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3.97/5 (sur 15 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris
Biographie :

Anny Romand est une actrice, écrivaine, traductrice, réalisatrice et productrice française.

Elle est élevée par sa mère Rose, sa grand-mère Serpouhi Hovaghian (1893-1976), une rescapée du génocide arménien de 1915, et son oncle Jiraïr Kopenadjian. Elle est la petite fille de l’ancien maire communiste de La Ciotat.

Elle commence des études de médecine puis s'oriente vers une formation universitaire de psychologie à la Faculté de Lettres et Sciences Humaines d’Aix-en-Provence, où elle obtiendra une Maîtrise de psychologie (Mémoire sur la "Création d'une activité théâtrale à l'hôpital psychiatrique").

Désireuse de jouer au théâtre, elle retourne à Paris et sera engagée comme figurante au Théâtre de la Ville, dans l'Île pourpre, une pièce de Mikhaïl Boulgakov, mise en scène de Jorge Lavelli.

Elle commence sa carrière d’actrice en 1980 avec la série "Le Mandarin" avant de jouer entre autres dans "Diva" de Jean-Jacques Beineix (1981), "Le Soulier de satin" de Manoel de Oliveira en 1985 ou encore "Le Redoutable" de Michel Hazanavicius en 2017. Au théâtre, elle joue des pièces de Molière, Gombrowicz, Joe Orton, etc.

Anny Romand a débuté en tant qu'auteure en 2015 avec le roman-documentaire "Ma grand-mère d'Arménie", écrit à partir des notes du journal de sa grand-mère datant des années 1915 à 1918, raconte une histoire de famille liée à l’expérience dramatique du génocide arménien.
Anny Romand a souvent entendu l'histoire de sa famille lors de sa jeunesse, mais ce n'est qu'en 2014 qu'elle a trouvé le journal, édité par la Bibliothèque Nationale de France sous le titre "Seule la terre viendra à notre secours" (2021) en 2021.

Au printemps 2018, "Le silence avant l’effroi" a été publié en suédois aux Éditions Elisabeth Grate avant de l’être en français sous le titre "Abandonnée".

Anny Romand est également traductrice, entre autres, des pièces d'Alan Ball. Elle dirige, depuis 2006, "Une Saison de Nobel" qui rend hommage aux auteurs lauréats du Prix Nobel de littérature en organisant des rencontres littéraires entre auteurs, œuvres et lecteurs.

En 1976, elle a une fille avec l'acteur Pierre Santini (1938), qu'elle épouse en 1979.

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Source : Wikipédia
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Présentation de "Ma grand-mère d'Arménie" partie 2


Citations et extraits (10) Ajouter une citation
La grand-mère survivante d’un génocide, d’un exil, d'une vie précaire dans un pays étranger, veuve avec un fils à élever, reste bouche bée devant sa fille Rosy, élevée sans père, elle aussi, sans argent. Cette femme forte devant l’opprobre a toujours soutenu sa fille Rosy qui lui dit aujourd’hui qu’elle va abandonner son enfant dès la naissance.
Le seul enfant qu'ils ont? Eux qui se sont battus jusqu’à la pointe de la mort pour amener leurs gamètes à survivre, à créer un autre humain. Ils n’ont pas lâché, ils ont souffert toute leur vie pour assurer leur descendance. p. 49
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Sur cette terre, on ne doit pas dire : je suis faible et je ne résiste à rien, ni à aucune difficulté. La constitution humaine est capable d'endurer toutes sortes de choses.
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Encore on persécute les quelques échantillons qui sont restés. Quelle cruauté ! Ils ont peur de notre ombre. Voyons [...] s'ils nous oublient mais je ne crois guère à cette bonté de leur part.
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Voilà deux ans et leur haine contre nous n'a pas eu le moindre apaisement. Nous sommes les orphelins de ce monde sans patrie, sans foyer. Notre seule espérance dépendra de nos forces avec le courage de notre vaillante jeunesse.
Ô Mon Dieu quand mettras-tu fin à tous ces supplices ? Les souffrances que nous venons de subir n'ont-elles pas été à leur comble ?

