja.
Ne sui pas abandonee
A chascun qui dit: « Vien ça. »
Ja por vo sele doree
Garinez riens n'i perdra. »
Aé !


— Sire, tirez-vous de là,
j'ai déjà entendu tel discours.
Je ne m'abandonne pas
à tout un chacun qui dit : " Viens ça ! "
Ce n'est pas pour votre selle dorée
que Garinet y perdra rien.
  Aé !


//Jean de BRAINE [trouvère (1198 – 1239)]
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LA TOUSETTE



PASTOURELLE

III

Quant la vi, sotainement
Vers li tor et si descent
Si li dis: « Pastore amie,
De bon cuer a vos me rent :
Faisons de fueille cortine,
S'amerons mignotement. »
Aé !


Quand je la vis solitaire,
j'allai vers elle et descendis de cheval ;
et je lui dis : "Amie pastoure,
je me rends à vous de bon cœur ;
faisons courtines de feuillage
et nous nous aimerons gentiment. "
  Aé !


//Jean de BRAINE [trouvère (1198 – 1239)]
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André Mary
The
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LA TOUSETTE



PASTOURELLE

II

La tose n'ot compaignon
Fors son chien et son baston ;
Por le froit en sa chapete
Se tapist lez un buisson;
En sa fleüte regrete
Garinet et Robeçon.
Aé !


La fillette n'avait compagnon,
hors son chien et son bâton.
À cause du froid, enveloppée de sa chape,
elle s'abritait sous un buisson ;
sur sa flûte elle regrette
Garinet et Robichon.
  Aé !


//Jean de BRAINE [trouvère (1198 – 1239)]
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LA TOUSETTE



PASTOURELLE

I

Par dessoz l'ombre d'un bois
Trovai pastore a mon chois
Contre iver ert bien garnie
La tosete o les crins blois
Quant la vi senz compaignie,
Mon chemin lais, vers li vois.
  Aé !


Par-dessous l'ombre d'un bois
je trouvai pastoure à mon goût.
Elle était bien garantie de l'hiver,
la fillette aux cheveux blonds.
Quand je la vis sans compagnie,
je laisse, je vais à elle.
  Aé !


//Jean de BRAINE [trouvère (1198 – 1239)]
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