Benjamin cultivait les dernières paroles. C’était là un vice un peu morbide qu’il cultivait en forme de conjuration. Solennel et ironique, il me les citait avant d’entrer en scène. Il affectionnait tout particulièrement les derniers mots d’Henri Calet dans Peau d’Ours :
C’est sur la peau de mon cœur que l’on trouverait des rides.
Je suis déjà un peu parti, absent.
Faites comme si je n’étais pas là.
Ma voix ne porte plus très loin.
Mourir sans savoir ce qu’est la mort, ni la vie.
Il faut se quitter déjà ?
Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes.