Grande soirée ANIMÉE PAR LE PÈRE GÉRARD BILLON, enseignant à l?Institut Catholique de Paris, président de l?Alliance biblique française.
Avec ROSELYNE DUPONT-ROC, agrégée de lettres classiques, enseigne le grec biblique à l?Institut Catholique de Paris ; STEFAN MUNTEANU, professeur de Théologie Biblique à l?Institut de théologie Saint Serge ; ANTOINE NOUIS, pasteur et théologien ; JEAN-MARIE SALAMITO, professeur d?Histoire du christianisme antique à La Sorbonne.
Date : mercredi 27 mars 2019 à la librairie La Procure, Paris 6e.
Bibliographie
La Bible : retenir l'essentiel, André Paul, Nathan ;
La Bible expliquée aux jeunes, Jean-Louis Schlegel, Seuil ;
Le Tour de la Bible en 40 jours : une première lecture de la Bible à travers 40 grands textes accompagnés d'un commentaire clair et concis, Marie-Noëlle Thabut, Mame ;
Histoire de la Bible, Pierre Monat, Points ;
Découvrir la Bible en un week-end, Jean-Philippe Fabre, Mame ;
Lire la Bible en traduction, Jean-Marc Babut, Cerf ;
Cahiers Evangile. n° 157, Traduire la Bible en français, Jacques Nieuviarts et Gérard Billon, Cerf ;
La Bible en français : guide des traductions courantes, Jean-Marie Auwers et Claude Geffre, Lumen vitae.
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« Je sais que trop souvent la foi chrétienne est considérée comme une régression infantile afin d’apaiser les angoisses de la vie ; je voudrais essayer de te montrer qu’elle est totalement autre chose. Elle est à la fois un pari et un combat, une belle raison de vivre et une espérance plus forte que toutes les nuits qui menacent notre monde ».
Quand je pense à ma propre identité, je la sais multiple : je suis chrétien et je suis rabbinique, je suis protestant et je suis œcuménique, je sui français et je suis européen, je sui cévenol et je suis parisien, je suis de tel village et je suis citoyen des cieux, j'appartiens à une famille et je suis un être unique, je suis pêcheur et je suis pardonné… sans compter tant de choses qui ne se disent pas. Ces sources multiples irriguent mon histoire, parfois même à mon insu. Toutes ces identités se rejoignent dans le fait que je suis moi. La question est de savoir comment je hiérarchise les différentes facettes de mon identité et comment je les articule les unes avec les autres.
En élevant sa conscience contre l’empereur et le pape, Luther marque une étape importante dans le mouvement qui conduit à la modernité. Ce jour-là, Luther a posé les bases de l’individualisme protestant qui situe le sujet en amont de l’Église.
La particularité du christianisme est qu’il n’est pas sa propre origine, il est porté par une racine qui lui est étrangère. Pour entendre la singularité de ce positionnement, nous pouvons le mettre en tension avec deux autres approches.
L'opposition entre le Temple et le prophète recoupe la tension entre l'institution et la parole. Elle traverse toutes les époques et toutes les religions. Au nom du principe de réalité, nous savons que les institutions sont nécessaires. Pour qu'une intuition religieuse puisse durer dans le temps, elle a besoin d'organisation et d'infrastructure. Mais c'est aussi une loi de l'histoire que les institutions, toutes les institutions, ont tendance à privilégier leurs règles de fonctionnement par rapport à la parole qui les fonde, et à exclure ceux qui pourraient les renouveler (...) La tragédie du christianisme est que les justes ont souvent été persécutés par l'Eglise elle-même.
Selon la tradition rabbinique, David est le rédacteur de nombreux psaumes (...) Il serait tombé en dépression et c'est la composition quotidienne et acharnée des Psaumes qui lui a permis de se relever. Si cette interprétation est historiquement fragile, elle est spirituellement juste, car elle parle des Psaumes comme des prières de combat. Cette origine me permet de comprendre l'ambivalence de ces prières qui disent à la fois, et parfois dans le même psaume, l'absence de Dieu, la misère de l'homme, le sentiment d'être abandonné et entouré d'ennemis ; et la louange, le cri de victoire, la grande affirmation du pardon et de la bienveillance de Dieu. Si je considère les Psaumes dans le registre de la dogmatique, ils sont incohérents (...) En revanche si je les entends comme la parole de l'homme en lutte avec ses propres contradictions, ses échecs et ses ambivalences, ils ont une grande force.
Si dans ma prière, je ne suis que dans la plainte, je suis un piètre croyant. Si je dis que, grâce à Dieu, tout est merveilleux dans mon histoire, je suis un menteur. Les Psaumes me permettent de dire et l'un et l'autre, et parfois de passer de l'un à l'autre.
Je crois aux racines juives parce que la pensée rabbinique est aussi riche que la vie, et non pas aussi pauvre que la théologie. Elle est irrécupérable pour une doctrine puisque toutes les affirmations que l'on trouve en son sein peuvent être questionnées par d'autres déclarations qui entrent en dialogue avec les premières.
Je crois aux racines juives parce qu'il aurait été plus facile pour la première Eglise de décider de s'en débarrasser et de déclarer qu'elle est porteuse d'une vérité radicalement nouvelle qui rend les révélations précédentes obsolètes. Cela aurait été plus simple, mais où est-il écrit que les raisonnements les plus simples sont les plus vrais ?
(...)
Je crois aux racines juives parce qu'elles me conduisent à l'humilité.Elles m'obligent à reconnaître que je suis porté par une source qui n'est pas moi. Le danger de toutes les religions est de s'absolutiser.Mes racines me rappellent que le Dieu que je sers est plus grand que tout ce que je sais de lui.