Anne Quesemand

Elle décida de sortir du métro à cette station, là, tout de suite, maintenant, comme ça, sans savoir pourquoi.

p.3

...Je demandais aux trains le but de mon voyage..
Ulysse, tu avais beau presser l'orange, l'univers,
Le sommeil était là, assis,les yeux ouverts,
L'espace était immangeable...

Il s'arracha aux coups du maître, embrassé ce dernier médusé, et courut chez lui. Il regarda les autres Hassidim d'un oeil neuf, les écouta, leur posa des questions ; car c'était un Autre qui lui avait permis de se retrouver. Il cessa d'être une lettre solitaire au livre du monde, ne travailla ni n'étudia plus jamais seul, et n'eut plus à se chercher.

Et l'on compris alors pourquoi la Mort avait demandé son fils à Jean : elle avait eu envie d'inventer la médecine, sans doute parce qu'elle s'ennuyait dans un jeu où elle gagnait à tous les coups, faute d'un adversaire à sa taille. C'était devenu la routine : tuer, tuer, toujours tuer, toujours gagner, c'était lassant, c'était à mourir d'ennui. Aussi fut-elle très heureuse quand son filleul atteignit l'âge de vingt ans, l'âge de se lancer dans le monde pour gagner sa vie contre la mort. Très fière aussi de l'avoir fait si savant, elle lui délivra son diplôme, lui légua son nom en le transformant juste assez pour qu'il n'effraie personne :
"On t'appellera dorénavant Docteur Amor !"
Et ils s'en allèrent fêter l'événement au café du coin.
(p. 16)

MON VENT DU LARGE A MOI, c'est le métro;
Et les soirs de tempête,
Je m'accroche au Sébasto;
Dans l'odeur des frites froides
Dans le cri des flippers,
Le ressac des passants,
J'entends des "Hisse et Ho!",
Et je sens l'océan
Qui vient lécher les pieds de Notre Dame...

Ce petit ouvrage remet ainsi à leur place les enthousiasmes excessifs et les pessimismes exagérés... Il constitue un antidote à la fois à l’utopie et au catastrophisme qui peuvent nous aveugler sur la réalité de notre époque et le devenir de nos sociétés.