Pendant dix mois, j’avais été cet homme ; dans l’enlisement progressif du Quartier, j’avais sans cesse dû, pour ne pas sombrer, garder, au prix d’une gymnastique effroyable, mes narines et mes lèvres au-dessus de l’eau trouble. Alors que chaque vie est faite pour s’accrocher à d’autres vies, je n’avais pu que compter sur moi pour me sauver. Et soudain, dans cette lente suffocation où je finissais de mourir loin de Colette, le nouveau venu avait été mon oxygène. Cette trop forte bouffée m’avait soûlé.