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Citation de afriqueah


Si on me bute, bang, lui dit son compagnon, cours, ne restes pas là, à Culiacan, si tu entends le téléphone sonner, fuis loin , le plus loin possible, tu entends ?
Alors, elle fuit, cette petite mexicaine innocente et pauvre. Son compagnon est mort, et lui avait appris à reconnaître La Situation, le moment de grand danger, qu’il faut voir, appréhender, en deviner les signes, surtout s’il a cette odeur de sueur, de mâle en rut, d’alcool et que la drogue en est la vertèbre à double tranchant : vendre, se faire vendre, mourir, tuer.
En très peu de temps, pour sauver sa vie, elle fuit, bien sûr, et elle doit comprendre que la complicité autour du transport de drogue par gros Boeing, Caravelles et DC8, se fait avec la complicité de la police, du Ministère de la défense, et même de la présidence du gouvernement mexicain ; les transports effectués par son compagnon étaient des leurres, mais transports quand même et qui lui ont coûté la vie.

Perez Reverte nous promène depuis le Sinaloa, ouest mexicain, jusqu’aux côtes andalouses, Marbella la mondaine, truffée d’agents et d’argent russe, Gibraltar dont la nationalité anglaise permet tous les trafics, Jerez la noble, dont les portails en pierre rappellent ceux de Cuba, puisque le commerce du sucre avait été son monopole, le Puerto de Santa Maria, avec sa prison modèle, dans laquelle notre héroïne, Tereza Mendoza, est enfermée quelque temps.
Et le Maroc.
Tereza doit être forte dans ce monde d’hommes, elle devient une femme puissante, trafiquante de drogue dans la Méditerranée , avec l’appui de personne au départ puis de presque tous, l’argent étant la solution idéale pour apaiser les possibles interventions ; elle calcule, elle montre son sang froid, elle apprend à se méfier après la mort de son deuxième compagnon , elle ne fait confiance à personne, et on la comprend, les trahisons se bousculant autour d’elle de la part de ses plus proches.
Elle est étrange, cette Tereza, elle sait à qui déléguer les basses besognes, elle parle peu, elle regarde ses interlocuteurs, elle les jauge. Elle les écoute, et sort de tous les pièges (nombreux) qui lui sont opposés, et triomphe de tous les morts qu’elle a côtoyé et les morts qu’elle a dû donner par personne interposée et sans que l’on puisse retrouver son origine.

En prison, elle a fait la connaissance de celle qui changera son destin de pauvre exilée en riche héritière.
Portrait de femme qui a sans doute existé, car Arturo Perez Reverte cite hommes politiques, juges et hauts placés de la police andalouse, tout en inventant les plus corrompus, bien entendu.

Elle va faire fructifier sa chance jusqu’à devenir multimillionnaire.

Voilà, le destin change pour Tereza et on s’en réjouit.

C’est un roman, bien sûr, pas un hymne à la drogue.
Un très bon roman, avec des références à la lecture, qui t’apprend, te fais rêver, te fais vivre d’autres vies et multiplie la tienne par mille, occupe ta tête, la remplit des pensées des autres, et finalement parle de toi.
Le premier roman que lit Tereza, c’est Le Comte de Monte-Cristo, vengeance sur le destin, elle la multimillionnaire qui, petite fille, n’avait qu’une seule paire de chaussures, pour aller an classe.

L’histoire de Tereza est entrecoupée par le reportage de Perez Reverte en vue d’écrire le livre que nous lisons : pour lui non plus, ce n’est pas simple, la corruption n’aime pas tellement être dévoilée, pas plus que les trafiquants ne pensent céder leurs secrets.
Mais on lit, on se régale, on lit sur le fait de lire, avec des passages entiers d’une écriture magnifique, sur la mer, sur les blessures, sur la solitude et sur la volonté de changer son sort.
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