Ainsi, dans toute langue il y a des mots qui n'expriment pas exactement pour tous la même idée, n'éveillent pas en tous la même image, fait notable qui explique bien des mésintelligences et bien des erreurs. Nous touchons ici à un point capital de la vie du langage, les rapports des mots avec les images qu'ils évoquent. Le plus ordinairement, chez chacun de nous, les mots, désignant des faits sensibles, rappellent à coté de l'image générale de l'objet un ensemble d'images secondaires plus ou moins effacées, qui colorent l'image principale de couleurs propres, variables suivant les individus. Le hasard des circonstances, de l'éducation, des lectures, des voyages, des mille impressions qui forment le tissu de notre existence morale, a fait associer tels mots, tels ensembles d'expressions à telles images, à tels ensemble de sensations. De là tout un monde d'impressions vagues, de sensations sourdes, qui vit dans les profondeurs inconscientes de notre pensée, sorte de rêve obscur que chacun porte en soi. Or, les mots, interprètes grossiers de ce monde intime, n'en laissent paraître au-dehors qu'une partie infiniment petite, la plus apparente, la plus saisissable : et chacun de nous la reçoit à sa façon et lui donne à son tour les aspects variés, fugitifs, mobiles, que lui fournit le fonds même de son imagination.
Les mots naissent, quand l'esprit fait d'un nouveau mot l'expression habituelle d'une idée; les mots se développent ou dépérissent, quand l'esprit attache régulièrement à un même mot un groupe plus étendu ou plus restreint d'images ou d'idées. Les mots meurent, quand l'esprit cesse de voir derrière eux les images ou les idées dont ils étaient les signes habituels, et par suite, n'usant plus de ces mots, les oublie.
Puisque les mots naissent, se développent et se transforment dans le temps, ils ont une histoire. Cette histoire ne s’adresse pas seulement aux érudits; elle intéresse tous ceux qui veulent connaître exactement le sens des mots qu’ils emploient. Comme on l’a fort bien dit, l’érudition est ici, non l’objet, mais l’instrument, et ce qu’elle apporte d’historique est employé à compléter l’idée de l’usage, idée ordinairement trop restreinte.
La langue que nous parlons et que nous écrivons est pleine d’expressions, de tournures dont elle ne peut rendre compte par elle-même, et qui s'expliquent par des faits anciens, depuis longtemps oubliés, qui survivent dans l'idiome moderne comme les derniers témoins d'un autre âge.
L'histoire d'un mot, ainsi retracée, permet de saisir le sens propre, sans cesse modifié par l'usage, et de suivre le travail continu de la langue qui, partant de la signification première, l'étend ou la restreint de siècle en siècle, suivant les besoins de la pensée.
Mais ce n'est pas seulement à l'ancien français et à ses sources directes que nous demandons l'explication du français moderne. Le bas latin, trop négligé jusqu'ici, apporte aussi de précieux renseignements sur les origines de l'usage actuel.
FEMME, s.f.
1° Dans l'espèce humaine, personne du sexe organisé pour concevoir et enfanter.
Une ___ enceinte. Une fantaisie de ___ grosse. Les hommes et les femmes conviennent rarement sur le mérite d'une ___ , leurs intérêts sont trop différents, LA BR. 3 . Que le coeur d'une ___ est mal connu de vous, MOL, Tar. IV, 5. Quoi ! vous vous arrêtez aux songes d'une ___ ! CORN. Poly. I, 1. (...). Je suis ___ et je sais ma faiblesse, id. ibidem I, 4. Elle flotte, elle hésite ; en un mot, elle est ___ , RAC. Ath. 3, 2 (....)
2° Epouse. (...)
3° Domestique (...)