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Citations de Aurélien Lemant (15)


Nos rêves sont des bandes dessinées. Ils sont faits de couleurs et de verbes. S’est-on jamais demandé pourquoi, alors qu’usuellement les héros n’exhibent qu’un seul logo ou blason, notre capitaine en possède deux ? Outre sa bonne étoile, impossible pourtant de ne pas voir à son masque cet énorme A majuscule initiale de son pays comme de son équipe (Avengers). Pareil au Golem animé par la force de la parole inscrite à son front, cet Aleph primordial insuffle vie au Captain. On ne le lui effacera pas. Mais parce que rien n’est jamais acquis, même pour celui qui se tient comme un roi, et parce que ce personnage, quels qu’en soient les avatars à venir, a encore beaucoup à accomplir, nul ne devrait figer ce A dans un seul mot.

Demain, il pourrait chanter Aum. Ou Anarchie.

Aujourd’hui, il dit Action.
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1917, Annonciation : première occurence attestée du mot "superhero" dans la langue anglaise.

1938, Naissance : parution du premier numéro de Action Comics, avec Superman en couverture.

1986, Mort : Allan Moore publie Watchmen et Frank Miller Batman : The Dark Knight Returns.

Quelque chose s'est produit.

Mais quoi?
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De tous les grands personnages inventés au début de l'Âge d'argent de Marvel par Stan Lee, Jack Kiby et Steve Ditko, le Docteur Strange a toujours été le moins exposé. Peut-être que la sortie en 2016 de l’adaptation cinématographique réalisée par Scott Derrickson changera le statut du "Maître des arts mystiques", et que les enfants de demain joueront avec des figurines du magicien drapé dans son manteau rouge de lévitation, combattant ses ennemis jurés Dormammu ou Modro. Il est tout de même permis d'en douter. D'abord parce que le Docteur est un super-héros de l'ombre et non, comme Batman, un petit soldat tapageur de la part obscure du monde et du cœur des hommes, mais un homme lettré qui se bat avec l'esprit et n'évolue qu dans les failles primitives de la vie moderne, là où la réalité est une illusion comme les autres ; ensuite, parce que le Docteur est une pure créature de bande dessinée. (Tristan Garcia)
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Darkseid, en voulant prendre la place du self, du moi, devenant le masque total qui recouvre chaque être de l’univers, s’oppose ontologiquement au carnaval de sa vie et à ses innombrables identités interchangeables. Son individualisme absolu le pousse à abolir l’individualité d’autrui en supprimant ce qui fait la substance de tout être animé. Plus de traits de caractères, fini les variations d’humeurs et les particularités de chacun, Darkseid veut être tout, et que nous soyons tous (à) lui. Il est en cela l’ennemi suprême, la réfutation de Superman, Batman, Wonder Woman et de tous les autres.
Son principal allié est Internet, ce mangeur de vie et d’énergie devant lequel le moderne dépense le plus clair de son temps, l’anti-vie pouvant prendre la forme d’un simple spam adressé à des millions de gens en l’espace d’un clic.
Vous avez un message.
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On le sait, l’édification est l'une des grandes fonctions traditionnelles de la littérature de jeunesse. Spider-Man, héros populaire s'il en est, s'est révélé bien sûr l'ambassadeur de nombreuses valeurs sociétales américaines (le do it yourself, l'esprit d'entreprise et d'indépendance, la tolérance, la fidélité , la célébration du système éducationnel, la transmission et la solidarité intergénérationnelle, le sens des responsabilités, évidemment, etc.). (Dick Tomasovic)
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"Nos super-héros reviendront encore et encore du purgatoire, tant que nous n'aurons pas accompli la mission qu'ils nous ont confiée autrefois : celle de sauver l'univers à leur place."
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Je n’avais pas besoin de l’attendre.
Puisqu’elle s’attendait en moi.
J’étais donc deux fois.
