Les Grecs anciens savaient pourtant parfaitement faire la différence entre Hubris, la violence incontrôlée des passions et Diké, le recours raisonné à une violence proportionnée. C'est même l'un des principaux enseignements du plus vieux récit épique du monde : la Guerre de Troie d'Homère.
/ Sur les personnalités hors-du-commun /
Elles ont un langage à elles, un vocabulaire ou une syntaxe légèrement à part. Cela ne signifie pas qu’elles s’expriment de façon abusivement complexe, au contraire, elles ne cherchent pas à égarer ou à déstabiliser leur interlocuteur. C’est souvent qu’elles se sont affranchies du cadre langagier commun – et assez pauvre finalement – dans lequel nous sommes pour la plupart parqués. Elles ont leurs expressions, leurs img fages, leurs références, elles ont constitué un champ sémantique à part et ainsi circonscrit leur univers mental différemment des autres. J’y vois le signe d’une liberté par les mots, qui est la première condition d’une liberté par la pensée, puis, peut-être, pour certains, d’une liberté par l’action.
D'ailleurs, on constate un paradoxe évident aujourd'hui entre l'hyper efficacité, la très grande professionnalisation des stratégies de conquête du pouvoir par les candidats et leurs partis et, par la suite, une fois la victoire acquise, l'impuissance tragique et un certain amateurisme dans la gestion du pouvoir par les élus et leurs gouvernements. On repense aux liaisons dangereuses et à cette fameuse réplique de Madame de Merteuil : "Conquérir est notre destin". Avouant ainsi en creux qu'à leur pouvoir de conquérir le cœur de leurs proies ne répond en silence que leur impuissance à savoir les aimer. Peut-être les politiques ne nous aiment pas assez et que progressivement nous nous en rendons compte. Attention aux amours déçues...
On a poussé le raisonnement trop loin et il s'est retourné contre nous comme tous les discours sophistiques qui visent à endormir notre conscience et notre capacité d'indignation. Qui s''imagine que lorsqu'un provocateur humilie sa victime, il considère une seule seconde que la passivité de cette dernière cache en fait une grande force de caractère, une capacité de résistance à l'épreuve ?
Bien entendu, la vie est faite de compromis. Les philosophes athéniens voyaient en l'Homme un logon politikon, un esprit politique, fait pour vivre en collectivité, puisqu'en "dehors des murs de la Cité, il n'y a que des bêtes et des dieux" disait-on. Ce premier contrat social impose évidemment à chacun une grande tolérance à l'égard des autres […].
/ Sur les conversations vides de sens/
Combien de conversations devons-nous supporter, qui ne sont finalement pas vraiment des échanges avec les autres, mais uniquement des monologues face à des miroirs d'eux-mêmes que nous sommes simplement supposés tenir bien droit devant eux ?
Que faire et avec qui du temps qui nous est laissé ? Pour y faire face, pas de temps à perdre avec les faux semblants : il faut en permanence ajuster le tir entre des compromis nécessaires et des compromissions délétères.
Au milieu d'une lâcheté collective travestie en vertu sociale, exagérer est devenu payant. "Plus c'est gros, plus ça passe".
Au-delà de quel point du compromis nécessaire suis-je finalement en train de compromettre ma cohérence personnelle ?
Nous sommes anesthésiés par l'abus de compréhension, shootés à la mansuétude.