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Critiques de Anja Klabunde (6)
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Magda Goebbels : Approche d'une vie

Le nazisme avait aussi un visage féminin : celui de Magda Goebbels, épouse du ministre de la Propagande Joseph Goebbels. A travers cette biographie parfaitement documentée, Anja Klabunde veut nous faire découvrir comment un mouvement nationaliste typiquement masculin, assis sur le sentiment de déshonneur des militaires, a pu être incarné par cette mère de famille de la haute bourgeoisie désignée comme la Première Dame du Troisième Reich.



Mal connu en France, le parcours de cette femme est surprenant et interpelle le lecteur : par quel processus une femme intelligente et bien éduquée, élevée par un beau-père juif affectueux, passe des bras d’un sioniste convaincu à ceux d’un haut dignitaire du régime nazi ? C’est la question qui sert de matrice à l’auteur, réalisatrice de documentaires, à travers une enquête factuelle reposant sur une suite d’instants de vie mis en perspective.



Ainsi c’est peut-être le mysticisme qui auréole mystérieusement le national-socialisme qui fait basculer cette femme respectable dans le fascisme. Ce trait est saisissant car il est également évoqué par Hoess dans son autobiographie rédigée la veille de son exécution "Le commandant d'Auschwitz parle". Déçue par un premier mariage dénué de charme, Magda encore appelée Quandt découvre à travers le national-socialisme, un idéal de vie où humiliation et sentiment d’infériorité qu’elles exècrent sont bannis au profit d’un sentiment surnaturel de prestige et de grandeur. Adhérer au parti c’est comme entrer en religion, règne d’une ferveur irrationnelle. C’est une religion pour laquelle Hitler s’évertue à apparaître comme un guide messianique que chacun est tenu de suivre aveuglément en convainquant Magda comme les autres de l’existence d’une "mission supérieure". S’identifiant totalement au régime, elle accepte même le dogme de son sacrifice et de celui de ses enfants.



C’est peut être également la quête permanente de prestige social et de sécurité chez cette femme orgueilleuse à une époque où Berlin connaît la pauvreté et les restrictions de toute sorte pour honorer les réparations de guerre. La promesse de participer au pouvoir balaye tous les doutes qu’elle a pu exprimer à demi-mot sur le programme du parti. Lucide sur les mensonges d’Etat, la propagande outrancière, les mises en scène et la manipulation des masses, Magda n’en demeure pas moins captivée par le souci de briller en société.



Ce peut être enfin son attirance pour les hommes d’influence aussi cyniques soient-ils. L’exercice d’un charisme et d’une autorité naturels suffisait à captiver cette femme qui n’a jamais su s’affirmer et s’émanciper. Elle s’identifiait à ces hommes convaincue d’incarner ce qu’ils représentent.



L’auteur ne tranche pas la question. Si bien que le cheminement intellectuel de Magda Goebbels demeure bien mystérieux, à l’image de celui de ces millions d’allemands, qui ont obéi de manière irrationnelle à ce fanatisme national-socialiste. Pire, cette biographie pose plus d’énigmes sur la personnalité de cette femme à laquelle Hitler vouait une profonde admiration qu’elle n’en résout, en agrémentant le portrait de réflexions pas toujours judicieuses. Malgré certains effets linguistiques maladroits de l’auteur faisant entrer le lecteur dans l’intimité de Magda Goebbels, cette biographie n’en demeure pas moins captivante. Richement documenté, ce livre a le mérite d’exposer non seulement le fonctionnement et les inimitiés de l’élite nazie, mais également la volonté du national-socialisme d’utiliser opportunément les tendances romantiques des allemands, enclins à un certain idéalisme, pour les pervertir et faire accepter l’inacceptable.

Le point certainement le plus surprenant de cette biographie est qu’en s’attardant sur les déboires du couple Goebbels, l’auteur dresse le portrait d’un Hitler "conseiller conjugal" compatissant et bienveillant, afin de sanctuariser l'idéal national-socialiste.





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Magda Goebbels : Approche d'une vie

L'auteur est historienne et réalisatrice de documentaires. Le ton est donné et l'ouvrage est construit comme un cours d'histoire avec des éléments le plus souvent supputés concernant celle qui épousera le Dr Goebbels. Pour preuve, l'écrivaine précise dans son avant-propos "En ce qui concerne la vie de Magda Goebbels elle-même, il n'existe que peu de sources fiables, aussi me suis-je en partie appuyée sur le livre de Hans Otto Meismer." En définitive, le sentiment est, à la lecture, que Magda Goebbels, fuyant une certaine misère sociale a été happée par les feux de la rampe à l'instar de Mireille Balin, des personnes sans convictions profondes, surprises par la vie et l'inconvénient d'être né, pour reprendre une expression de Cioran.
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Magda Goebbels : Approche d'une vie

Magda Goebbels était considérée comme la Première dame du IIIe Reich, incarnant l’idéal féminin aux yeux d’Hitler et consorts. Autrement dit une femme élégante mais une mère avant tout. Elle est aujourd’hui beaucoup plus connue pour s’être donné la mort peu après Hitler, après avoir avec son mari empoisonné leurs 6 enfants. Seul l’aîné, Harald, eu la chance d’être emprisonné par les Alliés en Italie !



