AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anne Sauvy (6)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
La ténèbre et l'azur

Lorsqu’on demandait à Edward Whymper, l’un des plus prolifiques alpinistes de la seconde moitié du XIXème, pourquoi il gravissait ainsi les montagnes, il avait pour habitude de répondre : parce qu’elles sont là.

Passé la boutade, Anne Sauvy s’emploie à expliquer ce qui pousse certains hommes (et quelques femmes, ne soyons pas bêtement misogynes) à braver l’inconfort et le danger des glaces et des rocs dans « la ténèbre et l’azur », un bref texte qui donne son titre au recueil de nouvelles paru en 1991 et qui clôt sa trilogie dédiée à la montagne sous forme de petites histoires flirtant souvent avec le surnaturel.

Maitre de conférences sur l’histoire du livre et alpiniste elle-même, Anne Sauvy parvient à nous faire rire, sourire et même parfois sentir une larme nous chatouiller le coin de l’oeil. Il y a de l’humanité dans cette quinzaine de récits. Une humanité résolument perdue là-bas, dans la plaine et surtout les villes où les hommes ont oublié les vraies valeurs qui ont fait eux des hommes, justement.

En parcourant ces récits parfois proches du conte et des légendes, on se rend compte qu’il faut mettre de la distance avec cette société qui a pris le mauvais chemin de l’indifférence et de la généralisation. Une distance en hauteur si possible – mais il serait certainement aussi correct en parlant de navigation sur des océans, de marches en forêts primaires, de traversées de déserts… Bref partout où l’homme doit faire face. Avec pour seule arme sa volonté et sa détermination – à peine son intelligence, du moins une intelligence débarrassée des codes intellectuels qui l’engluent souvent dans des gloses stériles sans but réel.

Alors on peut retrouver au fil de ces textes émotionnellement forts, la beauté des levers de soleil, le froid des aurores en refuge, le crissement de la neige sous le pas, le frisson d’adrénaline au moment d’un passage dangereux, la satisfaction d’avoir un instant, un instant seulement, vaincu la montagne. Ou avoir cru la vaincre. Alors que c’est simplement une victoire sur nous-mêmes. La plus belle de toutes.
Commenter  J’apprécie          10
Nadir

Anne Sauvy est (était) professeur à la Sorbonne.

Alors, pour se dégourdir les jambes, elle part (partait) gravir quelques beaux sommets autour de Chamonix.

Forte de 3 receuils de nouvelles, Nadir aurait pu devenir son 4ème...

24 heures d'une journée banale et typique de la vallée de Chamonix en plein été. Et une poignée d'histoires qui vont finir plus ou moins bien. Des histoires de grimpe, de montagne, mais avant tout : des histroires de sauvetage. Avant d'écrire quelques belles pages à la gloire du peloton de gendarmerie de Haute Montagne, Nadir est et restera LE livre du secours en montagne, à peine romancé.

Celles et ceux qui connaissent les environs auront l'impression de retrouver une vieille connaissance. Les autres n'auront qu'une envie : y passer leurs prochaines vacances.
Commenter  J’apprécie          10
Le jeu de la montagne et du hasard



Il y a de fortes chances que vous ne connaissiez pas Anne Sauvy, même au sein des grimpeurs de cimes enneigées.

Professeur à la Sorbonne, alpiniste elle-même, elle a débuté sa carrière de romancière dans les années 80 en publiant 3 recueils de nouvelles avant de mettre sous forme de roman ce qui aurait pu être un quatrième volume et qui devint mon livre de chevet (Nadir) puis de s’intéresser aux sauveteurs en montagne (analogie de son patronyme, peut-être ?).

L’art de la nouvelle s’est perdu. On ne sanctifie plus guère que les longs romans introspectifs. Mais savoir raconter une histoire en 10 pages (voire moins), camper des personnages d’un seul coup de plume, faire exister une intrigue en quelques paragraphes et trouver la chute, comme un couperet : voilà qui demande un vrai talent d’écriture, de concision et un bon sens du timing.

Dans ce volume, on rencontre Saussure et Balmat, non les premiers hommes foulant les légendaires 4808m mais bien leur statue de bronze sur la place de Chamonix… tentant, 200 ans après leur première, une nouvelle ascension du Mont Blanc.

Cette riche sud-américaine qui pourra se targuer d’avoir fait les 50 plus beaux sommets des Alpes… après sa mort !

Cette aiguille que personne ne voit sauf un alpiniste qui ira la gravir… avant de devenir invisible à son tour.

Un collectionneur de premières (voies d’escalade jamais faites), resté incompris et qui oeuvra dans l’ombre… pour ne jamais en sortir !

Les désagréables hasards qui vont pourrir des préparatifs et concourront paradoxalement à éviter le pire.

Ce vieux client qui ne veut pas s’avouer avoir dépassé l’âge… et qui fait école à celui-là qui s’était gaussé de son entêtement.

Cet autre qui, à son insu, aura abandonné la montagne pour une vie pépère au ras des pâquerettes.

Jésus Christ en personne qui se fait employer comme simple porteur (l’assistant du guide).

Et mes deux préférées : une faille spatio-temporelle digne des meilleurs récits de science fiction.

Et, l’émotion poussée au comble dans « mon ami inconnu » où comment une amitié peut naitre sans même rencontrer la personne… et pour cause !



