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2/5 (sur 2 notes)

Nationalité : Pologne
Né(e) à : Lviv, Ukraine , le 30/11/1931
Mort(e) à : Varsovie , le 19/05/2014
Biographie :

Andrzej Czcibor-Piotrowski est déporté en 1941 au fin fond de la Russie, puis en Ouzbékistan. Traducteur de grands écrivains tchèques (Hrabal) et anglais (Eliot), il est l’auteur de plusieurs recueils de poésie.

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Bibliographie de Andrzej Czcibor-Piotrowski   (1)Voir plus

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
ça s’est passé ainsi jusqu’au jour où, en regardant son ventre basané presque plat, coupé vers le bas par un étroit sillon qu’assombrissait un joli pompon de cheveux noirs, un pompon épais, bouclé comme de l’astrakan, j’ai admiré une goutte d’eau qui descendait de sous son profond nombril et je me suis soudain précipité, je me suis approché d’elle, je me suis agenouillé entre ses jambes pliées, je me suis penché et avec ma langue j’ai léché cette goutte que le soleil traversait, une goutte dorée comme une lame d’ambre.
Un instant, Sara resta couchée, sans bouger, puis elle tendit les bras vers moi et me dit doucement, pour que maman endormie, abritée à l’ombre des buissons voisins n’entende rien : - Viens !
Elle me tira à elle, je me couchai entre ses cuisses entrouvertes, nous nous sommes collés l’un à l’autre, fortement, dans cette étroite étreinte nos corps séchèrent plus vite, il me semblait entendre les gouttes d’eau sur la peau de nos corps tendus devenir vapeur sifflante.
Désormais, je savais pour de bon que je ne pouvais continuer à être Oupi, l’amie de Sara, j’étais André, le petit Dédé, j’avais ma première petite amie, moi, un garçon de chair et de sang, Oupi était vraiment partie pour que puisse s’accomplir cette métamorphose.
Mais j’ignorais – et comment l’aurais-je ? - qu’à peine une année s’écoulerait avant que je sois arraché à Sara, que des milliers de verstes nous sépareraient et que plus jamais je ne la reverrais, j’ignorais aussi –surprise ! – qu’Oupi reviendrait.
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car Sara irradiait un éclat extraordinaire, une lumière rayonnante, et tous ceux qui étaient autour d'elle demeuraient dans son cercle unique, inimitable, la force de sa foi pénétrait en eux, cette foi selon laquelle nous qui sommes vivants, sensibles et tendres, nous devions exister envers et contre tout pour que ne se refermât pas à jamais le cycle de la vie, pour que notre monde ne pérît pas, quel qu'il soit, car il ne durerait qu'en nous, immuable tant que nous serions là, bien qu'il subît, avec nous, les plus douloureuses et les plus difficiles épreuves.
C'est ainsi que Sara, qui possédait un don merveilleux pour s'ouvrir aux autres, devint imperceptiblement une partie inséparable de notre famille ; notre si belle maman s'en réjouissait, bien qu'elle fût empêtrée dans ses hésitations sentimentales, hantée par la pensée qu'elle avait déçu, trahi notre papa, comme nous le soupçonnions Sara et moi, en préférant Lvov à Varsovie ; elle, si peu à la maison parce que absorbée par un travail volontaire dans les hôpitaux de Lvov et ses activités dans la Résistance, elle se réjouissait que notre cercle s'agrandit, et pas plus que nous elle ne pouvait imaginer sans Sara l'appartement de maminette où, dorénavant, les femmes prédominaient :
trois générations de belles brunes aux yeux sombres, débrouillardes, indépendantes, passionnées et obstinées, sages et brillantes, se ressemblant même un peu par le physique et par le caractère.
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-Que soit maudit le sang qui coule dans mes veines ! Je n'y tiens plus... Viens ici !
J'obéis humblement et rampai vers elle, je baissait la tête et collai mon visage sur ce pompon flamboyant, à la jointure des cuisses, ce pompon que j'ai déjà vu une fois, par hasard, à l'étuve, de loin, il brillait comme la lampe d'Aladin ; tout heureux, je sentis avec ma joue sa chaude douceur féline, Mania m'aida : elle écarta des doigts sa toison d'or, se découvrant à moi, sans honte, et elle dit :
- Embrasse !
Aveuglé par cet or vivant, embrasé comme les trésors royaux, je collai ma bouche à ses lèvres doubles qui, elles aussi, s'écartèrent ; on aurait dit qu'elles m'embrassaient et se collaient à moi, qu'elles emprisonnaient ma langue ; je l'embrassais longtemps, très longtemps, car dans sa voix résonnait un ordre, pas une prière, pour que je lui donne tout ce que j'avais et que je ne presse que ce qui me serait offert avec bienveillance et, fidèlement, j'accomplissais cette injonction, comme si c'était l'impératrice Catherine la Grande qui me l'avait demandé ; enfin, Mania murmura en se penchant vers moi :
- Pour le moment ça suffit comme ça !
transfigurée, elle se mit à genou, approcha son visage du mien, embrassa ma bouche humide, tout embaumée d'elle, puis elle fit sur moi, trois fois, le signe de croix;
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