Dieu me prêtait une deuxième vie, plus grande et plus bleue.
Je n’ai pas su la vivre.
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À travers The Coon, Parker et Stone mettent en scène plusieurs réactions de spectateurs énervés vis-à-vis des super-héros. Ils sont grotesques ; ce sont des bébés qui portent une tunique ; ils exagèrent la réalité du mal qu’ils combattent ; mais aussi : ils cherchent à faire les intéressants. Cartman se déguise en The Coon non pour être masqué, mais pour être démasqué. Sa passion n’est pas la justice, c’est la gloire, et la gloire ne peut passer que par une feinte d’anonymat, que par le port d’un masque qu’on demande aux autres de nous ôter. Parker et Stone ne croient pas au caractère vertueux des « justiciers anonymes ». Ils lisent, dans la psychologie tortueuse de l’anonyme, la stratégie de celui qui veut être encore plus connu que ceux qui se montrent. The Coon ne fait que ça : sa propre promotion. La promotion d’une identité basée sur sa seule existence. (…) Comme les « stars post-modernes », la seule chose qu’il a à proposer, c’est le fait de se proposer lui-même.
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À vrai dire, et contrairement aux autres créations de Marvel soigneusement ancrées dans la réalité urbaine contemporaine, le Docteur Strange est un desdichado qui ne fréquente guère ses semblables. Il semble éviter avec soin les rues commerçantes et le district financier. On cherche en vain dans ses aventures les fétiches de verre et d’acier de la modernité, la skyline de New York, la publicité et les mass-médias (à l’exception, donc, de la télévision, dans l’aventure déjà citée du numéro 129). Ses ennemis ne sont pas les mafieux ou les malfrats crasseux qui hantent les ruelles obscures de la ville protégée par les Avengers. Son terrain de jeu n’est pas non plus celui des adolescents chéris de la société de consommation, protagonistes de Spiderman ou des X-Men. Et puis on note l’absence des laboratoires des habituels savants fous de la Marvel. ici, peu de technologie, pas la moindre trace d’une vie de famille et aucune marque du quotidien consumériste américain.
Où, donc, dans Docteur Strange, se situe la raison qui s’opposerait à la mystique, à l’ineffable, à la pure puissance et aux énergies inquantifiables de l’esprit ? Où diable est passé l’Occident ?
Nulle part ailleurs, croyons-nous, que dans l’esprit de son créateur, Steve Ditko, et dans sa main de dessinateur. La raison du Docteur Strange, c’est le trait, ce sont les contours des figures fermement cernées et le découpage soigneux des planches ; c’est l’activité permanente de découpage image par image du monde. Ce n’est pas tant la rationalité de l’Occident : c’est la rationalité de la bande dessinée. (Tristan Garcia, Un héros de l’esprit – Dr Strange, 1963)
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Spider-Man se bat moins qu’il ne se débat. Il est le héros de l’approximation, de la tentative, du geste vain et de la réussite interdite. Il est le héros mû par la culpabilité et condamné à la faute. Il est le héros qui n’apprend rien de la pédagogie par l’erreur. Il est le héros de la contrition, de la complaisance et de l’échec, jusque dans la médiocrité de ses jeux de mots que tous, alliés comme ennemis, redoutent. Il est pourtant le super-héros préféré du grand public et l’une des icônes pop les plus importantes de notre époque, peut-être précisément parce que sa valeur de référence ultime est la ténacité, soit la seule qui conditionne essentiellement et crucialement notre propre persistance à exister. Que l’on ne s’y trompe toutefois pas : Spider-Man n’est en rien une école de la résignation. Au contraire, il s’agit d’une éducation à l’impuissance.
Il faut être fou pour penser qu’il ne s’agit pas d’une lecture utile. (Dick Tomasovic, Battre sa (super) coulpe – Spider-Man, 1962)
