Armelle Pain

Au Bourgneuf-la-Forêt, commune mayennaise de 1 800 habitants située à proximité de l’Ille-et-Vilaine, le cinéma Le Trianon fait partie du paysage. On vient y voir le dernier succès du box-office, le film d’auteur allemand ou brésilien du moment ou un film pour enfants pendant les vacances. On connaît les bénévoles qui le font vivre depuis trois, dix, quarante ou soixante ans. On admire la récente et complète remise à neuf du bâtiment et de l’équipement. Bref, Le Trianon est là comme une évidence.
Pourtant, tout visiteur venu d’une région moins chanceuse ou d’un pays pas forcément très lointain partage la même surprise en découvrant un cinéma à la sortie de ce petit village du bocage. Même si la France est le pays européen qui compte le plus grand nombre d’écrans de cinéma (plus de 5 000), ceux-ci sont l’apanage des villes moyennes ou grandes, beaucoup plus rarement des petits bourgs. Moins de 3% des communes de moins de 10 000 habitants sont équipées d’un cinéma.
On peut alors se demander pourquoi il y a un cinéma dans cette petite commune et comment il a traversé les décennies et résisté aux difficultés qui ont eu raison de tant d’autres.
En creusant un peu cette histoire, en discutant avec Odette, Michel ou Francine, en plongeant dans les souvenirs et les archives de Fernand, on peut aussi évoquer la passion et la magie du cinéma et dire l’importance d’un tel lieu pour les habitants et les acteurs du territoire.
Les pages qui suivent proposent de revenir sur les conditions qui ont permis l’existence d’une salle de cinéma paroissiale au Bourgneuf-la-Forêt dès 1948, pour ensuite préciser comment depuis cinquante ans - 1966 - les films prennent vie au Trianon grâce à une équipe associative.
En filigrane cette histoire dessine aussi le portrait d’un territoire, celui du Bourgneuf-la-Forêt et du Pays de Loiron. Elle rappelle aussi qu’aujourd’hui comme hier, un cinéma associatif n’est pas un cinéma comme un autre.
C’est un lieu de vie, de partage et de transmission avec des bénévoles qui s’engagent dans la durée pour la collectivité. C’est aussi un lieu de diffusion culturelle et un acteur culturel de proximité inscrit dans son temps.