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Citations de Anne-Laure Buffet (20)


Les victimes de violences psychologiques ne sont pas identifiables au premier regard. Elles ne le portent pas sur leur visage. On peut dire d'elles : "pourtant elle avait l'air d'aller si bien...Jamais je n'aurai imaginé..." Elles sont jeunes ou vieilles, riches ou pauvres. Elles travaillent, ont des postes à responsabilité, dirigent des sociétés ou y sont employées. Elles sont à la retraite ou sans emploi, encore étudiantes ou mères au foyer. Leur physique ne compte pas. Elles se trouvent à coté de chez vous, dans votre ville, dans votre rue, parfois dans votre famille. Elles sont sans cicatrice visible, sans blessure apparente. Elles sont silencieuses ou bavardes, tristes ou joyeuses. Elles sont, parce qu'elles sont en vie. Mais elles ne vivent pas. Elles survivent.
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L'emprise psychologique est un contrôle abusif de la pensée, de la volonté, de l'action et de l'affection d'une personne pour une autre. Ce n'est pas et n'est jamais de l'amour, la victime de cette emprise - l'enfant-n'étant jamais libre. L'interdit de cette liberté pourtant essentielle souligne l'absence de considération de la mère pour son enfant. Il n'est qu'un objet, un jouet, un trophée ou un défouloir. Il est instrumentalisé. L'emprise exclut toute notion d'altérité, de bienveillance, de protection. La relation et tous ses messages sont truqués, tronqués ; le quotidien est flouté, trahi ou transformé. L'individuation est presque impossible face à une mère qui se tient en embuscade, prête à resserrer son emprise autant que nécessaire.
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"Une mère est forcément une bonne mère, une maman idéale, voire une mère parfaite. La figure de la mère fait l'objet d'une telle vénération encore maintenant, qu'évoquer les erreurs, les manquements, l'indifférence et la maltraitance maternels revient à briser un tabou pour celui ou celle qui en a porté le poids. Or qu'il s'agisse de mère vulnérable, narcissique, malaimante ou toxique, les conséquences sont réelles sur l'enfant devenu adulte, et peuvent compromettre ses liens affectifs comme sa capacité à devenir parent à son tour. Le traumatisme est d'autant plus important que la souffrance est niée ou empêchée d'expression."
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Aussi pour pouvoir se séparer faut-il pouvoir affronter cette angoisse de mort, faut-il pouvoir accepter de mourir, de défaire des nœuds d'attachement et appréhender la solitude, faut-il pouvoir renoncer à des croyances ou des certitudes, faut-il encore pouvoir se sentir imparfaits sans chercher la perfection, sans attendre vainement ce qui nous compléterait.
Comme l'écrit la psychologue et poétesse Laurence Bouvet : "La séparation est nécessaire à la vie. Vivre c'est oublier la mort"
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La peur est le sentiment qui découle de l'anticipation du mal-Aristote
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Chaque séparation nous ramène à nous, à qui nous sommes, à ce que nous voulons, à la représentation que nous nous faisons tant de nous-mêmes que du monde qui nous entoure.
Chaque séparation nous rappelle que nous sommes humains, capables de souffrir et capables de nous élever au-delà de la souffrance; capables de ressentir et désirer, de penser et concevoir.
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S'il porte la marque d'un traumatisme, il n'est pas condamné à le reproduire. Les situations auxquelles nous sommes le plus souvent confrontés sont dans les faits divers. Les raisons d'un comportement violent sont toujours expliquées par l'enfance de la personne incriminée. Mais l'on n'interroge jamais les bons parents. Pourtant, nombreux sont ceux qui ont souffert, enfants. Et qui n'ont pas reproduit ; qui ont, consciemment, volontairement, offert un modèle bienveillant à leurs propres enfants.

Parler de maladie évoque le soin et le médicament. Or aucun médicament ne consolera jamais les blessures de l'enfance. Prendre des médicaments est nécessaire dans de nombreux cas, mais c'est insuffisant si la parole n'accompagne pas le traitement. La thérapie permet de verbaliser, de s'approprier son histoire et d'adopter d'autres systèmes de pensée non contraignants et libérateurs, dotés d'autorisations personnelles. Les ressentis et les comportements se modifient. L'affirmation de soi, de désirs, de compétences, devient plus réelle et plus personnelle.
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J'ai eu l'occasion de découvrir ce livre suite à l'opération masse critique.c'est le deuxième livre parlant de ce sujet que je lis. Il me touche car il correspond à mon histoire. C'est un livre clair, très bien construit et facile à lire. Il nous permet de savoir si on est sous l'emprise d'une personne toxique et comment faire pour essayer de s'en détacher. L'auteur explique les lourdes conséquences psychologiques que peuvent entraîner ses violence et comment s'en sortir et surtout se reconstruire. Ce livre m'a beaucoup plu et continuera à m'aider à faire face à ces personnes malveillantes et nuisibles. Je le conseille vivement à ceux qui se retrouvent dans ce genre de situation qui n'est hélas pas toujours compris par notre entourage !
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Incapacité éducative des parents, manque de repères, violence contenue qui devient claire: l'enfant met malgré lui en lumière un dysfonctionnement parental ou familial. De nombreux enfants sont privés par leurs parents de protection, de sécurité et d'amour, car ils sont conçus pour panser ou réparer un couple en rupture; ou bien ils sont non désirés, rejetés car différents, ou miroir de l'égo d'un parent. Tous ces enfants qui ne sont pas considérés pour ce qu'ils sont mais pour ce qu'ils doivent être pour leurs parents sont potentiellement victimes.
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Maltraitance et résilience sont intimement liées, l'une ne conditionnant pas l'autre. Tout enfant maltraité ne sera pas résilient. Ce n'est ni un don ni un pouvoir magique reçus par certains et pas par d'autres, mais une capacité acquise en lien avec l'entourage, le développement socioculturel de l'enfant, lui permettant de construire d'autres représentations, d'autres schémas, et une faculté à aller au-delà de la violence, à transformer celle-ci.

