Les circonstances, mes livres, des amitiés avaient fait de moi l'avocat et l'incarnation d'une étroite entente entre la France, l'Angleterre et les Etats-Unis. Dès qu'une difficulté semblait diviser ces trois pays, les gouvernements me demandaient d'écrire, tantôt en français, tantôt en anglais, des articles propres à dissiper le malentendu. Pour toute fête franco- britannique, qu'elle fût littéraire ou sportive, anniversaire d'un grand écrivain ou commémoration d'un événement, on exigeait de moi une présence, un discours. J'aurais pu refuser ? Sans doute, mais je croyais profondément à la nécessité, si l'on voulait sauver notre civilisation libérale, de maintenir des liens toujours fragiles. Or c'était un fait que j'étais presque seul à jouer ce rôle.