Audrey Harrison

Si on ajoutait à cela les lunettes qu’elle devait porter pour voir clairement, elle était vraiment un ensemble peu attrayant. Elle en était pleinement consciente. Il y avait suffisamment de gens sans tact dans la société pour faire remarquer les défauts de chacun et plus qu’assez de personnes parfaites et belles pour écarter quelqu’un qui n’entrait pas tout à fait dans le moule.

C’était vrai. Il était beau. Aussi foncé que sa femme l’avait été, avec des yeux si sombres qu’ils étaient presque noirs lorsqu’ils étaient orageux, ce qui était généralement le cas. Il ne souriait pas très souvent ; au lieu de cela, il avait deux sillons profonds sur le front qui, même lorsqu’il souriait, trahissaient la position du froncement de sourcils quasiment constant qu’il affichait. Doté de traits fins, il était saisissant et considéré comme un ensemble attrayant, mais n’était pas perçu comme le meilleur des partis en raison de son caractère hargneux.

Elle était riche et titrée, et extrêmement inhabituelle dans la mesure où elle avait atteint l’âge et le statut de vieille fille malgré ses atouts dans la société. Elle était belle, plutôt que jolie, avec des cheveux foncés et des yeux verts. Elle était presque aussi grande que Livesey et, à certains égards, semblait parfaitement assortie. Elle était aussi celle qui se tenait légèrement à l’écart des gens, un peu distante.

Il avait été grégaire quand il était plus jeune. Cela avait d’ailleurs été l’une des caractéristiques ayant séduit Angelina. Pourtant, après s’être mis en couple, Livesey s’était retiré de tout le monde et maintenant, c’était tellement ancré qu’il ne voyait pas comment sortir de l’isolement qu’il s’était imposé. Il était risible de se sentir seul dans une pièce pleine de gens, mais c’était très souvent le cas.

Bien qu’elle soit polie, elle n’était pas prête à faire de fausses flatteries pour essayer d’apaiser quelqu’un qui ne l’appréciait clairement pas. Mais elle refusait de se laisser impressionner par un homme qu’elle considérait comme froid, insensible et grossier, aussi beau soit-il. Et il était éblouissant à regarder, surtout aussi proche qu’elle l’était de lui à présent.

Il était un étranger pour ses filles et elles pour lui. Son père avait été un homme bien et un modèle à copier, mais il ne parvenait pas à établir un lien avec ses enfants comme l’avait fait son propre père. Si Livesey était honnête, il ne souhaiterait pas que ses enfants deviennent comme l’un ou l’autre de leurs parents ; Angelina et lui avaient tous deux des défauts.

C’était une femme totalement indépendante qui disposait de la fortune laissée par son mari, ce qui lui donnait la liberté de vivre sa vie comme elle l’entendait. En même temps, elle ne passait jamais longtemps sans la compagnie de sa nièce ou de son neveu, leur offrant des conseils et parfois, dans le cas de Livesey, elle était la voix de la raison indésirable.

L’aventure est parfois grisante, tout comme l’expérience de voir les pays et les civilisations que j’ai visités. La vie à terre n’est pas toujours comparable. Il n’y a rien de tel qu’un navire rempli de marins pour faire ressortir le meilleur et le pire des gens. Même les batailles auxquelles j’ai participé avaient un élément d’excitation au fond d’elles.

Il s’était cru dans un amour éternel, mais il s’était tellement trompé. C’était de l’engouement, de l’obsession même, mais pas de l’amour. Il n’avait jamais fait part de ses inquiétudes à qui que ce soit lorsqu’il avait réalisé qu’il avait fait une erreur ; c’était trop tard : Angelina était tombée enceinte et il l’avait épousée sans broncher.

Pour que les enfants ne soient pas comme leurs parents déséquilibrés, ils auraient besoin d’une autre influence sur eux. Ils avaient besoin d’une mère convenable. Pour la première fois depuis que la fête avait été mentionnée, il reconnaissait qu’il était temps de prendre sérieusement en considération ses options.