Sinon l’ambition, rien n’augurait un tel destin puisque Magda fut élevée par un beau-père aimant d’obédience juive. Puis devenue jeune femme, elle eut une relation avec Victor Arlosoroff, un militant sioniste de tout premier plan (qui fut d’ailleurs assassiné quelques années plus tard par les nazis, sans doute sur l’ordre de Joseph Goebbels). Puis elle eut un premier enfant avec Günther Quandt, homme d’affaires avisé, qui la sortit de la pauvreté et la précarité pour l’amener dans les hautes sphères de la société. Mais Magda n’était finalement que sa “belle chose” et ne se satisfaisait pas d’une telle situation. Embrassant avec enthousiasme les convictions nazies, et Joseph Goebbels par la même occasion, elle atteint le sommet de la hiérarchie en devenant une proche d’Hitler.



Anja Klabunde revient ici en détail sur ce parcours étonnant et tragique d’une femme qui s’est toujours cherché et a finalement fait les pires choix possibles. Une excellente biographie qui tout en humanisant la première des “furies d’Hitler”, ne cherche en aucun cas à lui donner d’excuses. Expliquer la société dans laquelle elle vivait et les circonstances de son parcours ne permettent en aucun cas de justifier l’abomination de son engagement volontaire dans ce qui sera un des pires régimes du XXe siècle. Un récit édifiant sur une femme ayant par ambition pactisé avec le diable.
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Magda Goebbels : Approche d'une vie

Magda Goebbels est LA femme la plus connue du troisième Reich, mais reste à mes yeux la plus mystérieuse. En effet, rien ne la prédestinait à un tel destin. Elle n'est pas une enfant qui est un "pur produit" nazi, dans le sens où elle n'a pas grandi - à l'instar de Gerda Buch (épouse Bormann) ou Lina von Osten (épouse Heydrich) - au sein d'une famille déjà acquise au nazisme.

Bien au contraire ! Je n'arrête pas de me demander, comment en ayant eu une enfance entourée de personnes si chaleureuses à son égard (son père adoptif, R.Friedlander, son petit ami V.Arlosoroff,ainsi que tout sa famille) Magda est devenue la première dame du Reich, s'affichant comme une national socialiste convaincue.

Ce livre de Anja Klabunde tente d'éclaircir beaucoup de points de sa personnalité qui en font une personne si complexe et à ce titre c'est bien plus qu'une biographie.

J'ai rencontré une femme ambitieuse avide d'intégrer un milieu social élevé pour obtenir pouvoir et prestige. Mais là, je me dis, son union avec Quandt, le riche ingénieur, aurait dû lui suffire pour assouvir ces objectifs.

Le mouvement national socialiste, bien qu'elle ne semblait pas totalement convaincue par ses grandes idées, lui a permis - en lui offrant une place très "exposée" - de donner un sens à sa vie.

Reste encore à comprendre pourquoi, elle qui se revendiquait libre, elle s'est ainsi enfermé dans cette relation si toxique avec Joseph Goebbels ? Pour rester proche d'Hitler ? du pouvoir ?

Ce qui est certain, c'est que lorsque son idéal du mouvement national socialiste s'est écroulé, elle n'a pas envisagé une autre issue que la mort. Elle a fermé les yeux sur trop de choses pour assurer son confort quotidien, accepté et laisser faire des choses terribles , comme la déportation et la mort de son beau père qui l'a élevée , l'assassinat (très vraisemblablement par son mari) de V. Arlosoroff...

Comme je vous le disais, cette femme est une énigme et ce jusqu'à la fin. On peut comprendre son choix de se suicider mais comment comprendre son geste à l'égard de ses 6 jeunes enfants ? Ils auraient pu vivre dans le monde d'après. Je pense qu'elle n'aurait pas pu supporter que ses enfants réalisent tout ce qu'elle avait cautionné et la voient avec d'autres yeux!

Oui, une personne vraiment difficile à cerner ! Heureusement, ce livre est là pour mieux la connaître et essayer de comprendre ! Merci Anja Klabunde.

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Magda Goebbels : Approche d'une vie

J'ai trouvé ce livre au gré de mes navigation sur le web, je me le suis procuré, et je l'ai lu d'un trait.

J'ai été saisie par le destin de cette femme, dont je connaissais le parcours et son tragique destin depuis longtemps.

Cette biographie est très documentée malgré le fait qu'il n'y ait que très peu de témoignages de Magda elle-même, et la reconstitution du conteste historique est bien mis en valeur.

Magda fut une femme brillante qui ne savait pas comment briller. Ses rencontres lui permirent de s'élever en société, ses mariages malheureux, ses nombreuses grossesses ne lui permirent pas de se réaliser en tant que femme.

