The Gargoyle by Andrew Davidson (en anglais)
Ce livre, me dis-tu. Il s'est passé quelque chose de fort étrange avec lui. La première fois que je l'ai vu, il m'a semblé qu'il m'appelait. Comme s'il voulait que je le prenne.
J'ai passé ma vie entière à t'attendre, Marianne. Et je ne le savais même pas avant ton arrivée. Mes brûlures ont été la meilleure chose qui me soit arrivée parce que c'est grâce à elles que tu es apparue. Je voulais mourir, mais tu m'as comblé de tant d'amour que j'en ai été submergé et que je n'ai pu m'empêcher de t'aimer en retour. C'est arrivé avant même que je m'en aperçoive, et maintenant, je ne peux plus imaginer de ne pas t'aimer. Tu m'as dit qu'il m'en fallait beaucoup pour me pousser à croire, mais je crois maintenant. Je crois en ton amour pour moi. Je crois en mon amour pour toi. Je crois que chacun des battements à venir de mon cœur t'appartient, et je crois que lorsque je quitterai enfin ce monde, mon dernier souffle emportera ton nom. Je crois que mon dernier mot - Marianne - sera tout ce qu'il me faudra pour savoir que ma vie a été bonne, pleine et digne, et je crois que notre amour durera toujours.
On dit toujours qu'à vingt ans on a le visage que Dieu vous a donné, et qu'à quarante on a celui qu'on mérite.
Les accidents, comme l'amour, frappent ceux qui s'y attendent le moins, souvent avec violence.
C'était vendredi saint, et les étoiles commençaient seulement à se dissoudre dans l'aube. Tout en conduisant, par habitude, je frottais la cicatrice sur ma poitrine. J'avais les yeux fatigués et la vue brouillée, ce qui n'était pas étonnant vu que j'avais passé la nuit penché sur un miroir, à aspirer les barreaux de poudre blanche qui emprisonnaient mon visage dans le verre. Je croyais aiguiser mes réflexes. J'avais tort.
mais il y a autre chose qui ne change jamais avec les riches : ils pensent que les pauvres s'achetent toujours. et, dans les faits, ils ont raison.
Quel tour inattendu du destin : il a fallu que ma peau soit brûlée pour que je puisse enfin devenir sensible. Ce n'est qu'après m'être réincarné en un être physiquement repoussant que j'ai pu entrevoir les possibilités du coeur : si j'ai accepté ce visage affreux et ce corps abobinable, c'est parce qu'ils m'ont forcé à dépasser les limites de ce que je suis tandis que mon corps précédent me permettait de les dissimuler.
Je m'en suis sacrément bien sorti, et je vais te dire : une femme comme ça, tu t'accroches et tu te demandes pas ce que tu as fait pour la mériter. Tu espères juste qu'elle n'ouvrira jamais les yeux et ne changera pas d'avis.
Morceau par morceau, je partais en déchets
médicaux. Qui sait, peut-être qu'un jour, à
force d'en retirer, les chirurgiens me
réduiront à un néant complet.
Les accidents, comme l'amour frappent ceux qui s'y attendent le moins, souvent avec violence.
"J'ai parfois l'impression qu'il y a quelque chose de profondément contraire à la nature même de l'homme dans le fait d'écrire, en particulier de la poésie. En proie à des accès de paranoïa due à la cocaïne, il m'arrivait de brûler mes cahiers de poésie et de regarder les pages se consumer une à une, les flammes crachant en l'air de petits flocons gris. Tandis que mes mots de cendre s'envolaient vers les cieux, je me sentais rassuré de savoir que ma personnalité profonde était à nouveau à l'abri: la meilleure équipe médico-légale du FBI n'arriveraient pas à reconstituer mes émotions. Dissimuler mes émotions les plus sincères dans mes écrits avait ce ci de beau que je pouvais les incinérer sans prévenir."