(21 avril 1917)
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Et demain ?
Quand tout ceci sera fini. Les gens assis dans leurs fauteuils vont lire nos souffrances imprimées sur des livres. Mais est-ce que ce livre pourra décrire et exprimer vraiment la totalité de nos souffrances ? Jamais de la vie.
Ce sera sujet de conversation dans des salons jusqu'à ce qu'une autre nouveauté apparaisse et les implorations et les voix des pauvres.
Arméniens disparaîtront comme fumée de cigarette, seules resteront les cendres, et seule la terre viendra à notre secours.
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Comme elle est triste, la douleur dans les intestins revient et voilà qui repart sur le chemin de la souffrance, elle ne connaît plus que ça. Moi qui l'aime de tout mon cœur, je suis silencieuse, je ne sais pas commet l'apaiser. Les caresses que je lui fais sur le front ne peuvent calmer ses tristesses que personne ne veut écouter.
C'est chacun pour soi, comme dit Grand'mère.
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INCIPIT
Elle frappe à cette porte, la porte sur laquelle elle aurait dû frapper toute sa vie, une porte qu’elle aurait dû ouvrir des milliers de fois pour retrouver des visages familiers. C'est étrange d'avoir rêvé de cette porte et de la voir « pour de vrai » comme disent les enfants. Enfin ! Elle a bien cru qu'elle n'aurait jamais eu la force de l’affronter, cette porte, de la pousser, la force humaine de traverser les parois multiples posées entre elle et ces gens-là, murs opaques remplis de désirs, trahisons, fierté, remords et oubli.
En elle, la petite fille qu’elle était jadis la guide sur le chemin escarpé de la vie, tel un chien d'aveugle la prévenant des obstacles, des buissons traîtres, des rochers dessertis, afin qu’elle ne trébuche pas et garde des yeux bien attentifs pour vérifier sa droite, sa gauche, le ciel et les gouffres. Grandir, est-ce recouvrer la vue ?

