À bien y réfléchir, il est beaucoup plus adorable et proche de moi au téléphone que quand il me voit. Est-ce qu’il fantasme surtout à distance ? Fait-il partie de ces hommes pour qui le plaisir réside dans l’idée qu’ils s’en font ? Ne m’appelle-t-il pas deux ou trois fois par semaine juste pour me dire quelques mots gentils, amusants, taquins, qui me font toujours rire ?
Ce sourire tendre que je ne lui connais qu’après que nous avons fait l’amour… un sourire joyeux, de complicité, d’homme satisfait et rassasié, qui va avec le sourire de ses yeux bleus plissés qui plongent au plus profond de moi-même. Un regard qui veut dire de façon certaine : « C’est bien, nous sommes bien, cet instant n’est qu’à nous, le reste du monde est oublié. »
Je suis presque sûre que les femmes et encore plus les hommes ont du mal à avouer qu’ils pensent des heures et des heures à l’avance à la rencontre amoureuse et pourtant… En tout cas, moi, j’aime prendre mon temps : un long bain, des essais puis des retouches de maquillage, le choix des bas, de la robe, des chaussures…
Il aura fallu que j’attende presque cinquante-cinq ans pour connaître un homme qui sophistique ou complique l’amour avec une exigence aussi incontournable, comme si faire l’amour simplement, normalement, était impossible… Comme si son élan vers une femme qui lui plaît ne pouvait jamais être naturel.
Les hommes n’ont pas d’autre choix que de suivre et de bien se tenir. Probablement même, si elles trouvent mieux à leur goût, il se pourrait qu’un jour elles en changent, car, sous des apparences aussi pragmatiques, elles continuent à rêver.
De toute façon, l’usure de l’amour physique est obligatoire au bout de quelques années, dans tous les couples et quel que soit l’âge. Finalement, c’est la tendresse, la complicité, qui deviennent essentielles et qui assurent la durée.
L’espoir fait vivre, il y a des lendemains qui chantent… Je me console les jours suivants avec ces lieux communs, certes, mais qui font toujours du bien. Il faut y croire. On ne demande qu’à y croire.