Quand je serai majeure, je voyagerai et je partirai à la recherche d'une langue qui ne contienne pas la lettre s ; il doit bien en exister une quelque part. Je ne peux pas croire qu'il y ait nulle part sur terre un peuple assez délicat pour cela. Vous imaginez : sur toute la terre ! Et je ne parlerai plus jamais l'estonien, quand je serai indépendante, car j'épouserai n'importe qui sauf un Estonien. Lui, sûrement pas ! J'épouserai quelqu'un qui ne connaîtra pas un mot d'estonien, qui n'aura jamais entendu cette langue de toute sa vie.
Monsieur Maurus ne tient quand même pas une école lettone, mais bien une pure école estonienne. C'est pour cela que monsieur Maurus ne supporte pas les Allemands, ni les Russes. Ceux-là ne supportent pas l'Estonien, ils ne l'aiment pas. Personne n'aime l'Estonien, lui-même ne s'aime pas. Le Russe aime le Russe, l'Allemand l'Allemand, même le Letton aime un petit peu le Letton, mais l'Estonien n'aime pas l'Estonien, il aime le Russe et l'Allemand : voilà ce qu'est l'Estonien.
D'un pas décidé, comme s'ils avançaient à la rencontre du bonheur (...) Nous aurons bien de la misère, ici, tous les deux (...) Pour les pauvres gens, il y a partout de la misère (...) Nous vivons ici comme des mouches sur un tas de merde (...)