Anna Sommer

L’illustratrice et auteur suisse propose dans Les grandes filles une série de collages dans laquelle les femmes se trouvent au 1er plan. Instantanés de la vie quotidienne ou fable intemporelle, humour, malaise, tendresse, cruauté, elle varie les registres au fil des pages et puise dans les techniques du dessin à la plume, de la gravure sur zinc ou du découpage.



Les grandes filles sont des citadines presque réalistes, au penchant très marqué pour la mode (importance des chaussures que l’on retrouve même sur le tatouage d’un homme), posant rarement seules mais avec un animal ou une autre personne. Très féminines dans leur tenue (jupes, gants, bottines avec lacets), elles affichent un air mélancolique et semblent apprivoiser les animaux les plus sauvages (ours, renard). On les retrouve parfois nues, dans des poses ouvertement érotiques ou des scènes d’intimité.

Le chapitre Bêtes de salon met en scène des têtes d’animaux avec des corps d’humour non sans humour. Une panthère prend dans ses bras par exemple une biche qui lui montre une paire de chaussures à imprimés léopard. Une veuve à la tête de chat pose devant le portrait de son mari défunt à la tête de chien.



L’album contient également des autoportraits de l’auteur à différents âges (5 ans, 20 ans, 40 ans) croqués avec auto-dérision.

Tout commence par la découverte d'un nouveau né dans une cabine d'essayage par la propriétaire d'un magasin de vêtements, Hélène. Cette dernière ne sait pas quoi faire, elle pense à alerter la police mais, finalement se désiste. Elle décide alors de garder le bébé loin des regards et surtout en secret de son mari...

D'un autre côté, il y a l'histoire de deux adolescentes solitaires et paumées : Vicky et Wanda.

Ces deux histoires vont finalement se rapprocher et bientôt en devenir une seule.

Anna Sommer dresse ici des portraits complexes autour du thème du couple, de l'infidelité, du sexe mais surtout de la maternité.

Cette bande dessinée, sélectionnée pour le dernier Fauve d'or d'Angoulême, se lit d'une traite et très bien faite. On tourne les pages sans (presque) se douter de la suivante. Chaque protagoniste est attachant tout en étant énervant, leurs choix sont indécis et le lecteur ne sait plus où donner de la tête. Il n'en reste que c'est une lecture qui m'a percuté et qui mériterait à mon sens d'être plus connue.

L'ouvrage s'adresse à des enfants déjà grands, capables de réfléchir au-delà des aléas d'une naissance. Quoique, même un adulte restera complètement confondu face à l'intrigue presque délirante (on entoure l'œuf blessé d'un fil de laine...), et la chute, interprétable de mille et une façons.
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Anna Sommer retrace sa vie, de son enfance à l'âge adulte en passant par son premier amour pour le si mignon prof de piano, les émois de la puberté, ce corps parfois ridicule que l'on aimerait cacher, les affres de la constipation, les premières règles, les moignons d'un petit camarade de jeu, une opération du cerveau ou le dévoilement des bijoux indiscrets de son petit copain…

Anna rit d'elle même et met les pieds dans le plat.

Cette BD a certainement eu un effet libérateur sur elle. Elle nous livre certains de ses souvenirs, des souvenirs drôles et grinçants où le texte est secondaire, les bulles quasiment absentes. Une introspection dans laquelle je me suis sentie de trop.

Hélène, propriétaire d'un magasin de fringues, découvre un nouveau-né dans une de ses cabines d'essayage, Elle décide de le garder et le cache en aménageant un couffin dans une caisse en carton. Aux clientes curieuses, inquiètes d'entendre un nourrisson, elle déclarera qu'il y a de nouveaux locataires dans la maison d'à côté. Elle ne raconte rien à son compagnon Antoine, qui est prof et entretient une relation avec Vicky, une de ses élèves Celle-ci, avec une amie, se prostituent pour doper leur quotidien. Anna Sommer mitonne une fable cruelle et grinçante sur notre condition et nos rapports aux autres.

Le long format n'édulcore absolument pas l'acidité du récit qui caractérise son œuvre. Artiste complète (elle fait de la gravure, du collage et confectionne des poupées de chiffon), elle a choisi ici la simplicité du trait à l'encre et un découpage sans case, son autre marque de fabrique. Une bédé comme je les aime !

Juste glauque.

Super livre pour se détendre.