Maintenant elle est grande et en ville. Où il faut faire attention sur quel paillasson on met les pieds. Sur quelle porte on frappe. Et surtout ne pas oublier d'admirer les arbres, de humer l'air du soir, de regarder les petites plantes prises dans le goudron des rues entre deux pavés, dans un angle d'immeuble, écrasées par les pieds des passants. La morelle noire, la plante sacrée des Incas, l’amarante, l’oxalis, la cardamine, le plantain ou herbe aux cailles, la véronique à petites fleurs bleues, l’ipomée, volubilis volubile. Toutes dites mauvaises herbes, mauvaises graines, toutes qui réussissent malgré tout à fleurir.
Fleurir.
Pour fleurir il faut frapper.
Frapper à la porte, le cœur frappe fort.
Se jeter dans la gueule du loup.
Aller au-devant des coups car il faut vivre et ne rien regretter.
Quel étage?
Y a-t-il un code?
Chercher sur le tableau de la gardienne, trouver le nom au milieu d’écritures différentes. Quatrième. Un ascenseur grillagé descend. Un ascenseur ajouté dans une cage d'escalier étroite. Juste pour deux
personnes. Ça tombe bien, elles sont deux, elle et son amie Angelica qui lui tient la main. L'ascenseur repart, plein. Il s'arrête au quatrième. Son amie chuchote:
– Tu as la lettre ?
– Oui, dans mon sac.
– Sors-la. Tu la tiens à la main et dès que la porte s'ouvre tu la lui donnes.
L'idée de la lettre avait été trouvée par Angelica à qui elle avait raconté le coup de fil à cet homme et sa réponse: «Qu'est-ce que c’est que cette histoire!» Il avait sûrement raccroché pour se préserver des problèmes à venir, La décision de lui téléphoner avait été comme plonger au fond de l'eau en retenant son souffle jusqu’à ce que les poumons brûlent. Combien de fois cet appel avait été imaginé, remis à une date ultérieure, la plus ultérieure possible, pour différer le moment de dire qui on est. D'où on vient. De qui on vient... Le moment d’être soi-même.
Angelica, l’amie florentine, l'y a aidée. Une femme, parce que les femmes savent beaucoup sans parfois le savoir. Certains ne veulent pas qu’elles sachent qu’elles savent.
Leur amitié s'était scellée quand Angelica avait eu un accident de voiture qui lui avait fracturé le bassin. «Bassin parisien» comme on en avait plaisanté par la suite. Venue lui rendre visite, elle s'était retrouvée, en taxi, dans les faubourgs de Lyon, à la recherche d’un cadeau. Un livre, oui, certainement. Le chauffeur l’avait déposée devant une maison de la presse où le seul livre possible était Chronique d'une mort annoncée de Gabriel Garcia Marquez. Bon auteur, bon achat, avait-elle pensé toute joyeuse. La tête d'Angelica à l’ouverture du paquet lui avait fait comprendre que ce choix était loin d’être judicieux.
Quelle porte palière? Bon, il n’y en a qu'une, c'est déjà ça. Ça simplifie la recherche. On évite de se tromper, de se justifier. De bafouiller, de dire: «Pardon, je vous prie de m'excuser, merci.»
Frapper à la porte la lettre à la main, comme une mendiante avec un fond de bouteille en plastique, puisqu'elle va mendier un regard, un peu de mansuétude, un peu de reconnaissance, mais pas d'amour, non, surtout, pas d'amour.
Elle le sait. C'est impossible. On ne peut aimer que ceux qui vous ont élevés, que ceux que vous avez élevés, avec qui vous vivez. Elle pense à cet amour total, vrai, tellement vrai qu'il n'existe pas hors de vous. Il est en vous, entrelacé dans les chairs et les nerfs. Cet amour circule aisément dans le corps comme le sang, l'air, la lymphe. Il remplit tout, il est partout, dans chaque portion d'os, de cellule, de fibre.
Bien sûr les amis sont là, telles les plantes du jardin qu'il faut cultiver, entretenir, choyer, ce qui s'apprend dans des cours de jardinage, dans des cours d'école... Mais elle, y était-elle suffisamment allée, à l'école, pour apprendre les règles de la vie en société?
Pourquoi vouloir aller voir son père qui n’a pas voulu, lui, quand elle était une toute petite enfant, la prendre dans ses bras, la cajoler, la consoler, la faire rire? La voir, quoi! Non, il n’a pas voulu. Alors pourquoi aujourd'hui, à quarante ans passés, va-t-elle frapper à sa porte? C’est trop tard. Le temps s’est opacifié.
Que lui dire maintenant? Pour quoi faire ? Des reproches? Avoir des regrets encore plus grands de son absence? Régler ses comptes? Régler son compte? Le solder, plutôt! Il est peut-être mort, non, elle ne le croit pas, elle l'aurait senti. Et s’il était souffrant? Vient-elle aujourd’hui le voir alors qu’il est malade, qu'il est en train de s’effacer?
Pour mettre un visage sur son visage, elle qui ne ressemble pas du tout à sa mère, ni dans sa couleur de peau, ni dans son physique. Pour mettre un visage sur son visage, elle qui est si différente, avec ses yeux bleus, ses cheveux blonds bouclés, à la différence de ses parents au type très méditerranéen.
Pour être fière d'elle, fière de ne pas avoir reculé devant l'obstacle, devant la douleur, devant l’humiliation de la démarche. Une fierté de réussir là où sa mère a échoué? Pour être meilleure que cette femme qui n’a pas pu, qui n’a pas su faire « reconnaître » son enfant par son père?
Ou simple curiosité? Envie d’en découdre avec cet homme qualifié par sa mère d’intransigeant, de violent, d’irréductible? «Tu vas souffrir, ma fille.» Voilà ce que lui assenait sa mère à chaque désir avoué d’aller à sa rencontre. Dans le silence de sa pensée, la souffrance annoncée la faisait reculer sans cesse. Et puis, bien sûr, le tourbillon de la vie prend le dessus. Enfant, mari, travail, sorties, amis. Le centre de gravité se déplace sans arrêt. Cette envie disparaît, réapparaît comme une horde de dauphins dans la mer au large de La Ciotat.
Affirmer sa parenté sans aucun justificatif, aucun papier, sans armure protectrice, à visage découvert, prête à recevoir tous les coups, blessants, saignants, à glacer le sang, à devenir blême jusqu'à s'évanouir.
Maman, chère maman aujourd’hui disparue. Toi qui n'as pas su ou pu t'imposer avec cette enfant tombée du ciel, plutôt remontée de l'enfer, en ces temps difficiles pour les mères sans mari, où la virginité était respectable, honorée comme signe de sagesse, d'éducation et de bon goût.
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Celui qui vit dans la sérénité ne comprendra jamais la situation de celui qui souffre. Tu peux raconter et expliquer tant que tu voudras, en fait, seul comprend celui qui a vécu le désastre.
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Ô, quel désespoir immense pour arriver à l'ultime point de non-retour de la misère et de la souffrance pour confier son enfant, et à qui ? Aux criminels sanguinaires qui ont tué vos mères, sœurs, frères et maris dans de grandes souffrances !
Ô, espoir, je pensais peut-être avoir sauvé mon enfant de ce calvaire devenu une rivière de sang que, dès le lendemain, la sentence fut rendue.
J'espérais encore que Dieu puisse accomplir un miracle. Mais il semble que Dieu aussi nous avait maudits.
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Le regard vide raconte la maladie, l'échange impossible, la mémoire perdue. L'épouse, oui sans aucun doute, prend le relais, sourit un peu, déconcertée par cette affirmation directe qui ne lui donne pas le temps de réfléchir sur la conduite à tenir. Le temps en profite, il entre en coup de vent dans l'appartement. Le paillasson, lui, est las de leur piétinement, il le lui fait savoir, elle transmet: Peut-on discuter ailleurs que sur le pas de la porte? La femme se ressaisit, comme prise en faute.
Bien sûr, entrez.
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