Après s'être soulagée entre les rangées de ceps, la religieuse renfourcha la selle arrière du tandem et se remit à pédaler avec une énergie nouvelle. Elle révéla aussi, à propos des soins buccaux de Mannerheim, que le dentiste suisse n'avait pas obéi aux ordres de son patient : au lieu de détruire la prothèse usagée, il l'avait plongée dans de l'alcool à 90 degrés et rangée dans une vitrine de son cabinet. L'hiver suivant, on avait découvert qu'un visiteur nocturne, une infâme crapule, avait bu l'alcool et jeté le dentier historique à la poubelle. Soeur Esther l'y avait trouvé et l'avait rapporté à l'abbaye, où il était toujours pieusement conservé.