L'artiste qui était la figure centrale non seulement des autoportraits, mais aussi des portraits de ses débuts ( dans un jeu de miroirs narcissique ) , se met en marge dans ses oeuvres tardives, se plaçant en témoin oculaire de l'événement dépeint. Celui-ci représente des scènes suggérant des clients ou proxénètes avec des prostituées ou encore une prostituée vue à travers la vitrine du bordel -L'Albertine Bar ( Beautiful Deception) et Mambo Club ( Blue Note). Cet effet d'"in situ" est renforcé par une indication de lieu: "Bruxelles Nord", le bordel des deux frères Frankiel à New York, le Mambo Club. La plupart de ces indications topographiques font référence à des quartiers où des lieux bruxellois associés à la prostitution et aux immigrés congolais, une forme de marginalité qui fascine l'artiste et qu'il se met à fréquenter à ce moment-là .
Il serait trop facile de tracer un parallèle entre le destin de Stéphane et celui de Goldman, et cela même si tous deux ont connu une mort violente après avoir frayé avec le banditisme. L'itinéraire de l'un est conditionné par une idéologie politique, celui de l'autre, non. L'influence de Goldman semble par contre manifeste dans la manière dont l'artiste conçoit sa propre judéité.
Rarement un dessin dont personne ne contestait l'exceptionnelle qualité plastique aura conduit à tant de discussion. On ne dessine pas 'Goebbels' sans générer violence et passions. Car l'oeuvre de Mandelbaum, où qu'on la regarde et qu'on la scrute, n'est pas tant insolente et sulfureuse, exacerbée et tragique que souvent l'expression de l'irreprésentable.
Rares sont ainsi celles touchant à pareille incandescence.