Boris Cyrulnik parle de "tuteur de résilience", ce que les Britanniques appellent les care givers, pour évoquer ces adultes qui donnent sans le savoir un autre modèle à l'enfant maltraité, l'accueillant tel qu'il est et pour ce qu'il est. Dans cet accueil aimable et rassurant, il trouve les ressources nécessaires pour (re)construire confiance et estime de lui. L'adulte résilient n'attend ni pitié, ni stigmatisation, ni félicitations. Il n'est pas plus ou moins méritant qu'un autre. Et il n'est pas à envier.
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Extrait de l'introduction

Brigitte a 52 ans. Elle en fait cinq, dix, ou cent de plus. Elle semble sans âge, sans force, sans sourire. Elle est voûtée, le corps tordu, enfermée dans un silence douloureux et asphyxiant.
Brigitte a fui il y a quelques semaines. Son fils Jérôme l'a accueillie chez lui. Charlotte, la deuxième fille de Brigitte, a pris rendez-vous pour sa mère et l'accompagne à la première consultation thérapeutique. Je donne la parole à Brigitte. Elle ouvre la bouche, la referme, étranglée par un flot de larmes qui vont mourir sur sa jupe sans faire de bruit. Sa fille prend alors la parole, une parole urgente, saccadée. Un appel au secours, un SOS :

Pauline, ma soeur aînée, est comme mon père. Elle retourne tout contre nous. Elle a toujours raison. Elle sait et elle impose. Elle critique. Elle n'aime personne, sauf elle et l'argent de son mari. Quant à mon père, il n'y avait que Pauline qui comptait pour lui. Elle était la plus belle, la plus gentille, la plus intelligente. Si quelque chose n'allait pas, c'était de notre faute. Surtout de celle de maman. Maman n'a jamais rien dit. Elle n'a jamais osé. Quand j'étais petite, elle me disait de me taire, d'obéir à mon père, de ne pas faire de vagues pour ne pas le mettre en colère ou énerver Pauline. Le jour de mes 18 ans, elle m'a demandé pardon. Elle m'a dit qu'elle s'en voulait. Qu'elle n'avait pas rempli son rôle de mère, qu'elle n'avait pas su nous protéger, Jérôme, Pauline et moi. Pour Pauline, c'était peut-être trop tard, mais nous devions vivre, Jérôme et moi. C'était il y a six mois. Depuis, j'ai beaucoup vu Jérôme. Nous avons beaucoup parlé. De nous, de notre enfance. De maman. C'est Jérôme qui a proposé de prendre notre mère chez lui, le temps du divorce. Pour la sortir de son enfer.

Charlotte parle, Brigitte ne dit rien. Elle garde la tête baissée, les épaules basses. Ses doigts se crispent, elles serrent les mains pour ne pas trembler. Ses ongles sont rongés. Elle est à peine coiffée, pas maquillée. Plus Charlotte raconte, plus Brigitte se recroqueville. Elle pourrait disparaître dans la chaise, elle se laisserait absorber. Complètement.
«Que ressentez-vous en entendant votre fille ?
- De la honte, madame.»
Le rendez-vous prend fin et il est convenu que Brigitte revienne, seule. Pendant un an Brigitte va venir chaque semaine. Et se raconter.
C'est en recomposant sa vie, en en faisant un récit, que Brigitte parvient peu à peu à nommer l'innommable et à faire revenir des souvenirs enfouis. Une vie soumise, sous emprise et conditionnée pour l'être, interdisant toute construction personnelle, tout projet individuel, bannissant lentement l'idée du bien-être et du bonheur. Une vie détruite, systématiquement. Une vie dépossédée d'une existence que d'autres se sont appropriée.
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Le docteur Elisabeth Kübler-Ross a défini cinq étapes pour un deuil : le déni, la colère, le marchandage, la dépression, l'acceptation.
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L'adulte voit naître une colère qu'il repousse car elle le dépasse. Pourtant, c'est une colère fondatrice. Froide, posée, elle signifie : "Je ne veux plus. Tu m'as fait mal, je refuse que tu continues." La colère s'oppose aux résistances, c'est-à-dire lutte contre les croyances infantiles : "Maman a raison ; maman le fait pour ton bien ; maman t'aime." Elle est justifiée : c'est celle du petit enfant envers un parent maltraitant, mais elle est réprimée pendant l'enfance. Elle permet aussi de tenir à l'écart ceux qui ne veulent pas s'impliquer, ceux qui se montrent trop curieux, donc invasifs et possiblement abuseurs, et ceux qui nient ou proposent de pardonner sans chercher à comprendre.

