Est-ce à dire qu’il n’y a rien à apprendre de toutes ces belles success-stories ? Non, bien sûr. Mais à condition de ne pas tout mélanger… Par exemple, quand j’entends un quelconque ministre de l’Économie s’extasier sur ces start-up qui créeront demain de l’emploi en masse, j’ai envie de me resservir deux fois des nouilles. Parce que, mon bon ami, pour revenir à une situation de plein-emploi avec les start-up comme pierre angulaire de ta stratégie, il va falloir te lever très, mais alors très tôt. Le but d’une start-up, ce n’est pas de « créer des emplois », n’en déplaise à la novlangue lénifiante que tu aimes tant à employer. C’est même tout le contraire ! Le but d’une start-up, c’est l’hypercroissance, c’est de scaler : faire exploser son volume d’affaires en maintenant les coûts au plus bas pour assurer à terme un très haut niveau de rentabilité. Je ne dis pas que c’est bien ou mal, mais qu’une start-up, par définition, c’est ça. C’est un effet de structure. On n’y peut rien : créer des emplois stables et bien payés en masse, cela entre en contradiction directe avec cet impératif de « scalabilité » (le terme est barbare, je sais, mais c’est la lingua franca de la Start-up Nation, je n’y peux rien).
Maintenant que vous êtes à peu près au clair sur ce qu’est une start-up, vous êtes en droit de vous demander comment, par tous les diables, il est possible de construire une nation entière avec des garages à licorne en guise de briques. Et c’est une excellente question. Je me la pose d’ailleurs moi-même assez régulièrement en me rasant.
Avez-vous remarqué que ni la baisse de la pression fiscale sur les plus fortunés, ni le démantèlement du Code du travail, ni la chasse aux chômeurs n’étaient cités comme des facteurs-clés de la reussite de la constitution d’une Start-up Nation?
Étrange non?