Naissance de Miro
Quand l'oiseau du jour, tout battant neuf, vint se nicher
dans l'arbre des couleurs, Miro goûtait l'air pur, la
campagne, le lait, les troupeaux, les yeux simples et la
tendresse du sein glorieux cueillant la cerise de la bouche.
Nulle aubaine ne lui fut jamais meilleure qu'un chemin
orangé et mauve, des maisons jaunes, des arbres roses, la
terre, en deçà d'un ciel de raisins et d'olives qui trouera
longtemps les quatre murs de l'ennui.
[...]
(1937)
A Pablo Picasso
Les uns ont inventé l'ennui d'autres le rire
Certains taillent à la vie un manteau d'orage
Ils assument les papillons font tourner les oiseaux en eau
Et s'en vont mourir dans le noir
Toi tu as ouvert des yeux qui vont leur voie
Parmi les choses naturelles à tous les âges
Tu as fait la moisson des choses naturelles
Et tu sèmes pour tous les temps
[...]
(1938)
Picasso. Depuis que la céramique l’a tenté, il a créé deux mille objets. Et tous nouveaux, tous différents. La variété est certainement la qualité prédominante de son œuvre. Il ne s’est jamais répété. Le travail, la vraie vie de ses yeux, de ses mains n’ont jamais supporté l’ombre de l’instant précédent. … J’ai vu Picasso dessiner sur plusieurs feuilles de papier des esquisses de l’Homme au mouton ; ces feuilles, trop petites pour le dessin tout entier, comportaient, les unes, le dessin du buste, les autres le dessin des jambes. Et quand il eut terminé, j’ai pu prendre n’importe quelle esquisse de jambes, elle s’adaptait exactement trait pour trait à n’importe quelle esquisse de buste. (Paul Eluard, extrait de l’ouvrage Picasso, 16 dessins 1942-1946)
Yves Tanguy
[...]
Il y a des étoiles en relief sur l'eau froide
Plus noires que la nuit
Ainsi sur l'heure comme une fin l'aurore
Toutes illusions à fleur de mémoire
Toutes les feuilles à l'ombre des parfums.
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(1932)
A Balthus
Les petites misères des enfants gâtés
Vite entre les genêts salissent la verdure
Et le sable imputrescible tombe des jupes
Pour ces brutes la pluie ne fait plus sa lessive
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(1947)
Picasso savait, comme l'indique Kahnweiler dans son étude "Mallarmé et la peinture, que la "joie de peindre est plus forte que celle d'imiter"