Elle ne put vivre que par procuration, servir de faire-valoir aux hommes et au nouveau régime national-socialiste.

Elle fit de mauvais choix, elle ui après son premier divorce aurait pu se contenter de profiter d'une vie confortable avec son fils, son ancien mari continuant à pourvoir à ses besoins.

Mais voilà, l'ennui, le manque d'ambition personnelle, son entourage réduit, lui a fait chercher un but dans sa vie.

Et, là, hasard de la destinée, le contexte politique, l'accession de Hitler au pouvoir, lui font rencontrer ce personnage méphitique, le Belzébuth de la propagande, ce Goebbels qui l'adule et en même temps la méprise et l'humilie.

Elle se rend compte, un peu tard, qu'elle est entré dans un engrenage fatal qui ne peut aboutir qu'à une tragédie.

Oui, elle a eu une vie de princesse, mais sous les beaux atours, il y a une femme border- line, souffrante, qui qubit et endure, qui s'emprisonne elle-même dans un processus sectaire et aveuglant qui devient inextricable.

Hélas, elle entraîne ses enfant dans la mort, et sa fille aînée Helga ne voulait pas mourir, elle s'est débattue, on a retrouvé après des traces de luttes et sa mâchoire cassée.

La petite a payé pour la mort de Anne Frank et des milliers d'autres enfants deux mois plus tôt, innocente elle aussi de la folie furieuse de la guerre avec ses soeurs et son frères.

Magda Goebbels avait en elle la même folie qu'Alexandra Romanov avec Raspoutine, elle a cru en des illusions, elle n'a pas su discerner ce qui était bon pour elle, comme un oiseau en plein vol, elle est tombée sous les assauts du nazisme.

Son histoire m'a touchée, car le sort des femmes allemandes fut et reste Kirche Kinder Kuche (église, enfants, cuisine), ce qui conduit inévitablement au Bovarysme.

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Magda Goebbels : Approche d'une vie

Il s'agit d'une biographie très documentée qui se base notamment sur la correspondance de Magda et de sa mère, ou de celle du premier mari, un riche industriel allemand. Elle se lit d'un trait et nous permet de mieux appréhender Magda Goebbels, cette femme dite la première dame du Reich.

On y découvre une femme belle et élégante qui rêve de gloire et de luxe, ce qu'elle pensait obtenir à travers son premier mariage avec un aristocrate plus âgé qu'elle. Ce sera néanmoins son deuxième époux, Joseph Goebbels et le IIIème Reich qui le lui apporteront : proche d'Hitler et incarnant la mère parfaite avec ses 6 enfants. Mais, Magda est aussi une femme vide, qui se cherche, attend de l'autre de pouvoir exister et qui ne vit finalement que par procuration. Fascinée dès la première rencontre par Joseph lors d'un de ses discours enflammé par la haine, elle lie son destin à cet homme qui a une revanche à prendre sur le monde entier. En effet, Joseph a la sensation qu'on ne lui a pas donné sa chance et la possibilité de briller dans la société. Le nazisme lui offre cette opportunité et grâce à ses dons d'orateur, il se fait une place en haranguant les foules à coup de discours antisémites et mensongers. Il fait en sorte de se rendre indispensable au sein de ce cercle restreint autour de Hitler. La relation au sein du couple, présenté comme parfait, sera en réalité plutôt houleuse, à cause des infidélités répétées de Joseph Goebbels, et profondément destructrices pour Magda et son équilibre mental.

On y découvre une Magda Goebbels paradoxale, tout d'abord en raison de ses liens avec le monde du judaïsme : un beau-père juif présent et attentif qui la reconnaît suite à l'abandon du père biologique, un premier amour ou les premiers émois avec Victor Arlozoroff, un sioniste convaincu et militant, dont elle causera vraisemblablement la perte indirectement. C'est en totale contradiction avec son soutien indéfectible pour ce mari complexé qui mène une propagande acharnée contre les juifs. Magda vit dans une sorte de bulle, comme l'illustre sa vie quotidienne, coupée des réalités monstrueuses de la persécution des Juifs bien avant les débuts de la guerre. Elle attend la naissance de ses enfants ou s'occupe d'eux, bien à l'abri dans des villas luxueuses qu'elle aménage, pendant que le peuple allemand souffre, puis agonise. Elle gravite dans des cercles qui se congratulent et se gargarisent face à ce monde qu'ils imaginent millénaire. Magda Goebbels reste une femme à la fois fascinante par sa beauté et son histoire, et dénaturée. C'est elle qui prend la terrible décision de tuer ses propres enfants avant de se donner la mort aux côtés de son époux. Elle n'envisage absolument aucun avenir pour ses enfants en dehors du Reich et du Führer.

On suit dans ces lignes une page sombre de l'histoire du XXème siècle, à travers des personnages finalement petits et mesquins, qui par un jeu de pouvoirs, se retrouvent catapultés dans les plus hautes sphères de la politique et se sentent intouchables, jusqu'à ce que leur monde s'écroule.
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