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Citation de Musa_aka_Cthulie


ELISABETH : Je veux vivre ! Entendez-vous, insensé que vous êtes ! Vous ne comprenez pas cela, vous, qu'on puisse raisonnablement vouloir vivre ? Enfin ! J'étouffe ici, moi ! Je meurs de mon vivant ! J'ai soif de choses sérieuses ! Je veux respirer le grand air du ciel ! Emporterai-je vos billets de banque dans la tombe ? Combien croyez-vous donc qu'on ait de temps à vivre ? (Un silence ; puis, pensivement) Vivre ? ... Est-ce même là ce que je désire ? Ce que je puis désireraujourd'hui ?... — Un amant. disiez-vous ? ... Hélas, non ! Je n'en ai pas, je n'en aurai jamais ! J'étais faite pour aimer mou mari, entendez-vous ? Je ne lui demandais qu'une lueur d'humanité !... Aujourd'hui, ne comprenez-vous pas que c'est fini, et que l'orgueil de l'amour s'est éteint dans mes veines ?... Que je ne puis revenir sur mes pas? Que vous m'avez pris, comme rien, à moi stupide et dans l'angoisse, tout ce que j'aurais voulu donner, oh ! follement ! et pour toujours ! Et sans regrets ? Je ne vous souhaite pas de vous douter jamais de ce que vous avez perdu !... Vous êtes comme un juif aveugle qui a laissé tomber ses pierreries sur le chemin.
FELIX (la regardant avec inquiétude, à part) : Je la crois atteinte !... (Haut, d'un ton lent et glacial) Voyons, voyons, calme-toi ! .... Ce sont des mots, tout cela, vois-tu. Il ne faut pas, comme cela, se monter la tête avec des phrases... Si tu allais un peu dormir, hein ? ... C'est une idée, cela ?...
ELISABETH (impassible) : Des mots ?... Et avec quoi voulez-vous que je vous réponde ?... Avec quoi me questionnez-vous ... Je n'entends sonner que l'argent dans vos paroles : si les miennes sont plus belles et plus profondes, plaignez-moi ! C’est un malheur irréparable, mais, enfin, c'est ma manière de parler. Et puis, qu'importe cela, désormais ! Nous avons raison tous les deux, vous dis-je ! Mais il ne s'agit plus seulement d'avoir raison ici ! Je sais bien que ce sont «des mots » pour vous, l'immense désir d'aimer, au moins, la lumière et la splendeur du monde, lorsqu'on ne peut plus rien aimer socialement, pas même le lucre !... Je sais bien que cela vous fait hausser les épaules, l'espérance, le soir et la solitude auprès d'une belle jeune femme silencieuse !... Je sais bien que le mystérieux univers ne fera naître éternellement sur vos lèvres qu'un sourire frais et reposé (car rien ne fut jamais triste ou mystérieux pour vous, même la Science, ni même la Mort !) Je sais bien qu'en esprit éclairé, vous ne dédaignez pas, « une fois le temps », l'espace, le vent de la haute mer. Les rochers, les arbres des montagnes, le soleil, les bois, l'hiver et la nuit. Et les cieux étoilés, si toutefois il est encore, pour vous, des cieux ! Vous trouvez cela « poétique » ? Vous appelez cela « la campagne » ? Moi, j'ai une autre façon de regarder ces choses ! Et comme le monde n'a de signification que selon la puissance des mots qui le traduisent et celle des yeux qui le regardent, j'estime que considérer toutes choses de plus haut que leur réalité, c'est la Science de la vie, de la seule grandeur humaine, du Bonheur et de la Paix.

Scène I
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