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’est le bout de dialogue le plus célèbre d’Avengers, celui dont les internautes se gaussent encore à coups de gifs et de memes. Il est extrait de l’échange entre Loki, le dieu jaloux de son démi-frère Thor au point d’envahir la Terre, et Tony Stark, alias Iron Man, milliardaire extraverti, très à l’aise tant avec sa double identité qu’avec l’idée de sauver le monde. Duel littéralement au sommet, car tout en haut de la tour Stark, avec vue sur la pointe dorée du Chrysler Building. « J’ai une armée », déclare le premier. « Nous avons un Hulk », rétorque le second, nullement impressionné. Hulk est donc une armée à lui seul, contre qui seule une armée peut espérer rivaliser. C’est d’ailleurs le sens de l’unique effet comique du film que consacre Ang Lee au monstre vert, en 2003 : Bruce Banner et Betty arpentent les pavillons abandonnés, dans le désert, et quand le champ s’élargit, c’est pour découvrir tout un bataillon surveillant le couple à bonne distance, au cas où l’homme se transformerait en bête. La fébrilité des soldats est palpable tant leurs moyens sont dérisoires par rapport à la fureur en sommeil de leur adversaire.
« An army of one » : ce fut le slogan utilisé par l’armée américaine pour son recrutement entre 2001 et 2006. (Christophe Beney, La couleur du génome militaire – Hulk, 1962)
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Ce qui importe, ce n'est pas que le roman soit malade, c'est qu'un roman le devienne. Qu'il soit maladie. Qu'il se fasse catalogue irraisonné de symptômes, afin que l'on établisse l'auto-diagnostic de ce qui est encore à souffrir; léproserie psychique, pour que l'on veuille mutuellement se guérir; bestiaire pestiféré, de sorte qu'on abâtardisse nos gargouilles et nos tarasques, que l'on croise nos difformités; boîte de Petri infestée de bacilles, ferme à virus, réservoir à microbes autant que déversoir souverainement contagieux : la littérature est un ensorcellement, une hantise. Un asile de possédés : nous sommes toujours bien plus que seulement deux quand nous écrivons / lisons. Nous sommes Tous.
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Loin des épopées intergalactiques, Spider-Man reste un héros du quotidien, grand défenseur de la conformité et de l'ordre social, perpétuellement confronté aux misères ordinaires dont le caractère insupportable se trouve renforcé par les périls de sa carrière super-héroïque. (Dick Tomasovic)
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Spider-Man se bat moins qu'il ne se débat. Il est le héros de l'approximation, de la tentative, du geste vain et de la réussite interdite. Il est le héros mû par la culpabilité et condamné à la faute. Il est le héros qui n'apprend rien de la pédagogie par l'erreur. Il est le héros de la contrition, de la complaisance et de l'échec, jusque dans la médiocrité de ses jeux de mots que tous, alliés comme ennemis, redoutent. Il est pourtant le super-héros préféré du grand public et l'un des icônes pop les plus importantes de notre époque, peut-être précisément parce que sa valeur de référence ultime est la ténacité, soit la seule qui condition essentiellement et crucialement notre propre persistance à exister. Que l'on ne s'y trompe toutefois pas : Spider-Man n'est en rien une école de la résignation. Au contraire, il s'agit d'un éducation à l'impuissance.
Il faut être fou pour penser qu'il ne s'agit pas d'une lecture utile. (Dick Tomasovic)
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La transformation de Bruce en Hulk doit donc être envisagée comme une nécessité existentielle : cet homme se métamorphose en créature verte afin de ressembler à ce qu’il voit comme étant son reflet, car, comme Narcisse, il a constaté que cette image dans le miroir était lui-même. Hulk n’est pas le blindage ou l’uniforme d’un soldat : c’est Banner qui est un costume de civil, c’est lui le déguisement. Il s’opère ainsi une inversion dans les rapports optiques naturels entre le sujet et son reflet : ce sont les changements imposés au reflet qui ont un effet sur le sujet et le modifient, et non le contraire. La morphologie du héros change afin de lui permettre, une fois éveillé, de contempler l’image identique à celle dont il rêve, quitte à devenir monstrueux.
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