Extrait du billet (un peu long) à lire en entier sur mon blog :
A réception du livre, je constate le beau cadeau que cela ferait. Catégorie "beau livre", indiscutablement, et, par expérience, je sais que les "beaux livres" sont difficiles d'accès, les images hypnotisent. Rien de tout cela avec cet album. L'autrice s'est méritoirement bornée à des fiches d'une page, aérées et d'une police de caractère humaine ; à nous d'approfondir éventuellement le cas qui nous intéresse et à chercher d'autres œuvres que les cinq ou six sélectionnées. Elle nous annonce souvent des centaines de compositions !
Nous partons de l'Antiquité (après un détour par la mythologie dans l'introduction) jusqu'à l'époque contemporaine, de Sappho de Mytilène jusqu'à Lizzo.
(sommaire collé)
Pendant des siècles, pour ne pas dire des millénaires, la musique des femmes est le fait d'aristocrates, de bourgeoises et encore, à condition qu'il y ait une tradition musicale dans la famille. A partir de là, le germe est favorisé ou empêché, soit par décision du père, soit par celui de l'époux, plus rarement du frère. Ce beau monde soit craint d'être déshonoré par la musicienne (cas de l'"exhibition" nécessaire de l'instrumentiste et/ou de la chanteuse, de la sortie du gynécée nécessaire à la remise d'honneurs divers, voire de l'enseignement nuisant à la modestie), soit d'être invisibilisé par elle. Les cas de récupération de l’œuvre de l'épouse ou de la sœur, la spoliant des honneurs qui lui sont dus, sont légions. Je constate avec douleur que la chape de plomb tient à toute la période nubile, fertile, et qu'un veuvage ou l'envol des enfants, permet aux plus longévivantes, de reprendre l’œuvre empêchée.
Le titre systématique (depuis Les Femmes qui lisent sont dangereuses) avec l'emploi qui me paraissait contre-litotique de "dangereuses" m'apparaît soudain sous un autre jour : "dangereuses pour le patriarcat". Le concept féministe très contemporain d'"invisibilisation", raillé par les tenants de patriarcat (qui nient d'ailleurs jusqu'au concept de patriarcat) me semble de plus en plus pertinent : quand Éliane Viennot parle de masculin exclusif, qui a permis pendant des siècles d'éviter, par la concurrence lexicale, d'admettre l'existence de rivale dans des arts nobles, j'en vois l'application dans la musique, après l'avoir vue en littérature et en arts plastiques.
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