Anny Martine-B

Villanelle ( Alain DEBROISE ) .

Une feuille d’or,
Une feuille rousse,
Un frisson de mousse
Sous le vent du Nord.

Quatre feuilles rousses,
Quatre feuilles d’or,
Le soleil s’endort
Dans la brume douce.


Mille feuilles rousses
Que le vent retrousse .
Mille feuilles d’or
Sous mes arbres morts » ...

L’hirondelle ( Louise de Vilmorin )



«  Je n’irai plus au bois
d’Afrique
Où dansent tous les rois
de pique » .

La dernière hirondelle
se meurt
Elle bat de ses ailes
son cœur
Du fil télégraphique
désert
Où tremble une musique
d’hiver
Elle crie et appelle
ses sœurs :
«  Au secours hirondelles
j’ai peur » .
Mais sa voix trop petite
se perd
Dans le vent qui agite
la mer » ...

«  Quand automne
en saison revient »....


Quand automne en saison revient ,
La forêt met sa robe rousse
Et les glands tombent sur la mousse
Où dansent les petits lapins.
Les souris font de grands festins
Pendant que les champignons poussent .
Ah ! que la vie est douce, douce ,
Quand l’automne en saison revient . » ....

Samivel.

Duo (Alfred Jarry: l’objet aimé )
Dans le taillis
Oyez, oyons,
Le gazouillis
De l’oisillon
Sous la charmille
Que l’aube mouille
Perle son trille
Comme il gazouille


Dans le taillis
Oyez, oyons
Le gazillon
De l’oisouillis
Sous la charmille
Que l’aube mouille
Perle son trouille
Comme il gazille.


Elle est charmouille
Non, je bafouille ......... »

«  Odelette » .( Henri de Régnier — 1864–1936– ) « Les jeux rustiques et divins ».


Je n’ai rien
Que trois feuilles d’or et qu’un bâton
De hêtre . Je n’ai rien
Qu’un peu de terre à mes talons ,
Que l’odeur du soir en mes cheveux,
Que le reflet de la mer en mes yeux ,
Car j’ai marché sur les chemins
De la forêt et de la grève .
Et j’ai coupé la branche au hêtre
Et cueilli en passant à l’automne qui dort
Le bouquet des trois feuilles d’or .

J’ai pris le matin..... ( Jules Supervielle,1884- 1960. )

J’ai pris le matin dans ma promenade
Comme en un filet;
Mes mains sentent bon le soleil nomade ,
Le gazon mouillé.

Je l’ai bien senti, le matin qui cligne.
Le voici vivant ,
Comme le poisson , au bout de la ligne,
Vif et s’incurvant .

L’acacia ( Marie- Magdeleine Carbet)
 

« Le vent
Passait , pleurant
L’acacia dit:
Vent d’automne
Au front gris ,
Tu t’ennuies :
Je te donne
Mes feuilles
Prends, cueille
Et, va jouer au volant
Avec ton amie
La pluie .
Le printemps,
En son temps,
M’en fera de plus jolies » .

L’automne ( Jane Guégan —-Charles le Quintrec, Les grands heures littéraires de Bretagne)

Quand ce sera l’automne
Et sa couleur ardente,
Les marais de chez nous
Fleuriront sous l’averse,
Tous les oiseaux de mer,
Sarcelles, goélands,
Feront chanter l’écho
Sous la rumeur des ailes.


Je te dirai ce jour
Et la rose et la feuille,
Le secret de la pluie
Et de l’ombre légère
L’empreinte de nos pas,
Lorsque l’année s’effeuille,
Notre cher vaisseau bleu
Chargé du poids du monde.

Puis nous nous en irons
En reprenant des mots
Qui viennent de très loin,
D’au- delà de nous- mêmes,
En ta jeune mémoire
Je graverai ces noms
De perle étincelante
Et de flamme solaire.

Ainsi j’aurai sauvé
De l’oubli , une source,
Recréé un printemps
Au seuil d’un autre hiver,
Et je te léguerai
Prince - enfant, à l’écoute
Un seul chant de victoire
Tout vibrant de lumière . »