Tout en ondoyant, je me déplace avec grâce et fluidité, tel un serpent, captivante, accompagnant le rythme et les mouvements d'un jeu de sagates. *
* Sagates: petites cymbales que l'on tient entre le pouce et l'index.
Je danse l'hiver, chaque pas ou figure évoquant les étendues neigeuses, le silence apaisant de la nature. La musique de Tchaïkovski nous porte vers ces immensités oniriques, qui sont aussi notre quotidien. Les lumières se font plus douces et plus intimes. Le port de tête altier, les bras merveilleusement expressifs, je glisse sur le sol par de tout petits pas imperceptibles et cachés sous ma longue robe. Plus légère qu'un flocon, je me déplace avec grâce, souriante et rayonnante, dessinant dans l'espace des figures poétiques et raffinées avec mes amies. Quel tableau décrirait avec autant de ravissement un paysage russe avec toute la magie qu'il comporte, l'art qu'il appelle ? Seule la danse peut exprimer si subtilement et avec tant de nuances les multiples facettes de mon pays...
Sur les premières notes, je me déplace avec la grâce et la légèreté d'une panthère. Ma gestuelle se fait fine et précise, mes doigts se délient pour accompagner les postures de mon corps. Dans les bruissements de la soie, les cliquetis de mes bijoux, je parcours l'espace et, après quelques instants, je suis comme transportée chez les divinités. La musique s'arrête et je termine par une fente.
Le tempo ne faiblit jamais; nous donnons toute notre énergie, notre âme, notre souffle au flamenco.
La succession de mouvements inspire sérénité et tranquillité,même si,de temps en temps,un battement de percussion plus fort que les autres appelle un frappement de pied,rompant le calme de la danse.Ma tête bouge de façon souple et gracieuse,exprimant,selon le code japonais,tout le charme féminin. Puis je m'agenouille respectueusement,étendant sur le sol, devant moi,mon mouchoir de tissu.Délicatement,j'en saisis les deux bouts pour les rapprocher, symbolisant l'union du masculin et du féminin. Les mains jointes,me déplaçant sans heurt,il émane de moi et de ma danse quiétude et paix, ainsi qu'un profond sentiment de complétude,objet de quête perpétuelle des Japonais. Petit à petit, je m'éloigne dans un silence apaisant.
Jonas vient de terminer son solo, et c'est mon tour. Je m'avance vers le centre du cercle. Je suis complètement imprégnée par le tempo rapide, marqué. La musique résonne dans ma tête et mes membres ne répondent plus qu'au rythme.
Nous avons commencé à nous déplacer en suivant le rythme. Au début, j'avais beaucoup de mal à me détendre puis je suis entrée dans la musique et j'ai tout oublié. Nous avons enchaîné les tours et autres déplacements latéraux.
C'est une véritable passion. Quand je danse le rock, je me sens tellement vivante!
Nous dansons partout et dès que nous le pouvons. Nous exprimons ainsi un bonheur de vivre enfoui en nous. La salsa est la danse la plus festive et la plus joyeuse qui soit. Nous n'écoutons pas la musique, nous la vivons!
Mon partenaire Guillaume me rejoint pour danser le plus magnifique des adages. Nos regards se croisent et se perdent l'un dans l'autre ,exprimant toute la douleur d'une séparation inéluctable et éternelle.