- A quelle sorte de jeu jouez-vous ?
-Vous m'avez eu. Je suis ici en mission ultraconfidentielle pour le compte du roi des Ténèbres, et j'ai reçu l'ordre de vous prendre pour cible. J'ai contraint la reine d’Été à m'aider à me rapprocher de vous et j'utilise mes charmes d'incube pour vous séduire afin de vous emmener à la Noire dans un but infâme.
Elle leva les yeux au plafond.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, ce fut pour trouver Gabriel qui la dévorait du regard, les yeux mi-clos.
-Qu'est-ce que tu regardes ?
-Putains, que tu es belle !
Elle laissa échapper un gloussement et plongea les yeux dans son verre vide.
-Je parierais que tu dis ça à toutes les femmes que tu essaies de séduire.
Il lui souleva le menton pour qu'elle n'ait d'autres choix que de le regarder.
-Oui, j’essaie de te séduire, Aislinn, mais je ne veux pas dire que tu es belle au premier sens du terme, tu es belle à l’intérieur comme à l’extérieur, à l'endroit comme à l'envers, et jusqu'au fond de l’âme.
— Le roi des Ténèbres exige votre présence sans tarder.
— Oui, je l’aurais deviné, répondit l’incube d’une voix traînante.
— Il est d’une humeur épouvantable.
Gabriel emprunta le couloir menant à la chambre de son roi, Hinkley sur les talons.
— Il n’est pas le seul.
Le roi était vraiment de mauvais poil, ce qui n’augurait rien de bon pour Gabriel.
Il était assis à son bureau, un énorme meuble en chêne aux pattes gravées d’images de satyres. Le roi des Ténèbres ne siégeait pas sur un trône entouré de centaines de gardes décorés de rose et de doré, comme le faisait la reine Été, mais il n’en était pas moins imposant. Sa réputation ne laissait personne indifférent.
La reine Été n’était pas la seule à avoir crié « Qu’on lui coupe la tête ! » de temps à autre.