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Citation de Tricia12


La première fois que, des années plus tôt, Olvido Ferrara et lui avaient parlé de la peinture de batailles, c'était dans la galerie du palais Alberti, à Prato, devant le tableau de Giuseppe Pinacci intitulé "Après la bataille", une de ces scènes historiques spectaculaires d'une composition parfaite, équilibrée et irréelle, mais qu'aucun artiste lucide, en dépit de tous les progrès techniques additionnés, ceux du passé comme ceux de la modernité, ne se risquerait jamais à discuter. Il est curieux avait-elle dit - au milieu des cadavres dépouillés et des agonisants, un guerrier achevait à coups de crosse un ennemi à terre semblable à un crustacé, sous le casque et l'armure qui le couvraient complètement -, de constater que presque tous les peintres de batailles intéressants sont antérieurs au XVIIe siècle.
A partir de là, aucun, excepté Goya, ne s'est risqué à contempler un être humain frappé pour de bon par la mort, avec du sang authentique et non un sirop héroïque dans les veines; ceux qui, à l'arrière, finançaient leur travail, considéraient cela inopportun.Puis la photographie a pris la relève. Tes photos, Foulques. Et celles des autres. Mais n'ont-elles pas, elles aussi, perdu leur honnêteté? Aujourd'hui, montrer l'horreur en premier plan est politiquement incorrect. De nos jours, même l'enfant qui lève la main sur la célèbre photo du ghetto de Varsovie aurait le visage masqué, sous prétexte d'atteinte à la loi sur la protection des mineurs.
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