Véhiculant encore une pensée infantile, l'adulte s'épuiqe à se battre contre ses résistances et espère ne plus jamais souffrir, ne plus jamais se retrouver en difficulté. C'est une illusion. La vérité est que "la vie n'est pas un long fleuve tranquille", et qu'un événement banal peut le projeter à nouveau dans le traumatisme infantile. En revanche, il aura appris à identifier ses émotions, à se poser des limites avec bienveillance. Accepter ses fragilités ne signifie pas être faible ou victime, mais être humain. Comprendre ses émotions permet de les appréhender autrement, en en tenant compte comme on écoute un conseil amical, sans les redouter ou les refouler.
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Reçu par une lectrice : "J’ai bientot fini le livre et je tiens à dire qu’il est extremement bien construit, trés bien écrit et vrai. J’ai du faire beaucoup de pause pendant la lecture car il m’a ramenée à tellement de choses même depuis mon enfance et même des choses que j’ai encore subies alors que j’ai aujourd hui 42 ans et que j’en suis pas sortie. Vous avez écris toutes les choses que je n’ai jamais pu et su exprimer. Bravo à votre livre."
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Se laisser porter par son intuition peut être une bonne chose; y voir un guide à suivre comme on suivrait les étoiles est dangereux. D'une part, nous ne sommes pas tous des navigateurs solitaires et tous les navigateurs ne fonctionnent pas qu'aux étoiles. D'autre part, la grande valeur accordée à l'intuition vient du fait qu'elle révèlerait notre âme et les expériences enfouies ou oubliées. Ce qui efface la complexité du monde et les changements d'opinion liés à des raisonnements évolutifs, changements qui ne sont pas trahison de soi à soi. N'oublions pas que "seuls les bornés et les idiots ne changent pas d'opinion". Or, il apparait bien plus difficile de changer d'avis que de s'en forger un.
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Recevoir et entendre des enfants victimes de leur mère, c'est parler inévitablement de l'amour maternel, de ce qui le constitue et le fortifie, et de ce qu'il permet à l'enfant : pouvoir un jour quitter sa mère.
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Il faut reconnaître beaucoup de courage à ces mères qui présentent des excuses à leurs enfants et tentent de renouer une relation ou d'en créer une nouvelle. Il faut aussi souhaiter que les enfants puissent entendre et recevoir la parole de leur mère, comprendre ses raisons, pour reconstruire avec elle cette relation filiale, sans ignorer le passé, comme on ne peut ignorer les cicatrices laissées par un grave accident. Comprendre ne signifie pas pardonner, et expliquer ne veut pas dire excuser. Mais c'est s'autoriser à vivre autrement.
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Pour s'être battues afin d'accéder au monde du travail, les femmes entre elles se jugent et observent ce que chacun fait. Celle qui réussira professionnellement sera très certainement carriériste ; or comment imaginer que le temps passé à nourrir cette ambition puisse se cumuler avec celui laissé à la bonne mère, c'est-à-dire aux enfants ? La société actuelle ne laisse guère de place à la différence. Elle revient toujours à mettre en place un conformisme, des normes et des dogmes contraignants. Ainsi, il faudrait s'habiller de telle sorte, penser, manger, respirer de telle manière. Sus à l'originalité, à la créativité, à la réussite ! Celles-ci sont laissées aux "artistes", aux "bohèmes" qu'on excuse et qu'on recherche, parce que "ça fait du bien de voir quelque chose qui sorte de l'ordinaire". Oui. Si ce n'est pas chez vous.
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Qui n'a jamais été fatigué, en colère, dépassé ?
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La neurogénéticienne Isabelle Mansuy s'est intéressée à l'héritage génétique d'un traumatisme, en étudiant les comportements de souris exposées à des traumatismes précoces. Ces souris se révèlent dépressives sur plusieurs générations. L'étude montre une modification des gamètes, à commencer par les spermatozoïdes, et des neurones. Les marques épigénétiques gardent en mémoire des expériences de vie et les descendants en héritent. Ainsi, s'il n'existe pas de gène de la dépression, de la schizophrénie ou des addictions, des expériences de stress traumatiques conduisent à des désordres psychiatriques (dépression, désordres de la personnalité...) transmis aux générations futures.
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