Anna Owerka

Nous donnons une priorité à l’école et aux apprentissages de métiers pour les plus grands. Nous soignons, hébergeons, instruisons. Le but local est de diminuer l’échec citadins des jeunes qui délaissent les campagnes « trop ringardes » où pléthore d’entre eux finissent drogués et prostitués après la recherche d’un travail rémunérant qu’ils n’ont pas trouvé. Nos partenaires inter-pays africains s’occupent de l’insertion des adultes, du développement de l’agriculture locale, des soins médicaux, de la mise en place de réseaux de distribution de l’eau à proximité, expansions environnementales etc… etc… Notre travail est efficace, des équipes œuvrent en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Congo et au Rwanda. Pas une efficacité à cent pour cent, personne n’est au-dessus de personne.

Dans nombreuses de mes nuits d’enfant un rêve revenait : j’embarquais à bord d’un vieux rafiot, un chapeau colonial sur la tête, une tenue de safari comme unique vêtement. La sirène sonnait la levée de l’encre et voguait le bateau sur les flots. La mission de notre équipage était de distribuer à manger et à boire aux peuples affamés de ce monde. Le rafiot amarrait dans tous les ports où enfants, femmes et hommes, se mourraient peu à peu pour être nés en terre aride. Quand nous posions pieds à terre, des chants s’élevaient en l’honneur de notre équipage. Nous étions connus à travers le monde et attendus par tous les pauvres en Afrique, en Asie et en Amérique du sud. A la fin du rêve plus personne n’avait faim ni soif et tout le monde guérissait de toute maladie.

Par le passé, quand j’évoquai à plusieurs reprises ma vocation, ma mère répétait la même rengaine : Victoire chérie ce n’est pas un métier. Tu deviendras avocate comme ton père, il n’en sera pas autrement. Tu aideras les pauvres par des dons d’argent. Nul n’est besoin de partir à travers les continents pour faire le bien. Depuis bien des décennies beaucoup œuvrent  pour conjurer le sort des malheureux mais un autre enjeu que celui de l’humanité prédomine en ce bas monde. Peine perdue. Tu n’iras pas respirer la poussière ! Tu n’iras pas contracter je ne sais quelle maladie ! Tu es ma fille et je ne veux en aucun cas que tu deviennes ce que je ne désire pa

C’était la belle époque. Epoque où chaque jour, après l’école je rejoignais ma maman dans les loges de salles d’opéras pendant des répétitions. Les veilles des lendemains sans école, j’assistais aux représentations. Excitation intense. Maquillage, habillage, coiffage, strass, paillettes. Perfection de mes jours. Une enfance et une presque fin d’adolescence exquises.

Ce que j’ai fait est juste ! J’ai vengée mon enfance violée, volée, salie ! C’est un curé qui m’a caressée le sexe pour la première fois, j’avais douze ans, ça a duré deux ans ! Je ne pouvais en parler à personne car tu connais l’histoire : « on ne croit pas les sales gosses qui racontent des saletés sur les curés » !

C’était le propre des psychopathes de dissimuler leur terrible maladie jusqu’au jour où ils se font surprendre, piqué dans leur vanité la plus protégée.

Mon père aimait le bon vin, la bonne bouffe mais aussi les femmes. Il avait épousé Anaïs mais une seule femme ne lui suffit pas.

Une mère a toujours raison.