Angel Wagenstein -
Adieu Shanghai .
Emmanuelle Collas présente l'ouvrage d'
Angel Wagenstein "
Adieu Shanghai". Parution le 6 février 2015 aux éditions Galaade. Rentrée littéraire 2015. Traduit du bulgare par
Kracimir Kavaldjiev et
Véronika Nentcheva. http://www.mollat.com/livres/wagenstein-angel-adieu-shanghai-9782351763735.html Notes de Musique : ?Opium? (by Albert Glasser). Free Music Archive.
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J'étais fidèle à Sarah, je le jure. Mais pour être tout à fait sincère, j'ajouterais que cette fidélité tenait peut-être avant tout à la rareté des occasions susceptibles d'infirmer ou de confirmer mon assertion précédente. En pareille circonstance, je te conseillerais de ne pas accorder foi à celui qui te jurerait que pour rien au monde il ne toucherait à la langouste sauce tartare, sans t'assurer au préalable qu'il se soit déjà trouvé en position de le faire.
il faut signaler que les talmudistes du sanhédrin de Babylone furent jadis sollicités afin d'élucider une certaine énigme : pourquoi Jéhovah attendit-Il le sixième jour pour créer l'homme et la femme ? La réponse des Sages fut on ne peut plus claire : Adam et Eve étaient juifs et fussent-ils apparus le premier jour qu'ils eussent rendu fou le Créateur à force d'avis et de recommandations.
Les lettres et les mots, ces grains dorés qui servent à égrener les pensées.
Empli de compassion envers son prochain, Bendavid n'en accepta pas moins de cumuler les emplois de zadik à la synagogue et au Club des athées - dans le premier cas pour ceux qui croyaient en Dieu, dans le deuxième cas, pour ceux qui croyaient en Marx.
Et dans le paradis des ânes, un âne gris au sang andalou tourne et tourne en rond, toujours sur place, mais la roue puise de l'eau et arrose les racines même de la vie. Et c'est ainsi que grossit une citrouille jaune, tout comme cet espoir qui jamais n'abandonna les miens au long de leur interminable et épuisant périple depuis Tolède jusqu'à Plovdid.
Et si ce voyage à l'autre bout du monde jusqu'ici possède un sens quelconque, c'est celui de l'amour d'une fille - Araxi Vartanian.
Seulement l'amour et rien d'autre !
Telle est la loi de la nature: les forts dévorent les faibles, mais ils ont les yeux plus gros que le ventre - les coliques et aigreurs d'estomac qui s'ensuivent ne se guérissent que par des révolutions. Celles-ci engendrent le chaos, et du chaos naissent de nouveaux monde (espérons que le monde à venir sera moins merdique que celui d'aujourd'hui). Et ainsi de suite jusqu'à la prochaine redistribution des cartes - c'est à dire jusqu'à la prochaine guerre. Elle ne saurait tarder.
Tout ce drame des rêves envolés d'un adjudant, aux allures de tragédie antique par sa sombre grandeur, tenait en quatre mots :
" La guerre est finie ! "
Ne va pas chercher, je te prie, la moindre logique dans mon destin car ce n’est pas moi qui dirigeais les évènements, mais bien plutôt l’inverse – je n’étais ni la pierre du moulin, ni même l’eau qui fait tourner celle-ci. Je n’étais que le grain à moudre et les desseins du Meunier, gloire à Son nom pour des siècles et des siècles, me demeurent impénétrables.
Il était aussi connu sous le nom de Manouche la Clarinette, ce qui ne lui rendait guère justice puisque, outre la clarinette, il jouait divinement de tous les instruments et que s'agissant de musique, il n'existait pour lui aucun domaine inaccessible. Cela restait vrai du classique, par exemple d'Amadeus Mozart et de sa petite musique de nuit que Manouche Aliev enrichissait généreusement d'acrobatiques variations tziganes jusqu'à la transformer en grande musique de minuit.
Manouche était un véritable tablent, plein de grandeur et de furie. Dans les moments de suprême inspiration passaient dans ses yeux les lueurs de feux de camp tziganes, les crinières de chevaux au galop et les démons qui incendiaient ses veines brûlaient comme raki de Karlovo trois fois bouilli pour inonder les âmes de l'éclat des étoiles.
Ces jours-là, on attribuait à Joseph Staline le mérite personnel du retournement de situation sur le front russe. possible. Si la rumeur et l'Histoire aiment à simplifier et personnifier les évènements afin de les rendre plus digeste. il serait cependant par trop simpliste de mettre toutes les victoires et tous les naufrages au crédit d'un seul homme. Il est ainsi peu probable que le message codé par le journaliste suisse Jean-Loup Vincent ait joué à lui seul un rôle décisif dans cette épopée si dramatique pour Moscou. Attribuer la prise de Troie, au terme d'un infructueux siège de dix ans, à un cheval en bois creux, la destruction de l'inexpugnable Jéricho à des trompettes ou le salut de Rome à des vols d'oies. Autant de procédés littéraires, mais bien loin de restituer toute la complexité et la barbarie de la vérité historique....[...]Semblables supercheries douanières se comptent par dizaines ; Pearl Harbour est du nombre.