Tour à tour ironique (on connait les piques d’Anne sur les fonctionnaires de la poste), humoristique, décalée, irrévérencieuse mais aussi formidablement lyrique et bouleversante, Anne Sauvy saura vous faire partager son amour de la montagne… et des anglais (son mari fait partie de ces cohortes de rouquins rougis par le soleil des 4000m qui viennent envahir chaque été les rues de Chamonix).

Commenter  J’apprécie          10
Nadir

Un de mes romans de montagne préféré, que j'adore relire de temps en temps.

Mon histoire avec ce livre a commencé par la critique dans le magazine Alpinisme et randonnée, à l'heure ou je redécouvrais la montagne. Je l'ai acheté à la fin de mon premier stade UCPA dans le massif des Ecrins, à la maison de la presse de Monetier, et je l'ai lu d'une traite pour le finir en arrivant à la gare de Lyon, ne décollant mes yeux du livre que pour zieuter la face nord de la Meije, et pour composter mon billet en gare de Grenoble...



Tout est bien ficelé dans ce livre : les personnages crédibles bien qu'un ou deux soient par trop caricaturaux, les péripéties et accidents de montagne qui retracent tout ce qu'il peut se passer au niveau secours dans une grosse et belle journée de montagne.

On apprend ainsi beaucoup de choses sur le fonctionnement des secours, tels le fonctionnement des équipes, certains aspects médico-légaux.

Le coeur du roman est bien entendu constitué des différentes aventures et mésaventures en montagne : certaines droles, d'autres terribles ou "juste" tristes. On voit bien que l'auteur a fait de la montagne, et qu'elle sait de quoi elle parle. Les éléments d'alpinismes sont crédibles, techniques comme il faut, et très bien décrits. Il est clair que l'accumulation de tant d'accidents en une seule journée est peu probable, mais on sent bien que les éléments décrits peuvent très bien arriver, et beaucoup se sont déjà produits malheureusement.



Restent les très nombreux personnages, le plus souvent très humains, avec leurs défauts, leurs qualité, et presque toujours le même amour de la montagne. Mention spéciale au couple de vieux montagnards, que je trouve toujours aussi touchants.



Un très beau roman de montagne qui n'a pas pris une ride. Juste culte pour moi.
Commenter  J’apprécie          10
Le jeu de la montagne et du hasard

Un recueil de 16 nouvelles, toutes s'inscrivant dans l'univers de la montagne alpine, tour à tour farfelues, graves, hilarantes, poétiques, dramatiques, tendres...Toutes les émotions sont mobilisées, offrant un ensemble de nouvelles et de récits que l'on découvre avec délectation.

Un livre qui tient du miracle. Capable de nous faire pleurer, rire, rêver, réfléchir. Capable de nous interpeller, de nous attendrir. Qui plus est, on y parle de haute-montagne, des Alpes, des sommets, des glaciers, de crevasses, sans se perdre exclusivement pour autant dans des histoires de piolets, de voies, de cordées. On y parle surtout des hommes, de leur courage, de leurs peines, de leurs bêtises, de leurs rêves. Un livre enfin, écrit par une femme alpiniste, auteure, historienne et qui dans la littérature alpine française n'en est pas à son premier essai. Une femme qui apparemment a un humour, une sensibilité et un talent de conteuse grands comme une montagne.
Commenter  J’apprécie          10
Les flammes de pierre

Anne Sauvy a publié 3 recueils de nouvelles. Professeure d'histoire du livre, alpiniste elle-même, elle sait choisir les mots pour décrire ce que les « conquérants de l'inutile » éprouvent au-delà d'une certaine altitude. Ces courtes histoires entremêlent le fantastique autant que l'humain. Avec une propension à mettre en avant les secours en montagne, dont elle proposera quelques ouvrages dans les années 90.

Les flammes de pierre (cette crête dentelée aboutissant aux Drus) est son premier recueil, paru en 1982. Quatorze histoires.

Ce rappel (technique de descente en se laissant glisser le long de la corde) qui n'en finit pas, ce fantôme qui prend plaisir à gâcher les meilleures journées des candidats au vertige, la douleur d'une compagne dans l'attente des nouvelles d'un accident survenu à son compagnon, la montagne virtuelle de 2084, la pénitence d'un abbé fou de montagne et peut-être un peu vantard, un pacte diabolique avec... le Diable, le dénouement heureux et surnaturel de deux grimpeurs rencontrant une cordée de pionniers de l'alpinisme, des circonstances toutes simples qui font imaginer le pire, le parcours d'un jeune homme qui utilise la montagne pour satisfaire son ambition démesurée, l'histoire d'un grimpeur un peu simplet qui, sans le savoir, épargne la Terre d'un asservissement par des extraterrestres animés de mauvaises intentions, une variation autour de la légende de la petite fille qui criait « au loup », même une Révolution au sein des montagnes qui entendent s'émanciper et ce guide capable de se dédoubler.

On devine l'amour de la montagne et des hommes qui y vivent au gré de ces petites aventures, mais aussi une certaine vision du milieu alpin avec ses traditions, son folklore mais aussi ses dérives liées à la puissance de l'argent et la pesanteur de l'administration.



Madame Sauvy s'est éteinte début Juillet de l'année du Covid, par un jour où les courses en montagne devaient être sensationnelles.

Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anne Sauvy (26)Voir plus

Quiz Voir plus

La Boîte à Merveilles

Quel est le vrai nom de l'auteur ?

Ahmad Safrioui
Sidi Mohamed
Mouhsine Raissouni
Ahmed Sefrioui

30 questions
559 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}